L’indispensable alliance des Souverainistes et des Fédéralistes dans un même combat pour l’UE
par hugo BOTOPO
samedi 10 mars 2018
L'UE fonctionne mal et ne donne pas satisfaction aux citoyens européens : les vagues d'optimisme des fondateurs de l'Europe des Six et des rédacteurs de la Constitution sévissant actuellement dans l'UE, laissent place à un pessimiste dont les causes apparentes sont évidentes et partagées par tous. Les remèdes préconisés vont du moins d'Europe pour les Souverainistes au plus d'Europe pour les Fédéralistes. Une analyse au coeur des problèmes de fond montre que les solutions apparentes des deux familles peuvent laisser place à des solutions fondamentales communes.
Les pères Fondateurs de l'Europe à reconstruire sur le champ de ruines de la seconde guerre mondiale ont voulu une Europe pacifique entre les deux Grands, une Union démocratique au service des Européens, se renforçant par l'apport mutuel des différentes nations, des peuples et des citoyens. Pour cela, différentes institutions européennes furent crées, d'abord par les six pays fondateurs (RFA, France, Italie, Pays-bas, Belgique et Luxembourg) avec la CECA (charbon et acier), l'Euratom, l'ESA,(spatial), la CED (défense commue) (proposée par la France, admise par ses partenaires puis enterrée par la France !), la CEE ou le Marché Commun (à six, puis progressivement élargi au fil du temps, à 9 ( Irlande, Dannemark et irruption du Royaume-Uni (73)), avec en particulier sa PAC et les Feder, et enfin l'Union Européenne (traité de Maastricht(93), avec au final sa Constitution repoussée par referendum (2005) puis "ratifiée" à "Lisbonne" par les Parlements nationaux.
Les caractéristiques de l'UE proposées, approuvées par tous les 28 États membres
L'Union Européenne regroupe 28 états dans une structure commune pilotant une zone de libre-échange à économie de marché : sa principale contrainte caractéristique est la libre concurrence "non faussée", d'abord entre les entreprises des pays membres, puis avec le reste du monde. Pour les échanges intra-communautaires les droits de douanes sont supprimés et pour les importations en provenance des pays hors UE, des accords particuliers ou globaux (OMC ou entre zones) se proposent de réduire et si possible supprimer les tarifications douanières ainsi que les normes spécifiques de protection. L'UE se veut le promoteur infatigable et "idiot" de la mondialisation du commerce, même avec des échanges déséquilibrés ! Que ces accords profitables pour les entrepreneurs, les commerciaux et les financiers soient une évidence, les retombées sur les licenciements et le chômage de masse ne sont pas une préoccupation de la Constitution Européenne et des accords commerciaux. En complément la Constitution espère et souhaite au sein de l'UE un lissage (harmonisation) progressif des impôts, taxes et charges sociales salariales pesant sur les prix de revient : pour cela l'UE verse des subventions aux pays aux économies moins développées pour améliorer leurs structures et combler leurs retards. Enfin les pays (19) (Eurogroupe) ayant adopté l'euro comme monnaie unique se dotent d'une banque centrale (BCE) indépendante des États pour faciliter (et contrôler suite aux crises financières) les banques de l'Eurozone ; cette BCE ne pouvant prêter directement aux États membres, ceux-ci doivent alors se financer sur les marchés financiers ! L'UE se veut un élément moteur bien intégré dans le système capitaliste néolibéral vouant un culte du profit pour valoriser les capitaux, un culte de la libre concurrence dans les secteurs privés et publics (à privatiser sans retenue).
L'UE ne se limite pas à une simple zone de libre-échange, comme l'a toujours souhaité le RU : la libre circulation des citoyens européens dans tous les pays de l'Union est la caractéristique fondatrice approuvée par tous les citoyens de l'Union européenne ! Ce droit est cependant mal accepté par le RU au point d'en faire un épouvantail en faveur du Brexit. Le RU se pose en champion du souverainisme. Cette libre circulation dépasse les voyages touristiques pour permettre la libre circulation et installation des travailleurs dans tous les pays membres. Quelques politiques communes ont été mises en place, telle la PAC (Politique Agricole Commune) donnant satisfaction dans l'Europe des six (hors ajustements lors des dévaluations par certains États, surtout la France), mais inapplicable lors de l'élargissement aux pays de l'Est, et soumise à des triturations et marchandages politiques.
Les causes principales des dysfonctionnements
Les causes apparentes et visibles
- Par définition la libre concurrence est naturellement faussée, vu que les acteurs recherchent toujours des avantages concurrentiels par différents moyens. Si les ententes inter-entreprises sont interdites et font parfois l'objet d'amendes, par contre la recherche d'une taille importante par rachat ou union d'entreprises condamnée par l'UE reste autorisée hors de l'UE et fait le jeu de la concurrence internationale. De même les avantages octroyés par des gouvernements et/ou régions pour attirer les entreprises sont courants. Les entreprises situées dans les pays à très faible coût de main-d'oeuvre et/ou à des taux très faibles d'imposition et de charges sociales, faussent la concurence au point d'obliger certaines entreprises viables et de qualité à licencier son personnel et parfois à mettre la clé sous la porte ! Les comportements des gouvernements de l'Irlande et du Luxembourg comme paradis fiscal à taux d'imposition sur les bénéfices voisins de zéro, sont scandaleux et destructeurs de la Construction de l'UE !
- Au lieu d'inciter au lissage des coûts salariaux, la directive "Bolkestein" (approuvée en douce par tous les États membres puis décriée par certains hypocrites et/ou incompétents) précisait des conditions applicables aux travailleurs déplacés dans un autre état membre : auparavant un étranger travaillant dans un pays était soumis la réglementation du pays d'accueil, depuis il peut offrir son travail aux conditions de son pays d'origine avec un salaire et des charges sociales de l'ordre du quart à la moitié des conditions minimum du pays d'accueil ! Avant Bolkestein ces conditions ne concernaient que les travailleurs "au noir". Depuis, même les règles des conditions de travail (horaires excessifs supérieurs à 48 heures par semaine, temps de conduite trop longs pour une bonne sécurité,...) étaient celles du pays d'origine. Par exemple, les industries agro-alimentaires d'Allemagne ont ainsi profité de la main-d'oeuvre à très bas coût de Roumanie, Bulgarie et autres (environ 400 €/mois avec des horaires réels plus près des 48 h/s que des 35 h/s !) et ont fait fermer des abattoirs et entreprises françaises. Sous l'amicale pression de ses partenaires, l'Allemagne va devoir appliquer, avec un décalage négocié, le salaire minimum qu'elle a enfin instauré. Dans toute l'UE l'application des règles de sécurité aux transports routiers (temps de conduite limité avec des temps de repos), principalement de Bulgarie et des pays de l'Est, reste des plus permissives selon les États : le suivi continu des conducteurs dans des trajets intra-européens n'est pas respecté ni mis en oeuvre.
- Les collectivités territoriales (et les nations) ne peuvent attribuer en priorité des contrats de fournitures et/ou de travaux à des entreprises locales (ou nationales) qui paient leurs impôts aux collectivtés et donnent du travail à leurs citoyens qui en retour paient taxes, impôts et charges sociales : les appels d'offre "européens" sont obligatoires au delà d'un certain montant de contrat : les fournisseurs des pays à bas coût de main-d'oeuvre sont alors les moins-disants et sont souvent préférés aux fournisseurs français : il ne reste plus aux différentes collectiviés territoriales et nationales qu'à prendre en charge les chômeurs français car il n'y a pas de concurrence européenne pour la prise en charge des chômeurs !
- Les normes et réglements issus des eurocrates sont kafkaïens : cela va de la longueur et la courbure des concombres, aux tentatives de suppressions des spécifications locales des produits pour "favoriser la cncurrence" comme par exemple autoriser la production de la "féta" (spécialité originelle grecque au lait de brebis) dans tous les pays de l'UE et même laisser sur le marché des copies "au lait de vache" fort ressemblantes. Cependant, en vive réaction, la pression des éleveurs et agriculteurs de pays ont permis de labelliser quelques productions : en cas de contre-façon les producteurs laisés font alors des procès car la Commission de la Concurrence de Bruxelles ne s'occupe que de gros dossiers. Par contre, pour autoriser l'utilisation de produits (pesticides et autres adjuvants) nuisibles pour la santé à court terme ou à long terme pour les faibles doses, les Autorités européennes se laissent enfumer par les lobbies des industriels, de ceux du système capitaliste néo-libéral cher à leur coeur. De même dans le domaine des médicaments et des produits de santé, les intérêts industriels passent souvent devant la santé des citoyens. Les décisions de l'exécutif bruxellois (appuyé par des comités où les experts ont des liens d'intérêts avec les industriels) font souvent fi des votes du Parlement Européen, parlement élu par les citoyens donc non représentatifs du sytème régissant l'UE.
- Les négociations internationales des traités économiques et financiers, comme pour le CETA (avec le Canada) et pour le TAFTA (avec les USA), sont secrètes et doivent quasiment être approuvées implicitement par les États de l'Union avant leur divulgation publique : les citoyens et leurs représentants n'ont pas à y mettre leur nez ! Avec le CETA on aura droit à la viande aux hormones car les bêtes ne seront pas contrôlées au Canada avant leur abattage par des vétérinaires européens agréés ! L'utiisation d'hormones dans les élevages étant légal au Canada et aux USA, les éleveurs de ces pays pouront envoyer leurs bêtes ou leurs viandes via le Canada !!
- Si la libre circulation des Européens, selon Schengen, est une liberté appréciée pour le tourisme et le travail, par contre la libre circulation des personnes sans emplois pour aller se faire soigner gratuitement dans un autre état ou pour bénéficier d'allocations publiques plus avantageuses passe très mal : si le bénéficiaire de soins est bien assuré dans son pays d'origine alors des facturations entre les caisses des deux pays est théoriquement possible, mais en absence de couverture sociale médicale le remboursement est très aléatoire. Ce cas est aussi typique pour les immigrés et réfugiés (clandestins ou non) en provenance de pays hors UE. Le fait que l'UE impose à chaque pays de prendre en charge le contrôle de ses frontières extérieures à l'UE, (pour protéger l'UE), car le dispositif "Frontex" commun à L'UE devrait disposer de moyens autonomes au moins 10 fois supérieurs aux maigres moyens actuels. La prise en charge des réfugiés-immigrés par le premier pays d'arrivée et d'enregistrement selon l'accord de Dublin, sans la moindre péréquation européenne au niveau des coûts de l'accueil et pour la répartition entre les États est une aberration.
Les causes implicites et invisibles
Parmi les causes de dysfonctionnement ou d'insatisfaction de l'UE, certaines ne sont pas mises au jour malgré leur importance.
- La grande pathologie de l'UE est implicite à sa Constitution : l'UE est avant tout un grand marché non seulement entre les États membres mais aussi avec les pays étrangers, grand marché ouvert à une libre concurrence hypocritement admise "non faussée", et de plus, les lois et réglementations (ou leur absence) sont celles des marchés financiers, de la recherche prioritaire des profits, de la minoration de la puissance publique (sauf pour payer les dégats des crises), donc d'un système capitaliste néolibéral mondialisé sans entraves. Les résultats sont plus que favorables pour les grandes multinationales, pour les financiers des fonds de pension américains, pour les 1% les plus riches, et corrélativement défavorables pour les petits salaires et revenus, pour les jeunes sans emplois, pour les chômeurs, pour les diverses victimes de la pression des marchés, de la mondialisation, dans la marche inexorable vers la baisse des coûts, vers la hausse constante de la productivité. Si le souhait ou la recommandation initiale exprimé dans la Constitution de lisser progressivement les différences entre les États concernant les impositions, les charges sociales salariales, les diverses taxes affectant les produits et services, et les conditions de travail (durée, sécurité...) étaient les conditions nécessaires pour approfondir l'intégration des économies des membres de l'UE, la faiblesse de la mise en oeuvre de ces souhaits dans l'UE, ajoutée au fait qu'une telle harmonisation, impérative pour la mise en place d'une concurrence réellement non faussée, ne peut être imposée aux pays étrangers auxquels l'UE ouvre grand ses frontières souvent sans une bonne contre-partie. La grande majorité des peuples de l'UE s'estime victime de son dysfonctionnement.
- Un autre ressentiment vécu par les populations est l'absence de sens, de projets directeurs, d'objectifs humanistes et de valeurs intrinsèques de la construction européenne. Difficile d'être solidaire dans les souffrances et dans les joies lorsque règne un esprit de concurrence, de chacun pour soi, d'individualisme porté aux nues par les médias et les intervenants politiques, économiques et financiers. Sur la scène internationale, les actions et interventions sont portées soit par l'OTAN (USA inclus, le décideur majoritaire) soit par les dirigeants de chaque pays (France, Allemagne, RU...) sans parler d'une même voix. Les impératives bonnes relations avec la Russie, grand pays européen, ont été détruites en partie du fait de la ou des politiques américaines qui ne peuvent admettre la constitution de la véritable grande Europe, comme celle promue par De Gaulle, et qui serait un contre-poids à l'empire chinois. Une vraie politique d'alliance et d'intégration progressive de la Grande Russie, n'aurait pas conduit à pousser l'Ukraine à rompre ses liens immémoriaux avec l'empire des tsars, et à l'annexion préventive et corrélative de la Crimée par la Russie, ni aux tendances séparatives du Dombass provoquées (en partie) par la décision du Parlement ukrainien de ne plus admettre le russe comme langue officielle dans cette région où elle était majoritairement utilisée !
- Devant les conséquences du réchauffement climatique (violentes inondations, sécheresses intenses (+ famines), ouragans plus intenses et dévastateurs, élévation du niveau des océans, élévation des températures (avec modification de la végétation)), les mesures et les politiques proposées par les Autorités Bruxelloises de l'UE ne sont pas à la hauteur des enjeux : elles répondent -a minima- surtout aux attentes des pollueurs industriels, des chimistes des pesticides, des drogués des profits, des affairistes du système néolibéral, système dont l'UE se veut le chantre actif ! Les véritables mesures efficaces restent invisibles !
- L'UE n'a pas pris conscience de la croissance démographique continue de tous les pays de l'Afrique : d'environ 150 millions en 1900 la population a crû à 1 milliard en 1 siècle et les projections sont de 2 milliards vers 2040. On ne peut considérer cette forte croissance de la population comme une augmentation considérable du potentiel de croissance économique : si les besoins de la population sont et seront considérables, les marchés solvables resteront faméliques comme la grande partie de la population. L'Afrique a une croissance de sa population "active" (en âge et capacité de travailler) de 40 millions chaque année (1 milliard en 25 ans) : les ultra-riches financiers dont la fortune croissante est supposée "ruisseler" dans les investissements, n'ont ni envie, ni les moyens de créer 40 millions de vrais emplois en Afrique chaque année ! Alors les famines, les conflits internes et les émigrations de survie principalement vers l'UE, vont se développer massivement. Quels sont les plans des responsables de l'UE, quelles sont leurs actions pour rétablir une solution économique acceptable en Afrique ? Et ce pour éviter à terme l'invasion de l'UE pour essentiellement des raisons de survie, sous une forme pacifique si ce n'est terroriste !
- L'UE, et la grande masse des économistes (incapables de faire des prévisions à 1 ou 2 ans de la croissance, des cours du pétrole, des matières premières et des devises...), ignorent totalement les conséquences de la démographie au sein des États. Et pourtant cette discipline permet des projections pertinentes (sur 2 décennies et plus) des évolutions des populations, de leurs besoins en éducation, en santé, en logements, en emplois, en formation professionnelle et en allocations de retraite ! Les démographies différentiées selon le taux de renouvellement de la population sont sources de "concurrence faussée" non seulement pour l'avenir (assurer le financement des retraites) mais encore pour l'immédiat. L'opinion fortement majoritaire selon laquelle un déficit des naissances sur les décès est préjudiciable (et un excédent des naissances est favorable) est fausse : l'Allemagne est le contre-exemple qui le prouve depuis des décennies ! Cette erreur manifeste est lourde de conséquences car les performances économiques, budgétaires et sociales de l'Allemagne sont prises en référence pour justifier la vague de réformes "macronistes" ! Botopo dans son article du 17 mars 2017 sur Agoravox : "L'Allemagne, impudente, insolente, envoutante, est le problème et la solution de l'Europe", montre les énormes économies budgétaires dues à la sous-natalité (650 000 naissances/an pour 900 000 décés/an) depuis des décennies, économies pour l'état fédéral et pour les collectivités territoriales de l'ordre de 50 à 60 Md€/an depuis plus de 20 ans ! Comme pendant ce temps l'Allemagne a profité d'une immigration de travailleurs formés dans leurs pays d'origine, (en dépenses publiques pour ces pays !) de l'ordre de 5 millions (3,855 M de 2000 à 2015 (hors réfugiés) en provenance majoritaire des pays de l'UE et des Balkans, (le nombre d'immigrés turcs étant en légère régression depuis l'an 2000) la population de l'Allemagne s'accroît globalement malgré sa sous-natalité "jugée inquiétante". La facture pour les pays d'origine est de l'ordre de 400 Md€ depuis 2000 en tenant compte des coûts moindres dans ces pays. Rien que pour la Grèce les dépenses pour le total des immigrés travaillant en Allemagne est d'environ 68 Md€ (16 Md€ depuis l'an 2000), dépenses non compensées par l'Allemagne qui au contraire accuse la Grèce de mauvaise gestion budgétaire !
L'implication démographique sur les dépenses budgétaires des pays d'immigration et/ou d'émigration devrait être prise en compte dans le cadre de la libre circulation et installation des travailleurs en dehors de leur pays d'origine et de formation. En France, la mobilité des travailleurs formés dans leurs départements d'origine va de pair avec la prise en charge nationale des principaux coûts d'éducation et de formation : les départements pauvres n'ont pas les moyens propres pour assurer une bonne formation de tous ses jeunes. L'absence de participation (ou de péréquation) des pays d'immigration aux dépenses de formation, éducation... accentue les déficits budgétaires des pays d'émigration. L'UE est ainsi rendue responsable de leurs difficultés budgétaires !
- Les excédents commerciaux de l'Allemagne (250Md€/an), en grande partie vis-à-vis de ses partenaires de l'UE et de l'Eurogroupe (au moins 150Md€/an) sont une cause implicite et invisible de la désaffection pour l'UE, car si ces excédents sont de l'épargne accumulée par les Allemands en vue de leur retraite, une grande partie est affectée en prélèvements publics (impôts, taxes, charges sociales...) contribuant au bon équilibre des comptes publics allemands. Le corollaire sous-jacent réside dans le fait que les déficits commerciaux des acheteurs se transforment globalement pour ceux-ci en dettes publiques et privées, dettes qu'il serait bon de réduire !! Ainsi, en absence de retournement de la situation commerciale (retournement que les entreprises allemandes veulent surtout éviter) la masse des pays clients déficitaires contribue aux équilibres budgétaires publics et sociaux de l'Allemagne à hauteur de quelques dizaines de Md€/an. On ne constate aucune volonté tangible et des actes correspondants de la part des Allemands pour revenir à de sains équlibres commerciaux !
Les positions des souverainistes
Les lobbyistes des multinationales (métallurgie, pharmacie, banques, chimie, agro-alimentaire, assurances...) sont plus écoutés et influents à la Commission Européenne de Bruxelles que ne le sont les Gouvernements défendant les intérêts légitimes de leurs citoyens et que les associations de consommateurs. La Commission se veut chargée de mettre en place et d'imposer un système économique et financier reposant sur le libre-échange intégral, sur les lois des marchés et de la libre concurrence, donc sur la maximilisation des profits, sans se soucier que les divers pays du monde savent protéger leurs activités économiques par des mesures implicites actives et même parfois pour les plus cyniques par des mesures explicites ! La juste ou équitable protection des économies des pays de l'UE est le dernier des soucis de la Commission : chaque pays doit se débrouiller sans trop attirer l'attention de ses pairs. Alors, en réaction, les mouvements politiques prônant le rétablissement de la souveraineté nationale sur des décisisons concernant leurs citoyens et l'activité économique de leur pays (les Assemblées Nationales sont tenues d'adopter -sans modification- dans leur législation les décisions prises par les membres de la Commission, membres sans légitimité élective) sont majoritaires dans certains pays (RU) et en passe de l'être dans d'autres pays. La mise au pas démocratique de la Commission étant peu probable, alors pourquoi ne pas suivre le Brexit et retrouver une souveraineté comme l'ont conservée la Suisse et la Norvège.
La question de la monnaie souveraine est prépondérante pour la majorité des souverainistes du fait du statut spécifique de la BCE (qui n'a pas pour but de lutter contre le chômage partout dans l'UE (ou Eurozone). Quelques-uns espèrent une saine évolution de la BCE (les 2000 Md€ d'émission de QE ne sont pas prévus dans les statuts !) et envisagent de conserver l'euro, monnaie unique pratique bien perçue par les Européens.
Dans le même ordre d'idées, ce n'est pas aux eurocrates de décider si le système de santé dans chaque nation doit être public (et socialisé) avec des cotisations fonction des revenus, ou privé, à l'américaine, avec des cotisations liées au nombre d'assurés dans la famille, à leurs âges, et au niveau de protection : dans ce dernier cas les ménages à faibles revenus ne peuvent pas financer une couverture d'un nombre important de risques, car les cotisations deviennent excessives !
Les Autorités Européennes de contrôle, de surveillance et de protection de la santé publique, vis-à-vis des industries chimiques (produits ménagers, pesticides agricoles, additifs agro-alimentaires...) et des industries pharmaceutiques (santé humaine et animale) sont sous l'influence des lobbies industriels et des experts "bipolaires" du fait des conflits d'intérêts permanents ou sous-jacents : la protection effective de la santé de chaque européen est alors assujettie au mantien des avatages acquis d'un grand nombre d'activités économiques !
En outre, une vraie solidarité au sein de la population impose de donner une préférence dans les marchés publics aux entreprises payant impôts, taxes et charges dans le pays, le département ou la commune.
Les souverainistes, en absence d'un corps efficace de protection des frontières extérieures à l'UE, se croient en mesure dans chaque pays de contrôler leurs frontières et de resteindre fortement l'immigration indésirable. Les USA assurent un bon contrôle pour les arrivées dans les aéroports, les contrôles se faisant avant la montée dans les avions sur territoire étranger, par contre, avec la frontière terrestre au sud avec le Mexique les passages clandestins se maintiennent. En France, les Souverainistes se sentent capables de refouler tous les immgrés clandestins arrivant sans papiers d'identité en provenance d'un pays non identifié : quelle belle promesse inconsidérée et inapplicable !
Les positions des fédéralistes
Elles sont le plus souvent caricaturées : les Fédéralistes ne veulent surtout pas donner ou laisser tous les pouvoirs à la Commission Européenne, avec un Parlement Européen aux pouvoirs réduits, et un Conseil Européen des chefs d'états limité aux marchandages internes. Les fédéralistes proposent une architecture de pouvoirs comparable à celle des USA.
Aux USA, les principaux pouvoirs sont au sein du Congrès (Chambre des Représentants et Sénat) comprenant des élus des 50 états. Le Président est lui-même élu par des délégués issus des états dans un système permettant à Trump d'être élu avec environ 4 millions de voix de moins que Clinton ! Ce Président du pays le plus puissant reste sous la férule du Congrès. En outre, chaque État dispose d'institutions (Parlement, Gouverneur, Cours de justice, polices, corps de réserve de militaires, protections civiles...) qui lui permettent de conserver une forte dose de souveraineté dans différents secteurs de la vie publique et économique et même de s'opposer par ses propres tribunaux (Cour suprême de chaque État) à des décisions du Président et ainsi de les faire annuler ! Les auditions devant le congrès de Secrétaires d'état, de hauts fonctionnaires, de conseillers de la Présidence, de banquiers et d'hommes d'affaires sont sérieuses, pertitnentes et très redoutées ! Si en Belgique le Parlement de Wallonie a rejeté dans sa formulation dite définitive le projet des accords du CETA, projet qui a dû être remanié dans l'urgence, en France l'Assemblée nationale "macronienne" ne s'est même pas posée la question de son droit et surtout de son devoir d'intervenir avant la signature de ce traité !!
Dans l'UE, les parlementaires européens doivent s'imposer avec la légimité des élections, les seuls élus directement par les peuples pour construire et faire touner une UE au service des peuples, des pauvres comme des riches. Ces élus ne sont pas les représentants du système néolibéral capitaliste mondialisé (avec ses lobbyistes, ses eurocratres serviles, ses commissaires convaincus et manipulés, ses experts "indépendants" issus des laboratoires, des industries et des banques). Les élus du PE (comme tous les élus dans une démocratie) doivent veiller au maintien du plein emploi, de la bonne santé, des libertés démocratiques, de l'éducation, de la formation et des cultures... Ils doivent affirmer et étendre leurs pouvoirs sans attendre une hypothétique invitation de la Commission ou du Conseil ! Les députés européens doivent assumer leurs fonctions de contrôles et de propositions aussi bien vis-à-vis de la Commission, du Conseil que de la BCE, en plus de certaines prérogatives telles que le vote-ratification du budget et des nominations des Commissaires, des hauts fonctionnaires, des experts (et des dirigeants) dans les Agences Européennes.... La priorité étant donnée à la santé, à l'emploi et au bien-être des citoyens, et surtout pas à l'édification d'un système capitaliste néo-libéral mondialisé thuriféraire des profits et des marchés !
En particulier, en s'inspirant de certaines grndes lois américaines, les élus du PE doivent recommander et voter d'une part la séparation des banques de dépôts et des banques d'affaires au sein de l'UE (comme pour le Glass-Steagall Act de 1933 ) et d'autre part le démantèlement anti-monopole des mastodontes des réseaux dits sociaux du net (selon le Sherman Anti-trust Act de 1890).
Si la mise en place d'une défense commune, (en plus des achats communs d'équipements militaires conçus et fabriqués dans l'UE) ne peut être envisagée en absence d'un pouvoir fédéral fort et d'un Congrès représentatif des peuples (comme aux USA) car il ne peut y avoir en l'état un processus de décision fondé sur l'accord de tous les pays membres (hors attaque extérieure d'un pays étranger déjà pris en compte par l'OTAN), par contre, la libre circulation des citoyens et des travailleurs au sein de l'UE conduit à la mise en oeuvre d'une Politique Commune d'Éducation et de Formation (analogue à celle de la moribonde PAC). Les dépenses d'éducation et de formation seraient mutualisées en tenant compte des coûts unitaires de chaque pays et du nombre de jeunes effectivement concernés dans chaque pays (qu'ils soient natifs du pays ou d'un autre pays de l'UE). Les contributions seraient dépendantes du PIB de chaque pays sans tenir compte du nombre de jeunes concernés. Naturellement dans la mise en euvre des programmes et des conditions d'enseignement chaque pays reste souverain (principe de subsidiarité). Au niveau des diplomes, de nombreuses équivalences ont déjà été établies dans l'UE. Cette mesure permettrait aux jeunes une formation européanisée et surtout soulagerait les budgets des pays d'émigration de l'UE qui financent l'éducation et la formation de jeunes partant travailler, consommer, payer des taxes et impôts dans un autre pays. Les contributions nettes, positives ou négatives, pour chaque pays feront seules l'objet de versements.
Conclusions
Les Souverainistes à ne pas confondre avec des nationalistes xénophobes et les Fédéralistes européens ont le même adversaire de taille : le système capitaliste néolibéral mondialisé multinational. Ce dernier controle une grande partie des médias (presse, télévision, internet) et des décideurs économiques, financiers et politiques : les "idiots" utiles, censés nous conseiller, nous orienter et nous gouverner, propagent l'idée qu'avec moins de charges sociales, moins d'impositions pour les riches, moins de taxes, les consommateurs et les citoyens seront heureux de payer directement l'utilisation des infrastructures publiques (péages) des différents services (justice, police, santé...), les pauvres payant beaucoup plus que les riches (en pourcentage de leurs maigres revenus). Depuis des décennies les statistiques montrent que l'accroissement des richesses produites va essentiellement gonfler la fortune des riches ou super-riches : c'est pour cela que notre Cher Président biberonné aux délices du Système impose au pas de charge des réformes pour que la France et les Français deviennent des assujettis au Système si destructeur ! Les grands profiteurs mondiaux s'en réjouissent.
Pour les prochaines élections du Parlement Européen les souverainistes et les fédéralistes doivent faire front commun. Les Marcheurs Macronistes seront de plus en plus en déphasage avec leur grand Maître à penser, ce dernier ne pouvant faire campagne pour une Europe démocratique avec le pouvoir aux citoyens, alors qu'il pratique une gouvernance de Monarque républicain le mieux à même pour décider à la place des citoyens !
Dans les autres pays partenaires de l'UE, la même aversion, la même condamnation et le même rejet prévalent : les résultats des diverses élections le montre clairement. L'analyse des commentateurs politiques assujettis au système ne veut voir que des tendances populistes, nationalistes et xénophobes : l'esprit démocratique s'est évaporé de leurs cerveaux depuis des lustres ! Un mouvement européen à la fois souverainiste par subsidiarité et féféraliste par sauvagarde contre le système est possible et doit être créé et développé.