L’Union européenne manque d’une industrie de terres rares

par Mark Hitti
mercredi 18 mai 2011

La question des terres rares est un sujet de plus en plus délicat au sein de l’union européenne depuis que ces métaux dits « stratégiques » prennent une part grandissante dans l’élaboration de produits de haute technologie. Les pays de l’Union européenne, pauvres en terres rares, sont dépendants des importations notamment en provenance de Chine, qui compte pour plus de 90% de la production mondiale. Les Etats-Unis ont compris l’importance de ce secteur, d’où une politique volontariste chargée de développer des champions nationaux.

Ces 15 métaux sont au cœur d’une bataille grandissante entre les nations puisqu’ils entrent dans la construction de plus en plus de produits : Scandium pour les supraconducteurs et l’aéronautique, holmium pour le laser, le prométhium pour les batteries nucléaires, etc. Dans la pratique, ils se trouvent dans des produits dits « verts » (ampoule LED, éolienne, panneau solaire et photovoltaïque, etc.), les téléphones et les tablettes (écran tactile), les voitures à moteur hybride, les pots catalytiques, etc. Cette course à l’innovation reste dépendante de ces minerais puisqu’il n’existe actuellement aucun substitut bien que les laboratoires japonais, européens et américains aient mis en place des programmes pour développer ces nouveaux produits. 
 
Les Etats-Unis quant à eux remettent en marche leurs mines qui ont été fermées depuis plusieurs années à cause de la concurrence par les couts exercée par les mines chinoises. La multiplication des prix des terres rares depuis 2010 par rapport à la période 2008-2010 (multiplication par 8 en moyenne) montre que la demande mondiale pour ces minerais est exponentielle et qu’à moyen terme, il n’existe aucun substitut capable de répondre à la demande des industriels. 
 
La Chine, consciente de ses besoins dans les années à venir pour ces terres rares (importatrice nette à la fin de cette décennie), a déjà limité a plusieurs reprises le volume des exportations poussant les prix à la hausse. Cela a permis à plusieurs gisements miniers au Canada, Etats-Unis et Australie de devenir rentables. Cette hausse des prix lance la course à la prospection (Argentine, Afrique du Sud, Brésil et Mexique) et au positionnement des futures grandes entreprises minières (Molycorp, Lynas, etc.) qui définiront le paysage de la recherche et du développement, et donc de l’industrie de haute technologie dans les années à venir. 
 
Par la voix de son commissaire européen à l’industrie, Antonio Tajani, l'Europe estime qu’elle devra réduire sa dépendance aux importations, en « développant le recyclage et en exploitant davantage ses propres ressources ». L'exploitation des terres rares pourrait recommencer à partir de 2015 en établissant des relations privilégiées avec l’Afrique (République Démocratique du Congo). 
 
Dans une optique de compétition internationale, l’Europe est contrainte de mettre en place des politiques de soutien aux industriels européens en ce qui concerne la question des terres rares (Définition de partenariats privilégiés, Plan de soutien à la R&D, Synergie entre les grands groupes industriels pour importer les terres rares, etc.). On sait que l’intégration forte du secteur des ressources naturelles aux économies permet un développement rapide des innovations industrielles (exemple du pétrole pour les Etats Unis des années 20). La sécurisation des approvisionnements des terres rares est un enjeu majeur pour la prochaine décennie.

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