La Belgique de papa, c’est fini !
par asterix
mercredi 8 septembre 2010
Cela canonne sec au pays de la frite. Et pour une fois, la salve de boulets provient des francophones. Ulcérée, la population à qui on a soigneusement caché ce qui se tramait depuis 80 jours derrière son dos est bien obligée d’en conclure qu’elle n’a plus aucun politicien à qui se fier.
Tous des traîtres. A gauche comme à droite. Tous ! Ceci dit sans être facho. Nous, francophones belges, nous sommes aussi susceptibles sur ce sujet que vous. Premier épisode d’une chronique funèbre annoncée, la Gauche, un étrange patchwork regroupant toute la soi-disant gauche, vient de se casser les dents sur le volet socialo-communautaire des négociations en cours, non sans avoir baissé jusqu’à son calcif’ sur le plan institutionnel. Le cirque à Monsieur Déloyal continue.
Dès le lendemain ou presque, nouvel épisode, nouveau numéro d’équilibriste, c’est à présent la grande méchante Droite qui offre, sans plus d’états d’âme citoyens que sa consoeur, ses services oh combien empressés pour nous dépecer sans vergogne de nos droits individuels les plus élémentaires, montrant pour gage de sa bonne foi envers le grand capital flamand la porte de sortie au FDF, le parti de défense des francophones, ce qui en fait de facto l’unique rassembleur dans une lutte à couteaux tirés d’où l’ensemble du monde politique a tout fait, tout envisagé, tout prévu pour qu’il ne soit en aucune manière partie prenante.
Aux oubliettes ces pauvres petits belges francophones sacrifiés sur l’autel de la politique bassement politicienne, manipulés par la Maison Royale qui y joue sa place, humiliés quotidiennement par la Flandre et ses prétentions de plus en plus néo-nazies au nom du droit du sol de sinistre mémoire. Ulcéré par cette partie de bowling où il n’est que la quille, cet amas de ploucs de seconde zone vient enfin de dire qu’il existe des limites au petit jeu du « je t’aime, moi non plus « qui devrait servir d’hymne national dans ce plat pays qui n’est plus que haine et incompréhension réciproque.
Jugez plutôt les dernières péripéties de ce feuilleton dont le scénario devient de jour en jour de plus en plus noir :
- Jeudi dernier, jour de la Saint Glinglin, une étude sociologique approfondie commandée par un des plus grands organes de presse du pays nous apprenait, presque contre toute attente, que les Flamands ne représentent que 5,3 pour cent de la population bruxelloise. Pour rappel, ces « opprimés de toujours « disposent d’une minorité de blocage et de 25 sièges sur 89 au Conseil Régional. Oui, oui, de par la précédente loi de pacification, une voix flamande a la même valeur que 3,6 voix francophones ! De la démocratie censitaire dans la plus pure acceptation du terme. Pas assez censitaire à leur goût sans doute…
- Rebelote ! Le lendemain, un comptage gardé jusqu’ici sous le manteau nous indique que ce ne sont pas moins de 250.000 navetteurs flamands qui viennent quotidiennement envahir Bruxelles sans y payer un radis, ni pour les nuisances et autres pics de CO2 qu’ils y causent, ni pour l’usage de ses infrastructures et encore moins sous forme d’impôts. Un quart de million de colonisateurs qui poussent la délicatesse ou la perversité, c’est selon, de déposer leurs ordures en nos rues, puisque Bruxelles facture ses sacs-poubelles à 1 euro, contre 5 chez eux, là où il fait si bon vivre lorsqu’on reste entre soi. Parmi ces privilégiés, une petite moitié ne doit sa place qu’à des lois linguistiques iniques qui leur réservent, prime linguistique à l’appui, 50 pour cent des places administratives au sein de la seule Région Bruxelloise. Ce pauvre Bruxelles dont ils ont fait leur capitale alors qu’ils la haïssent de tous leurs pores. La morale du Conquistador, ça vous dit quoi ?
- Mieux, toujours mieux, des fuites de plus en plus nombreuses depuis le capotage des négociations, de la capitulation sans conditions pour être plus exact, nous précisent que, dès le début des discussions secrètes qui ont quand même mis 80 jours à capoter, le consortium francophone de gauche s’était, dès l’entame des discussions, empressé de céder aux ukases de l’extrême-droite flamingante malgré ses serments préalables, comme de vulgaires parjures qu’ils sont. 80 jours de pseudo-communication entre frères ennemis, entre bandes rivales. Dans l’omerta la plus totale si chère à toute dictature qui ne veut pas dire son nom. Tout cela pour un hypothétique poste de Premier Ministre uniquement destiné à satisfaire l’égo du Padrino rouge, ce cher Elio Di Rupo par ailleurs catalogué depuis lors homme politique wallon le plus apprécié en Flandre. La médaille d’or du vendu, c’est bien la moindre des choses.
- Patacrac, samedi une indiscrétion vengeresse venue du personnel francophone de notre ambassade nous apprenait qu’une Sénatrice hyper sexy fraîchement élue sur les listes du flamingantisme pur et dur s’était faite gauler deux jours plus tôt à Bangkok en flagrant délit dans une transaction portant sur l’achat de métemphétamines. Un peu comme si Woerth venait enfin de se faire pincer en flagrant délit dans un sombre trafic de cocaïne, si vous voulez…
- Coup de jarnac pour finir, un groupe d’experts universitaires spécialisé en économie appliquée concluait ce lundi même qu’une Union Wallonie-Bruxelles débarrassée de ses tares institutionnelles …et surtout de la Flandre ! était parfaitement viable, si pas souhaitable pour notre développement économique. Seul bémol de taille à cette thèse détaillée qui en a fait bondir plus d’un, l’étude pointe du doigt le chômage élevé, un phénomène endémique qui, soit dit en passant, augmente 1,3 fois plus vite en Flandre qu’en Wallonie. Accessoirement, ses auteurs en profitent pour vous préciser, si vous ne le saviez déjà, que la grande majorité des Belges francophones ne désire nullement se réfugier en vos sillons, ils préfèrent et de loin se débrouiller seuls. Avec votre soutien moral bien sûr, mais seuls.
Toujours est-il que les péripéties de cette semaine complètement folle tombent mal pour les hérauts du « Eigen volk eerst « - notre peuple d’abord ! - si cher aux milices flamingantes. La horde de charlatans de l’épuration linguistique, rien moins que subjuguée par le petit frère du Président en exercice de la Communauté européenne, n’en revient toujours pas. Les « franse ratten « - rats francophones pour ceux qui n’auraient pas directement saisi la version originale - ont enfin osé dire tout haut que, cette fois, c’en était assez ! Cette contre-attaque d’une violence jamais atteinte pour un peuple d’ordinaire calme et tolérant a surpris tout le monde. Bart le Fürher, l’idéologue du « Wallen buiten « - les Wallons dehors ! a beau éructer toute sa rage incantatoire, son néo-fascisme rampant est bel et bien en train de se retourner contre lui.
Comme un boomerang !
Juste retour des choses, même un gamin de merde des banlieues finit par se brûler à force de jouer avec les allumettes… Ce gros nazillon professeur d’histoire contemporaine dont les leit-motivs se bornent à nous traiter de sales profiteurs, d’éternels assistés, de bouffeurs de sécurité sociale, d’undermenschs et autres animalités du même acabit vient d’entendre sous son balcon que ce sont maintenant les francophones qui crient « les Flamands dehors ! On ne veut plus de vous, ni de vos troupes de choc. Ici, c’est chez nous. Pas chez vous, mister le Leader Maximo ! «
Oui, la coupe est pleine. Pire, le couvercle tressaute sur la marmite.
« Alles voor Christus, Christus voor Vlaanderen ! « Tout pour le Christ, le Christ pour la Flandre…
Nazis pendant les guerres, catholiques entre elles, disait si lucidement Jacques Brel.
A force de manier les mythes, me direz-vous…
Soyons francs, seul le fait que la Belgique exerce présentement la Présidence tournante de la Communauté des 27 empêche la survenance du grand clash. Preuve par l’absurde que notre peuple manie mieux que personne, nos courageux défenseurs socialistes, toujours prompts à défendre les droits de l’homme au Tibet, en Afghanistan et partout en Afrique, viennent de proclamer à coups d’interventions télévisées aux heures de grande écoute que le droit des personnes humaines devrait peut-être trouver à s’appliquer chez nous aussi et que leurs caciques non encore compromis dans des affaires judiciaires de grande ampleur – il en reste ! réfléchissaient à l’éventualité d’aller jusqu’à l’indépendance.
Vous verrez, demain ils seront encore capables de nous dire qu’ils en prennent la tête…
Crac boum hue, je retourne ma veste. Toujours du bon côté, précise Dutronc.
Et puisqu’on parle d’Europe, il serait bon de remettre les pendules à l’heure ! La jurisprudence communautaire est formelle. Elle a débouté la Serbie qui excipait le droit du sol pour retrouver, sans pogroms cette fois, sa souveraineté perdue sur ses territoires de l’Est. Le berceau de la Nation, précisait Belgrade. Les attendus de l’arbitrage de la Cour de Justice sont sans équivoque. L’Etat kosovar, prudemment déguisé en protectorat pour ne froisser personne, a triomphé de A à Z sur base du droit des gens. Gageons qu’il en sera de même en cas de séparation de la Belgique.
Flamands et flamingants, vous savez désormais à quoi vous en tenir. Vous qui nous avez abreuvés de « Belgie barst « - que la Belgique crève ! - nous avons décidé de vous prendre au mot. Sachez que c’est vous qui avez tout à perdre dans vos grands rêves de conquête, vos prétentions à l’Anschluss, votre guerre larvée contre la démocratie. Et si nos politiciens francophones parjures par fonction et plus que jamais coupés du monde réel s’obstinent à donner un caractère constitutionnel à ce déni de justice, cela risque bien de se terminer dans la rue.
Adieu Belgie – Belgique. Je ne t’aime plus, tu sais…
Asterix, c /o l’internote dans les forums belges