Haro sur le projet européen du candidat Sarkozy !

par Neos
lundi 5 mars 2007

A deux reprises, le 21 février à Strasbourg puis le 28 février 2007 à Paris, le candidat de l’UMP a présenté sa vision de la politique étrangère française, et avec celle-ci ses positions sur la question européenne.

"J’appelle (...) à la conclusion d’un traité simplifié. La négociation peut être rapide." C’est en substance ce à quoi le ministre français de l’Intérieur appelle, s’il est élu président de la République française, pour "rétablir l’équilibre" entre l’unité de l’Union européenne et son impuissance sur la scène des relations extérieures. En toile de fond, Nicolas Sarkozy rappelle le besoin revendiqué par les institutions européennes de trouver des règles de fonctionnement efficaces à 27 et la nécessité de se doter en particulier d’un mode de décision plus efficient.

Or, les représentants espagnol et luxembourgeois l’ont souligné le 2 mars devant la commission des Affaires constitutionnelles du Parlement européen : "Le texte de référence d’une conférence intergouvernementale ne sera pas le mini-traité Sarkozy, mais la Constitution." Et Mme Merkel le constate chaque jour depuis qu’elle a hérité de la charge de la présidence du Conseil de l’UE : l’urgence et la précipitation ne sont pas bonnes conseillères lorsqu’on désire colmater les brèches causées par le référendum du 29 mai 2005 sur la scène européenne.

C’est probablement ce que ne manqueront pas de rappeler les responsables politiques des Etats membres lors du Conseil européen du mois de juin prochain. Quel que soit le prochain président de la République français, celui-ci devra trouver une solution de compromis, négociée à 27, et non pas "passer en force" en imposant une voie unilatérale, comme semble vouloir le faire actuellement le candidat de la droite française.

Mme Merkel, en tant que présidente en exercice du Conseil européen jusqu’à la fin du mois de juillet 2007, a la responsabilité et le mandat pour trouver une issue à ce problème institutionnel européen. Laissons-lui le temps de trouver ce compromis, s’il y a de la place pour celui-ci. En contact permanent avec toutes les représentations des Etats membres au Conseil, la chancelière allemande nous dévoilera ses premières conclusions les 24 et 25 mars prochains.

Par ailleurs, la perspective répétée du candidat Sarkozy de proposer un traité simplifié au cas où il serait élu président de la République s’expose à un danger politique prévisible. En préférant se soustraire à la parole du peuple français, qui a très clairement affiché son refus du traité le 29 mai 2005, et soumettre un nouveau traité à la ratification du Parlement français sans reconsulter le peuple, il risque fort de creuser l’abîme du déficit démocratique européen et distancer encore un peu plus les citoyens français de l’idée et des affaires européennes.

Pourtant, les intentions semblent bonnes. Dans ses discours, le candidat développe une verve européenne d’exception : "l’Europe est une nécessité vitale", [il la veut] "de toutes mes forces, de toute mon âme, de tout mon cœur et de toute ma raison", ou enfin "être européen c’est préférer l’Europe."

Mais ces phrases éloquentes laissent aussi planer le doute : comment peut-on s’affirmer "Européen" lorsque l’on fait clairement le choix de la préférence intergouvernementale et nationale sur la méthode d’intégration communautaire (...), lorsque les accointances outre-Atlantique du prétendant élyséen sont de notoriété publique (...), lorsqu’il multiplie les références à quelques hommes d’Etat (Jean Monnet et Charles de Gaulle notamment) qui n’ont de point commun que d’avoir vécu à la même époque ?

Le doute est présent et pousse à la suspicion. Comment cautionner le programme européen du candidat, lorsque tout semble porter à croire que, dans l’hypothèse où l’homme serait élu président, la politique française sur l’Union européenne sera(it) fondée, une fois encore, sur une vision française de l’avenir du continent européen ?

L’Union européenne observe les élections françaises avec la plus grande attention. Un divorce français avec la question européenne n’étant pas encore à l’ordre du jour, au futur président de la République française d’en prendre note et de ne pas commettre l’irréparable en imposant un nouveau texte de traité sans en avoir préalablement consulté le peuple souverain.


Lire l'article complet, et les commentaires