Herman van Rompuy affaiblit-il les institutions européennes ?

par Le Taurillon
mercredi 21 avril 2010

Herman von Rompuy s’impose de plus en plus à son poste et réforme le travail quotidien du Conseil Européen avec le but de trouver un équilibre entre les différents États. Mais ces réformes portent en elles le risque d’affaiblir les institutions proprement européennes de l’UE.

Le renforcement du Conseil Européen…

Avec l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, la réunion trimestrielle des chefs d’États et de gouvernement est devenue une institution officielle de l’UE [Article 15 du Traité UE]. Son rôle en tant que donneur d’impulsions de la politique européen a été gravé dans le marbre, et la création d’un président permanent lui a donné une cohérence politique.

La fin de la présidence tournante de ce Conseil – qui reste en place pour le conseil des ministres – signifie en effet, que les programmes politiques sont préparés pour plusieurs années et non plus pour 6 mois. L’UE va donc devenir plus européenne, plus cohérente, et moins influencée par des intérêts nationaux, pourrait-on dire. Ainsi le Conseil va se réunir désormais non plus quatre mais dix fois par ans, et il ne sera plus question de « sommets ». [1]

Le fait que le président du Conseil vienne d’un « petit pays » comme la Belgique et se soit révélé être un homme de compromis en tant que chef de gouvernement, est en soi un avantage puisqu’on peut supposer qu’il va orienter les impulsions du Conseil dans un sens européen, et s’affranchir des intérêts nationaux pour défendre les intérêts de l’UE. C’est lui qui décide de l’ordre du jour et il peut de ce fait contribuer à ce que des questions politiques importantes comme la Politique Étrangère et de Sécurité Commune s’européanise et devienne enfin plus qu’une somme de diplomatie nationales. Mais il est encore trop tôt pour tirer des enseignements de cette action.

… est un danger d’affaiblissement des autres institutions.

Lorsque l’on concentre le pouvoir au sein du Conseil, réunion des chefs d’états et de gouvernements, on met en danger la légitimité des autres institutions, à commencer par la Commission et le Parlement. Ainsi ces dernières sont restées tenues à l’écart des négociations et des décisions sur le sauvetage de la Grèce. Rien que le fait que le Président Barroso ait du se battre pour avoir le droit d’être assis à côté de van Rompuy [2] est certes un signe de faiblesse, mais symbolise le danger de la perte d’influence de la Commission et du Parlement en tant qu’institutions européennes. Ceci ne serait rien de plus qu’un retour en arrière d’un point de vue historique, car cela ramènerait l’UE encore plus à une simple somme de diplomaties nationales.

L’intention d’Herman van Rompuy de politiser l’UE et de freiner les oppositions entre égoïsmes nationaux est sans doute louable. Cependant, ce n’est pas à travers le Conseil, mais à travers la Commission et le Parlement que cela doit être mis en œuvre. Herman van Rompuy est la bonne personne au mauvais endroit. Il ferait mieux utiliser son poste pour affaiblir le Conseil et renforcer les institutions européennes au lieu de renforcer l’intergouvernementalisme.

Stéphane du Boispéan

[1] http://www.eu-info.de/dpa-europatic…

[2] http://www.eu-info.de/dpa-europatic…

Photo d’Herman van Rompuy. Source : http://commons.wikimedia.org/wiki/F…


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