L’Europe selon les euro-béats : du sang et une démocratie entre parenthèses

par Laurent Herblay
mercredi 7 mai 2014

Après la pensée magique d’Anne-Laure Delatte, qui soutient encore l’euro, le papier d’Alexandre Delaigue, « L’euro est un formidable succès  », à défaut de faire un bon papier d’humour, révèle ce que pensent de nombreux euro-béats. Une révélation des plus glaçantes, à conserver et diffuser précieusement.

L’euro, c’est le recul de la démocratie
 
Pour lui « ce n’est pas parce qu’elle est peu démocratique que l’Europe est impopulaire ; en réalité, c’est parce qu’il est impopulaire que le processus de construction européenne ne peut pas être démocratique  ». De facto, cela revient à dire que les peuples sont trop bêtes pour comprendre l’intérêt de la construction européenne, et que, par conséquent, on il ne faut pas hésiter à aller contre la démocratie pour avancer ! Une justification effarante et d’une suffisance toute aristocratique de l’autoritarisme, pour ne pas dire d’une forme de dictature. Pire, pour lui, « l’essentiel n’est pas de construire des choses qui fonctionnent, mais de transférer autant de pouvoir que possible en dehors des gouvernements nationaux. La prochaine crise qui résultera de ce mécanisme incomplet sera l’occasion de nouveaux transferts de compétences, parce qu’il n’y aura pas de choix  » ! Et tant pis pour les victimes collatérales  !
 
D’ailleurs, pour lui, « le niveau de souffrance subi par les pays périphériques de la zone euro montrent que les populations nationales, vieillissantes, ne feront jamais le saut dans l’inconnu qu’impliquerait le démantèlement de la construction européenne et de l’euro  ». Un jugement extrêmement hâtif. En effet, les élections grecques de 2012 n’ont pas été loin de donner une majorité hostile aux plans de l’UE. Et la dernière élection italienne a vu les partis critiques à l’égard de l’UE largement devancer les UE-béats. Et comment ne pas voir que le divorce des peuples d’avec l’UE est en marche, comme le mesurent tous les sondages ? Mais c’est peut-être aussi pour cela que les euro-béats envisagent des solutions autoritaires, puisqu’ils comprennent que la démocratie s’opposera à leurs desseins.
 
L’euro et l’UE, c’est la souffrance

Il poursuit : « les crises ne sont pas des défauts du système qui peuvent être corrigés techniquement ; elles sont au contraire consubstantielles au processus de construction européenne, qui ne saurait avancer sans cela  ». Les dizaines de millions de chômeurs et la hausse de la pauvreté seraient donc nécessaires à cette construction masochiste et inhumaine. Ce faisant, il nous révèle la réalité de ce qu’est l’Union Européenne, un monstre qui dévore ses enfants pour pouvoir grandir, et qui ne semble même pas chagriné par cela. Tout cela montre que certains partisans de l’UE ont construit une véritable pensée malade, malsaine, aux relents totalitaires et morbides. Car en arriver jusqu’à théoriser et justifier les souffrances de dizaines de millions de personnes pour construire l’UE confine à la folie ou au sadisme.

Delaigue trouve un moyen d’incriminer les nations : « vous pouvez trouver ce processus non démocratique, mais il faut constater que les créations de nations se sont toujours faites dans la douleur  ». Pour lui « la réaction en chaine de Monnet est probablement préférable à la conquête violente ou aux constructions de frontières qui ont le drame du 20ème siècle (…) l’Europe se construit dans la douleur et les crises, mais on ne construit pas de nation sans douleur  ». D’abord, il est délirant de vouloir créer cette pseudo nation européenne, hors sol, fantasme d’intellectuels dans leur bulle. Ensuite, il tombe dans une contradiction : il dénonce la violence des nations pour justifier la construction européenne, tout en ayant recours à une forme de violence pour créer une nouvelle nation. Mais pourquoi vouloir créer une nouvelle nation, si cela doit se faire dans la douleur et si toutes les nations poussent à la violence ?
 
Merci Alexandre Delaigue pour cette tribune qui revient à écrire ce que certains pensent mais n’osent pas dire publiquement. Ce faisant, cela révèle le fond malade du projet européen qui a menée à l’UE, une pensée violente et anti-démocratique, contre laquelle il faut absolument se battre.

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