L’Europe après le non français

par Didier Vincent
lundi 3 octobre 2005

29 Mai - 29 Septembre, sans être fanatique des bilans souvent hâtifs et prématurés, il est quand même permis de regarder les événements à l’aune de ce que les partisans du non nous avaient promis, ou du moins prédit, en cas de victoire.

Du plan B, alternative salvatrice, qui, en mai, n’était peut-être pas déjà prête, cependant, c’était sûr, ne manquerait pas d’éclore au lendemain du choc que provoquerait le rejet du TCE par la France, pas l’ombre d’une ombre !

D’un coup d’arrêt, ou du moins d’un avertissement sévère pour l’arrêt du processus de mondialisation, pas la moindre trace.

D’une remise en cause, ou a minima, d’un début de renégociation des traités, reniés, après avoir été acceptés par référendum comme celui de Maastricht, dénoncés comme inefficaces, tel celui de Nice, rien, absolument rien.

D’une renégociation quasi immédiate du TCE dans la foulée du non de la France, au mépris de l’avis de nos partenaires, ceci dit en passant, pas même le début d’un commencement.

D’une convergence politique (au niveau national comme au niveau européen) issue d’un rassemblement inévitablement provoqué par le succès du non, débouchant sur une force de propositions concrètes et alternatives, pas même l’ébauche d’une ébauche.

D’une prise de conscience, que ne manquerait pas de susciter, auprès des autres peuples européens, le refus français, pour que la construction européenne change de direction et avance sur un chemin alternatif plus social notamment, rien, vraiment rien.

Au sujet de la réaffirmation de la primauté des choix politiques sur les orientations économiques passées ou présentes, que ne devait pas manquer de prouver un succès du non, pas la moindre perspective.

Le positionnement nouveau d’une Europe enfin affirmée dans sa personnalité vis-à-vis des Etats-Unis, qu’un succès du non devait garantir ? inexistant.

On pourrait comme cela continuer la liste des mensonges, des illusions, des fanfaronnades, qui nous ont été assénés, et dont on voit le triste résultat aujourd’hui.

La réalité, la triste réalité, c’est que le champ est plus libre aujourd’hui qu’hier devant les forces uniquement préoccupées de leurs intérêts marchands. Que, loin d’avoir créé ce rassemblement politique, la victoire du non a entraîné une division profonde au sein de l’UE, et une fragmentation du paysage politique français, qu’il va être bien difficile de recomposer afin de le rendre efficace. La réalité aussi, c’est qu’une alternative crédible, autre que celle des incantations enfiévrées que l’on nous sert à longueur de temps, n’existe pas. La réalité, c’est que l’individualisme régnant dans nos sociétés a gagné l’ensemble des pays de l’UE, et que le nationalisme refait surface, détruisant au passage le peu de solidarité qui existait encore dans le processus de construction de notre Union.

Certains nous disent qu’une une crise ne peut être que bénéfique en créant les conditions d’un nouveau départ, d’une nouvelle approche, que nous ne sommes pas pressés, que l’Europe a toujours connu ce genre de situation, et que, finalement, elle s’en est toujours sortie. Que le Peuple s’est réveillé. Ah, le bel optimisme « des lendemains qui chantent » !


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