L’Europe, un goût extrême

par Voris : compte fermé
jeudi 18 janvier 2007

L’Europe vient de s’élargir à la Roumanie et à la Bulgarie. Une conséquence inattendue est l’arrivée de six élus roumains (Romania Mare) et bulgares (Ataka) qui permet aujourd’hui à l’extrême droite d’avoir son groupe au Parlement européen (« Identité, tradition, souveraineté ») et donc des moyens administratifs et financiers. Le groupe, qui comptera vingt députés dont sept élus du Front national, sera présidé par le Français Bruno Gollnisch. A côté de l’extrême droite, un groupe souverainiste se renforce aussi, « Indépendance et démocratie », qui comprend vingt-trois élus, dont trois eurodéputés fidèles de de Villiers. Le Parlement européen revêt désormais une configuration plus nationaliste.

La montée des extrêmes en Europe n’est pas toute récente. Le mouvement a commencé de façon significative dans les années 1980. Depuis la progression est constante et s’est révélée à travers trois évènements : l’entrée de l’extrême droite (le parti du FPÖ) au gouvernement autrichien le 3 février 2000, la victoire de Silvio Berlusconi, allié à l’extrême droite, aux législatives en Italie le 13 mai 2001, l’arrivée au second tour des présidentielles de Jean-Marie Le Pen le 21 avril 2002.

L’entrée de l’extrême droite autrichienne dans le gouvernement du chancelier Wolfgang Schüssel avait suscité une forte émotion en Europe. Mais, depuis, le phénomène extrême se banalisant et l’échec de la constitution ayant quelque peu délié les Etats-membres, l’émotion n’est plus aussi forte. Les gouvernements européens n’ont pas appliqué à la Pologne et à la Slovaquie le boycottage diplomatique qu’ils ont imposé à l’Autriche il y a six ans. Seul le Parlement européen a vraiment réagi. Quant à l’annonce de l’entrée des Bulgares dans l’Union européenne, elle s’est accompagnée d’une campagne présidentielle opposant un pro-européen à un raciste déclarant sa haine des Turcs, des Tziganes et des juifs.

Par chance, les différents partis n’arrivent pas à se mettre d’accord pour une alliance européenne. Ainsi en 2002, Jörg Haider avait tenté de fédérer l’extrême droite pour les élections européennes de 2004, mais avait refusé de s’allier avec Le Pen. Il avait, en revanche, évoqué les partis danois, néerlandais et italiens. M. Le Pen avait, de son côté, lancé qu’il souhaitait créer « Euronats », qui regrouperait les partis d’extrême droite en Europe, mais la Ligue du Nord (Italie) avait refusé tout accord avec les partis autrichien et français. D’autres tentatives ont échoué. On le voit, l’Europe n’est pas encore menacée dans la mesure où les extrêmes droites européennes, très attachées au cadre national, ne parviennent pas à trouver une entente transeuropéenne. Mais pour combien de temps encore ?

Un an et demi après le non des Français au projet de Constitution, l’Europe semble en voie de désintégration. Les pannes se multiplient : l’agenda de Lisbonne, le budget, la directive sur les services, et peut-être échec de la zone euro ? A cela viennent s’ajouter des débats éthiques houleux. Celui qui fait l’actualité du moment est le projet de législation européenne destiné à pénaliser les propos niant l’Holocauste, ou incitant à la haine raciale, projet qui sera présenté par la présidence allemande de l’Union européenne avant juin. La France, à travers ses candidats à la présidentielle, veut encore croire au défi européen. Ségolène Royal s’est prononcée, mercredi 17 janvier, pour un nouveau référendum en France en 2009 sur un traité qui permette aux institutions européennes de fonctionner. Mais le candidat le plus fidèle à l’esprit européen est François Bayrou. Son message pour les élections européennes de 2004 reste d’actualité : L’Europe est en danger : L’Europe, c’est la construction unique de peuples et de citoyens qui se sont unis, et pas seulement d’Etats qui se sont alliés. Aujourd’hui, l’Europe se trouve confrontée à un défi central : faire face aux géants qui se lèvent à la surface de la planète. Donner un projet à l’Europe nous permettra de reconquérir notre souveraineté.

En France, le nationalisme a encore le vent en poupe et les électeurs s’apprêtent peut-être à porter une nouvelle fois Jean-Marie Le Pen au second tour des présidentielles. Alors, si avec les lettres du nom « France » on peut composer un mot et un sigle -voyez lesquels !- , on peut aussi composer un message d’espoir :

A la
FRANCE du
FN et de la
..RACE,
à la FRANCE RANCE,

Préférons la FRANCE qui veut dire :

FRAternité et
........Naissance d’une
..........Citoyenneté
.............Européenne


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