L’Union Européenne est un zombie qui s’ignore

par Laurent Herblay
lundi 9 décembre 2013

On pourrait croire qu’avec la fin des tensions financières sur la zone euro depuis plus d’un an (à l’exception de l’épisode chypriote), les fédéralistes seraient rassurés. Non, ils font grise mine car de puissantes forces se coalisent pour détruire cette UE qui ne fonctionne pas et qui oprime les peuples.

Pourquoi cela tient ?
 
Certains pourraient dire que L’Union Européenne et l’euro sont plus solides qu’il n’y paraît. Après tout, des experts reconnus pensaient que l’euro était en phase terminale au début de l’année 2011. Pour ma part, j’ai toujours cru que la monnaie unique mettrait plus probablement du temps pour disparaître (j’évoquais jusqu’à dix ans en 2010). La psychologie des peuples et de leurs dirigeants est le premier facteur. Les Allemands ne veulent pas prendre l’initiative de démonter un projet européen, certains journaliste y voyant un acte qui pourrait même se comparer à une guerre mondiale  !
 
Dans les pays du Sud, il y a encore trois ans, même si ce n’était pas vrai, l’Europe était à la fois vu comme le bouclier qui nous avait protégé d’une crise gravissime et la main qui les avait à la fois nourris et qui les avait aidé à grandir. La construction européenne ne faisait pas l’objet d’un vrai débat démocratique. On ne pouvait qu’être pour, comme l’illustre le résultat du référendum espagnol sur le TCE en 2005 (faible participation, forte majorité pour le « oui »). Parce que cette Europe leur a beaucoup apporté pendant vingt ans, il est logique que les peuples d’Europe du Sud mettent du temps à la renier.
 
Malgré tout, une construction fragile

Mais ceci étant dit, l’Union Européenne et la monnaie unique sont des constructions plus fragiles qu’il n’y paraît. En effet, chaque élection nationale peut se transformer en référendum pour ou contre le maintien dans l’UE ou l’euro. Et si un peuple veut en sortir, alors, rien ne pourra être fait pour les empêcher. S’il est vrai qu’ils pourraient survivre au départ d’un petit pays, on peut se poser la question pour le départ d’un plus grand pays. Si demain, l’Italie ou la France décidait de claquer la porte de l’euro, il est probable que beaucoup d’autres pays (l’Allemagne en premier) sauteraient sur l’occasion pour faire de même, provoquant de facto la fin de cette construction totalement artificielle.

Or, justement, les opinions publiques ont beaucoup évolué depuis quelques années. La Grande-Bretagne envisage sérieusement de quitter l’Union Européenne et la population devrait voter sur le sujet d’ici 2017. Les Allemands freinent tellement des quatre fers sur l’intégration que le SPD est obligé de suivre, imposant un système dysfonctionnel qui créé de graves tensions. Et les pays du Sud ont radicalement changé d’opinion sur cette Europe. Au Portugal, on parle de sortie de la monnaie unique. En Italie, on questionne la dette publique et le peuple vote pour des partis ouvertement euro-critiques. Les Pays-Bas devraient aussi envoyer de nombreux députés euro-critiques lors des élections de 2014.
 
Pour l’instant, le château de cartes tient, mais dans chaque pays, de plus en plus de forces se coalisent pour réclamer la fin de cette construction antidémocratique et antisociale. Sachant qu’il suffit d’un pays pour tout faire s’écrouler, la question n’est pas de savoir si cela va s’écrouler mais quand et par qui.

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