L’idée d’un moratoire des dettes fait son chemin en Europe
par Mark Hitti
vendredi 10 décembre 2010
Alors que l’Irlande et la Grèce ont été secourus pour un montant de 200 milliards d’euros, il semble difficile pour les Etats européens, dont les fondamentaux économiques sont encore solides, de continuer à injecter des liquidités sous peine d’affaiblir leurs capacité d’action budgétaire et d’entraîner les marchés dans une nouvelle vague spéculative.
Quelques mois en arrière, Il était impensable de croire qu’un pays de l’Union Economique et Monétaire (UEM) puisse faire faillite. L’euro se serait déprécié après une perte de crédibilité des investisseurs. L’UEM a donc mis en place un Fond Européen de Stabilité Financière (FESF) de 750 milliards d’euros pour faire face aux échéances de pays européens. Il aura suffit de quelques mois pour engloutir 200 milliards d’euros pour sauver les économies grecques et irlandaises. Les rumeurs vont bon train sur les prochaines cibles que sont le Portugal et l’Espagne.
Il est évident que le marché financier a compris que quelque soit son comportement, et donc les gains qu’il tirerait d’une prime de risque plus élevée sur les obligations de ces Etats, l’UEM était toujours prête à injecter des liquidités pour soutenir ses Etats membres. La logique keynésienne prévaut car l’afflux d’euros dans les économies est considéré comme un moyen de préparer la croissance future.
Néanmoins, des pays européens, l’Allemagne en tête, soulèvent des questions quant à la véritable efficacité d’une telle politique sur le plus long terme. L’argent injecté depuis plusieurs mois par la Banque Centrale Européenne pour racheter des actifs pourris (dont la valeur s’est dépréciée) ne s’est pas transformé en création de richesses puisque la croissance réelle européenne reste faible, d’une part parce que les banques consolident leurs bilans avec cet argent et d’autre part, parce qu’il n’existe pas encore de secteur nouveau qui puisse servir de moteur.
Par conséquent, un des risques craint est une inflation plus forte qui pourrait encore peser sur la consommation et le niveau de vie des ménages européens. Les euros de la BCE ont servi directement à alimenter la spéculation sur les matières premières poussant les cours vers des sommets records. Depuis plusieurs mois, Axel Weber, président de la DeutscheBank, était très critique de cette politique interventionniste menée par Jean-Claude Trichet.
Ce désaccord prend une tournure politique avec Angela Merkel qui a parlé d’une "mise en faillite ordonnée" de certains Etats européens. Chaque pays recevrait donc un plan à suivre propre pour d’une part, garder la confiance des créanciers et d’autre part, avoir une politique de long terme de relance économique et industrielle. Cette idée fait son chemin au sein de la diplomatie européenne puisque les ministres de finance européens se quittent sans s’accorder sur un rallongement de crédit pour le FESF. Le Fonds Monétaire International était le principal partisan de cette option.