L’Europe va-t-elle au désastre ?

par Bernard Dugué
lundi 21 septembre 2015

Il est très délicat de proposer une vision de l’avenir car toute anticipation est biaisée par une détermination spécifique liée à l’auteur qui peut penser depuis un bureau parisien à la Sorbonne en étudiant les statistiques et les livres de ses confrères, ou bien depuis un cercle de réflexion intellectuelle en écoutant ses collègues, ou encore depuis sa campagne en conversant avec les gens du coin et les réseaux de connaissances ou enfin depuis un ordinateur en parcourant les sites d’information. Tout penseur biaise sa vision en sélectionnant les informations qui s’insèrent dans une convergence sémantique et herméneutique mais aussi par un manque de connaissance de ce qui se passe dans le monde d’une part et ce qui se passe dans les âmes d’autre part ; ce dernier point étant essentiel à toute vision de l’avenir. Tout vision proposée par un auteur ne doit pas être prise au sérieux, tout au plus comme quelques éléments tangibles de prospectives, avec des prévisions sur l’impact des techniques dans le domaine de la vie sociale. Sur ce point, quelques auteurs se sont révélés très pertinents, que ce soit Ellul ou Toffler. A l’inverse, les réflexions d’un Rifkin ou d’un Attali sont d’un ridicule ! En matière d’avenir, seuls les visionnaires sont compétents. Lorsqu’on n’est pas visionnaire mais doué d’un esprit de synthèse, on peut faire historien.

Si l’on ne peut prévoir l’avenir des société avec des tableau clairs et précis, il est néanmoins possible d’anticiper certains désastres et d’ailleurs, on peut voir, expliquer et comprendre les désastres d’autant plus facilement qu’ils se sont déroulés les années ou les décennies précédentes. La prévision la plus certaine concerne les événements du passé ! Ce qui n’a pas empêché les âmes visionnaires de pressentir des catastrophes. Quelques Allemands ou Français doué d’aptitudes visionnaires ont compris que Hitler allait entraîner l’Allemagne au désastre dès l’arrivée au pouvoir des nazis en 1933. D’autres n’avaient toujours pas compris même en 1944. Ensuite, les événements n’ont laissé aucun doute quant à la désastreuse aventure menée par Hitler.

En 2012, personne ne pouvait prévoir le devenir calamiteux de la France conduite par François Hollande, ni l’aventure désastreuse consécutive à la politique menée en Syrie et à l’égard de la Russie de Poutine. Hollande a des responsabilités partagées avec les autres dirigeants européens. Autant être franc avec vous. Ceux qui mettent la faute de nos maux sur l’Europe, la cinquième République ou l’euro sont tout simplement manipulés. Ce ne sont pas les institutions qui sont en cause mais les hommes au pouvoir, sans oublier les médias de masse et leur influence sur les peuples qui deviennent ignorants et de ce fait, sont condamnés à suivre les instructions d’en-haut tels des robots programmés. L’aventure européenne a sans doute été sabotée par un ensemble d’élites sans qu’aucune instance n’organise ce marasme. Chacun de son côté a contribué à façonner le terrain pour qu’on aille vers une catastrophe avec les acteurs irresponsables et les profiteurs indifférents. L’Europe ne résistera pas si elle ne prend pas des dispositions drastiques à l’égard des migrants. La propagande fausse les données. Il est certain que 30 000 migrants ne vont pas désintégrer la France. Mais le problème, c’est que le nombre de migrants parvenus en Europe en 2015 dépasse le millions et que dans dix ans, si rien n’est fait, il faudra faire avec 10, 20, voire 50 millions de migrants venus d’Orient et d’Afrique.

L’Europe est face aux migrants, minée par une politique étrangère calamiteuse, affectée par le chômage et les dettes, la corruption et l’incapacité des médias à donner du sens. Le cas de la Grèce est emblématique de cette vision erronée des choses. La Grèce n’est pas victime de l’Europe mais de l’incurie de ses dirigeants, y compris Syriza, ainsi que de la corruption. La Grèce a vécu au-dessus de ses moyens et se targue de démocratie pour faire chanter l’Europe. Et ça marche, de Mélenchon à Le Pen, nos politiciens de cirque roucoulent la chansonnette du peuple rebelle et de la souveraine démocratie contre la méchante Europe qui fouette les peuples martyrisés. Les citoyens européens ne sont pas initiés à l’économie et peuvent se faire manipuler aisément par tous les jours démoniaques de la scène politique et intellectuelle.

C’est donc le point d’interrogation. L’Europe va-t-elle au désastre comme l’Allemagne des années 1930 et le monde occidental avec ? Notez que l’essentiel est de poser la question et de comprendre pourquoi cette question est légitime en 2015 sachant qu’en 1990 elle ne se posait pas et encore moins en 1970. Reconnaissez que c’est tout de même paradoxal que cette question prenne une place éminente alors que le progrès économique et technique aurait dû nous propulser dans un monde plus optimiste. On devrait en chercher les raisons. Qui sont non pas dans les institutions et les notions générales mais dans les âmes humaines. Pendant les années 70 nous avons vécu avec le spectre d’un anéantissement nucléaire. En 2015, un autre spectre nous hante mais lequel ? La vue des migrants devrait nous faire prendre conscience de deux choses. D’abord l’échec de la politique d’ingérence visant à changer les autres sociétés, une ingérence qui se place dans le prolongement de l’interventionnisme hitlérien, même s’il n’a pas la même idéologie. Ensuite le principal problème de l’humanité qui n’est pas le climat mais la démographie. Enfin, autre enjeu déterminant, ce que nous avons fait de la jeunesse et son instruction. Les vraies valeurs, le sens existentiel, la maîtrise des désirs, l’ouverture spirituelle, la compréhension du monde…

Bon, ces points méritent chacun un long chapitre ou un petit livre. A retenir, l’éventualité d’une Europe effondrée en 2025 ou 2035, mais pas écroulée. Disons une Europe où il ne fera pas bon vivre et où le chaos règnera. L’Europe voulait transmettre la démocratie dans le monde ; elle finira pas importer le chaos qui règne dans les pays corrompus d’Afrique et d’Orient. Mais rien n’est joué d’avance. Tout dépend des prises de conscience. J’espère que ce modeste billet vous incitera à réfléchir. C’est sa raison d’être. Réfléchir et prendre conscience.


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