L’indéfendable ouverture du marché du travail européen aux roumains et bulgares

par Laurent Herblay
samedi 4 janvier 2014

Jeudi soir, j’étais invité sur France 24 pour débattre de l’ouverture à la Roumanie et à la Bulgarie du marché du travail de l’Union Européenne. L’occasion de constater à quel point les défenseurs de cette ouverture manquent cruellement d’arguments pour la justifier auprès des citoyens.

Une ouverture indéfendable ?
 
C’est l’impression avec laquelle je suis sorti de ce débat avec mes contradicteurs. Aucun des arguments qu’ils ont pu avancer ne m’a semblé bien tenir la route. Yves Pascouau, du Centre Politique Européen a avancé la démographie pour justifier l’ouverture des frontières, comme la commissaire européenne en 2012. Mais cet argument ne tient pas une seconde. S’il peut être envisagé pour un pays comme l’Allemagne, où la population recule et où le taux de chômage officiel est relativement faible, il est absurde pour la France, où la population augmente et où le taux de chômage est au plus haut.

Ce faisant, cela démontre également qu’il est absurde d’avoir une politique européenne unique pour les questions migratoires étant donnée la très grande diversité des pays européens. Chaque pays doit avoir une politique spécifique, et par conséquent, des frontières nationales pour le permettre… Ensuite, mes contradicteurs ont affirmé que l’afflux de travailleurs roumains et bulgares serait limité, mais The Economist, qui soutient cette ouverture, a rappellé que les quelques dizaines de milliers de polonais qui étaient attendus ont finalement été un demi-million à venir en Grande-Bretagne.

D’ailleurs, l’explosion du nombre de travailleurs détachés ou de la délinquance de ressortissants d’Europe de l’Est (une récente étude affirme que près de 10% des vols en France sont le fait de personnes d’origine roumaine ou des Balkans) contredisent ce discours angélique. Bien sûr, une majorité des immigrés est sans doute animée des meilleures intentions, mais le contexte actuel rend difficile leur intégration au marché du travail. Et cette ouverture anarchique profite également aux délinquants et au tourisme social. Enfin, s’il y a un manque de travailleurs dans certaines professions, la solution la plus logique, avec cinq millions de chômeurs, est quand même d’améliorer l’orientation et la formation.
 
Toujours plus d’harmonisation par le bas

Mes contradicteurs ont évoqué ensuite l’apport de l’immigration à l’économie. Malheureusement pour eux, l’OCDE, pourtant favorable à la libre-circulation des personnes, a reconnu dans une récente étude que l’immigration avait un coût, certes largement inférieur aux affabulations du Front National, et donc qu’elle ne rapportait pas d’argent à la France. Ensuite, ils ont évoqué l’intérêt qu’il y aurait à laisser les travailleurs circuler librement étant donné la diversité des taux de chômage dans l’Union Européenne, ceci permettant aux travailleurs des pays du Sud d’aller en Allemagne par exemple.

Mais cette affirmation pose de graves problèmes. D’abord, c’est l’UE qui a plongé ces pays dans la crise. Ensuite, il est tout de même horrible d’imposer aux populations l’exil de leur pays pour trouver un travail, un signe de régression sociale majeure. Enfin, tout ceci affaiblit les pays d’où la population part, comme le montre le cas extrême de Détroit à l’échelle d’une ville. Enfin, comment ne pas voir que cela risque de pousser à une course au moins-disant et à une harmonisation qui sera défavorable aux pays les plus riches, avec un salaire minimum dix fois plus bas à Bucarest et Sofia qu’à Paris…
 
En pleine insécurité économique et culturelle, et difficulté dans l’assimilation des populations étrangères déjà présentes, il faut faire une pause dans les flux migratoires, tout en tenant un discours intégrateur mais aussi inflexible sur les valeurs de la République. Encore une fois, l’UE, mais aussi le PS et l’UMP ont tout faux.
 

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