L’empire des Roms

par ademontherlant
mercredi 22 septembre 2010

La Commission européenne attend des explications de Paris sur la politique française à l’égard des Roms pour établir si les reconductions de Roms vers la Roumanie sont conformes au droit européen. Cette affaire des Roms ne fait que souligner les contradictions dans lesquelles s’enfonce la politique française depuis son intégration au Moloch européen.

En vertu de l’article 21 du traité de Rome, tout citoyen de l’UE a le droit de circuler et de s’établir librement dans n’importe quel État membre. La campagne de publicité « anti-Roms » concoctée par les spin doctors de Sarkozy pour lui procurer une image de « fermeté », dans laquelle la gauche morale a parfaitement joué son rôle d’idiot de service, ne nous intéresse pas. Il y a quelque chose de dérisoire et d’injuste à expulser quelques Roms pendant que des milliers d’immigrés clandestins passent nos frontières chaque jour. Des Roms sont sources de nuisances et auteurs de rapine. Chacun sait cela, à condition d’avoir un peu vécu hors des centres urbains livrés aux seules malhonnêtetés du commerce et aux déprédations du tourisme.
 
Pourtant, vouloir faire reposer l’insécurité sur eux, c’est se payer pas cher la bobine du monde. Pour recouvrer la sûreté, la France à besoin d’une politique publique autrement plus ambitieuse que celle qui consiste à désigner des boucs émissaires commodes, parce qu’ils ont mauvaise réputation et qu’ils ont parfois quelques méfaits à se reprocher. L’expulsion des Roms ne pose pas un problème qui relève de la morale, tant que cela est fait avec l’humanité requise mais bien plutôt une question d’ordre politique : celui de la souveraineté française. La Roumanie est membre de l’UE et de l’OTAN, à ce titre l’Union européenne est bien obligée de prendre position.
 
En vertu des "valeurs" qui l’animent, il est évident qu’elle va devoir prendre position contre la France, reste à savoir si la France va plier ou si Sarkozy va vouloir jouer les forts de foire. Comment la commission européenne pourrait-elle accepter qu’une des locomotive de l’Union foule au pied les règles communes ? Mais une réaction trop sèche de l’UE ne risque-t-elle pas de pousser Sarkozy, à des fins électorales, dans une politique du bras de fer avec l’Union ? Si la commission reste sans réaction, elle entérine son reflux politique.
 
L’aspect le plus important de cette affaire est certainement la mise en lumière, bien involontaire, de la « souveraineté limitée » de la France quant à sa politique migratoire et de sécurité. Cela a-t-il un sens d’expulser les gitans vers un pays membre de l’espace de libre- échange et de libre circulation des personnes qu’est devenue l’Union européenne avec le traité de Schengen ? A quoi bon s’il peuvent revenir quand ils le veulent ? Sarkozy n’est-il pas aux prises avec une insoluble contradiction à vouloir le marché désenclavé sans en vouloir les conséquences logiques ? Une politique de reconduction à la frontière qui s’inscrit dans une politique plus vaste de résorption de l’insécurité est inutile, dérisoire et finalement impossible sans souveraineté nationale.

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