Herman Van Rompuy va-t-il renaître des cendres belges ?

par Luc Mandret
mercredi 7 juillet 2010

Herman Van Rompuy est le premier président du Conseil européen, et pourtant qui connaît Herman Van Rompuy ? Et depuis le 1er décembre 2009 et l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, le Président brille par son absence médiatique et son charisme plat. Celui qui s’est fait insulter lors de son premier discours au Parlement Européen de "serpillère humide" donne l’impression d’être à la botte des puissants Chefs d’États européens. Avec un peu de bonne volonté, Herman Van Rompuy pourrait pourtant bénéficier d’un courant lui permettant de donner (enfin) quelque grandeur à l’Europe, et à sa fonction.


Les trois plus puissants pays européens n’ont actuellement que faire de l’Europe : du pain béni pour Van Rompuy. En Allemagne, tout va mal pour Angela Merkel, et même si le protégé de la Chancelière, Christian Wulff, a remporté la Présidence du pays, la bataille a été un camouflet populaire et il est urgent pour Merkel d’affronter les désastres que subit sa politique interne. En Angleterre, le tableau est moins sombre mais la nouvelle coalition des conservateurs de David Cameron et des libéraux de Nick Clegg doit apprendre à travailler ensemble pour notamment mettre en place le plan de rigueur qui doit permettre de boucher le monstrueux déficit budgétaire du pays. En France, inutile d’insister, de l’élimination de la France en football à l’impopularité catastrophique de Nicolas Sarkozy en passant par les mésaventures à répétition du gouvernement Fillon, le pouvoir politique en place ne pense plus qu’à sa réforme des retraites et à son prochain remaniement pour oublier le grotesque de la nouvelle configuration gouvernementale.

Outre les crises propres aux pays membres, Herman Van Rompuy peut profiter d’une vraie crise des pays assurant la présidence semestrielle tournante de l’Union européenne. L’Espagne vient de laisser la place à la Belgique. Une Espagne incapable de s’intéresser à l’Europe, tellement empêtrée dans une crise économique laissant le Premier Ministre espagnol José Luis Zapatero les bras ballants d’inertie. De l’autre côté, "la Belgique, pays sans tête, prend celle de l’UE" pour une durée de 6 mois qui ne suffiront très certainement pas à résoudre les problèmes de vacance du pouvoir.

Herman Van Rompuy, belge de surcroît, peut donc trouver une fenêtre de tir. Un Président du Conseil européen belge pendant une Présidence de l’Union européenne belge. Il est des moments où l’histoire sait donner rendez-vous à des personnages, il reste à savoir si Herman Van Rompuy réussira à saisir cette rare opportunité pour redonner de l’allant à l’Europe.

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