L’Europe à la dérive

par Elliot
vendredi 30 octobre 2015

La crise des migrants fragilise l'Europe, incapable de s'accorder sur une politique commune.

Le truisme est dans le constat car les tendances centrifuges déjà fort actives dans certains pays trouvent avec l'exploitation de peurs irrationnelles une belle opportunité d'encore monter en puissance.

Les intérêts des uns se heurtent à la mesquinerie des autres.

On savait déjà qu'à l'intérieur de cette Europe, des états, comme la Hongrie, se faisaient une gloire de transgresser les règles de l'éthique européenne par une politique de prise en otage de leurs propres concitoyens roms (là-bas on les appelle tziganes) en combinant à leur encontre avanies, agressions violentes et tout un chapelet de lois discriminatoires.

Devant ces situations attentatoires aux Droits de l'homme, pusillanime, l'Union Européenne se contentait de montrer un gros doigt et passait à autre chose.

Le gouvernement hongrois jamais avare de haines à donner en pâture a remis le couvert avec les réfugiés.

Elle qui fut pourtant contenue derrière un rideau de fer et qui déversa de pleins tombereaux de réfugiés sur l'Europe occidentale en 1956 se prend à reconstruire ces murs que la chute du communisme avait fait disparaître. Le régime communiste justifiait le rideau de fer parce qu'il se voyait en citadelle assiégée ; toutes choses restant égales, Orban retrouve donc les vieux réflexes et fait des émules.

On pourra gloser à l'infini sur l'absence de politique étrangère commune de l'U.E. 

Federica Mogherini, probablement la plus talentueuse des commissaires, en charge de ces dossiers n'est en somme que la porte parole impuissante (mais pas inconsistante) de convergences a minima.

A juste titre, un certain nombre d'états ne se sentent en rien concernés par le chaos créé par d'autres au Moyen-Orient : ils estiment donc n'avoir pas à en payer les conséquences et s'abstraient du devoir de solidarité humanitaire.

C'est à première vue logique sauf qu'on peut s'interroger sur la manière dont ils interprètent les traités internationaux auxquels ils se lient (par inadvertance ?) tant ils les accommodent au gré de leurs intérêts, avides de droits et de subventions.

Il faut bien constater que cette Europe a raté son décollage, qu'elle perd d'années en années en popularité dans pratiquement tous les pays qui en font partie et devant ce diagnostic, il y a plusieurs attitudes.
Celle qui a la faveur des médias et des fédéralistes nous serine que la crise est passagère et réclame plus d'Europe bien que les peuples soient plus que réticents à les suivre dans leur fuite en avant.
Une autre position consiste comme l'espèrent certains à Gauche à changer l'Europe, à lui donner des couleurs plus sociales mais c'est au fond une manière de s'associer prudemment à la fuite en avant des premiers.
Enfin un courant nationaliste, hétéroclite, populiste de Droite comme de Gauche qui veut le démantèlement de l'Europe et le retour aux états nations.

Aujourd'hui, minée de l'intérieur, la Construction européenne s'effrite et le danger d'implosion n'est plus une hypothèse farfelue : avec toutes ces murailles (certaines symboliques) qui s'élèvent à l'intérieur de la Communauté, autant de coups de canif, comment Schengen pourrait-il survivre ? Et l'abolition (pudiquement appelée suspension) de Schengen ne sera que le premier maillon de la chaîne à céder.

Ainsi donc ce que la crise grecque – symbolique du pouvoir de nuisance du condominium germanique – n'aura pas réussi à faire, affaiblir l'oligarchie européenne, quelques dizaines de milliers de réfugiés y arrivent involontairement qui ébranlent l'édifice.

Engluée dans ses pesanteurs, obsédée par l'idée de tout normaliser, de robotiser les citoyens, d'aseptiser les comportements, dédaigneuse de traditions séculaires, la technocratie bruxelloise au lieu des moutons espérés récolte le désamour.

Elle s'est voulue un empire sans s'en donner les moyens, l'empire n'est qu'une vaste zone de libre-échange construite sur des sables mouvants au gré des intérêts de l'oligarchie mondialiste, un souk innommable où une prime est donnée aux comportements irresponsables (cf. VW et l'extraordinaire assouplissement des normes de pollution) et un avantage déterminant au moins-disant social.

Gouverner c'est prévoir et le moment est venu de réfléchir à des solutions de repli, tant au niveau de la monnaie unique artificiellement maintenue en vie à Francfort dans l'unité des soins palliatifs de la BCE qu'au niveau de la remise en cause de notre intégration dans un ensemble qui va à la dérive. 


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