L’Europe qui fâche
par jlhuss
lundi 12 mars 2012
Bien sûr il y a souvent un gouffre entre les paroles et les actes ; il est habituel de rappeler cette terrible phrase « les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent ». Cependant les évolutions constatées dans les discours des uns et des autres au cours de cette campagne pour ce qui concerne l’organisation de l’Europe en particulier, ne peuvent qu’être notées.
On connaissait depuis longtemps la détermination sur ces sujets de Jean-Luc Mélenchon, l’obscurantisme rétrograde de Marine Le Pen, le ton parfois véhément de Dupont-Aignan. Voilà maintenant que les deux grosses cylindrées commencent à comprendre que des clivages peut-être plus importants que le classique droite-gauche traversent profondément toutes les catégories sociales. Enfin, cette profonde blessure d’un referendum détourné, celui de 2005, semble prendre de l’importance dans les « beaux esprits »
Hollande et Sarkozy sont à renvoyer dos à dos sur le sujet ; ils ont tous les deux été de très forts et actifs partisans de l’UE telle que nous la vivons. Ils l’ont été en fonction des places qu’ils occupaient au moment des faits, soit en soutenant le détournement par un congrès à Versailles, soit en organisant l’abstention de son camp pour éviter le retour direct devant les électeurs.
Ils se retrouvent à nouveau tous les deux sur la même longueur d’onde. « Il faudra bien que les européens m’écoutent » se rengorge le président du conseil général de Corrèze vexé de ne pas être reçu à Berlin, Rome ou Madrid. Sarkozy à Villepinte franchit à son tour le Rubicon, il réclame une « révision » des accords de Schengen, mais surtout, il menace de « suspendre la participation » de la France si un « gouvernement politique de Schengen » n'était pas mis en place « dans les douze mois ».
Pour lui également, la France demandera que « l'Europe se dote d'un "Buy European Act" sur le modèle du "Buy American Act" pour que les entreprises qui produiront en Europe bénéficient de l'argent public européen » [...] « La France exigera que désormais les PME européennes aient une part des marchés publics qui leur soit réservée », a-t-il ajouté, assurant que, si sur ces deux points, des progrès n'étaient pas réalisés dans les « douze mois », la France « appliquera(it) unilatéralement sa propre charte des PME jusqu'à ce que les négociations aboutissent ». C'est tout simplement le retour à l'évocation à la "chaise vide" qui permit à de Gaulle d'imposer la PAC aux Allemands.
Certes tous ces mots sont quelquefois flous, parfois difficiles à croire et doivent être replacés dans le contexte de campagne, mais ils démontrent quand même la prise en compte thématique de ces questions fondamentales. On a le droit de se satisfaire de peu, mais la vidéo ci-dessous enregistrant un discours occupé pour ses 3/4 par la question européenne ne peut que réjouir du retour de ces questions au premier plan.
Il reste maintenant une grande étape, celle qui concernant toujours l’Europe envisagera la réforme de l’organisation et des missions de la BCE. L’affaire est sans doute beaucoup plus compliquée.
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