La crise Grecque ravive le discours des souverainistes
par Henry Moreigne
mardi 11 mai 2010
Debout les souverainistes. Très critique sur la gestion de la crise Grecque, Nicolas Dupont-Aignan (NDA) le président du mouvement Debout La République (DLR) est l’un des rares députés qui ait voté contre le plan d’aide d’urgence à la Grèce adopté dans la nuit de lundi à mardi à l’Assemblée nationale. Le chef de file des souverainistes de droite veut bien soutenir le peuple Grec mais pas l’euro dont il demande la sortie de la France.
On achève bien les chevaux. L’Euro est au plus mal ? La belle affaire. Nicolas Dupont-Aignan voit dans ces événements l’occasion soit de changer les règles, soit d’en sortir. S’appuyant sur les discours d’économistes de premier plan le président de DLR estime que l’abandon de l’euro constitue le seul moyen d’échapper à une crise comparable à celle que traverse la Grèce. “Face à la crise majeure qui secoue la Grèce et bientôt d’autres pays du sud de l’Europe, il est grand temps de permettre le retour des monnaies nationales s’ajustant les unes par rapport aux autres, afin de mener des politiques efficaces de sortie de crise, différenciées selon la compétitivité des pays membres” avance le tempétueux parlementaire.
NDA ne voit pas dans le dispositif d’aide de 16,9 milliards d’euros à la Grèce voté à main levée par les députés à 1h30 du matin un plan de sauvetage mais un “sabordage”. Sans craindre d’être suspecté de populisme, il joue sur la corde sensible des Français lorsqu’il estime comme son collègue Charles de Courson, “que le contribuable se substitue une fois de plus aux banques. Les prêts, qui seront en toute hypothèse indéfiniment prolongés pour prévenir le défaut de paiement, permettront à la Grèce de rembourser les banques imprudemment engagées dans ce pays“.
“Tout au long de ce débat, je me suis interrogé sur le fait de savoir si le gouvernement était incompétent, dissimulateur ou les deux à la fois” écrit le député sur le site de son parti avant de justifier sa diatribe : “Dans tous les cas, la conséquence est la même : des souffrances toujours plus grandes imposées aux peuples d’Europe, un retard cumulatif dans la guerre économique mondiale qui nous oppose à la Chine et aux États-Unis (qui, eux, profitent d’une monnaie souple et fiable pour investir), des difficultés sociales croissantes et la résurgence des nationalismes“.
Nicolas Dupont-Aignan lance avec son mouvement une pétition nationale “Sortons de l’euro avant qu’il ne soit trop tard !” et demande au président de la République et aux présidents des deux chambres du Parlement d’organiser un débat extraordinaire sur la question de l’euro. Un coup d’épée dans l’eau sans doute mais qui a le mérite de placer un coin dans l’unanimité affichée par la classe politique française sur le sujet à l’exception toutefois du parti communiste et du front de gauche.
Avec la monnaie européenne le parlementaire voit rouge, estimant qu’elle constitue “une ligne Maginot monétaire à l’abri de laquelle on prétend être protégé de tout“. “Plutôt que ce plan absurde dicté par une petite oligarchie bancaire qui préfère sacrifier les peuples que de bâtir une économie forte, il faut d’urgence aller à la cause du problème et mettre fin à la monnaie unique, non sens absolu dans lequel les anglais ne sont pas tombés, pour la remplacer par exemple par une monnaie commune qui laisse vivre les monnaies nationales. La crise grecque n’est en effet que le premier domino de l’effondrement en chaîne de l’euro, tout simplement parce que cette monnaie ne correspond pas à la réalité des économies à laquelle elle s’applique“.
Au-delà de la question monétaire, Nicolas Dupont Aignan milite également pour la renégociation des traités européens et la fin de la Commission européenne. Eric le Boucher, sans le vouloir, apporte de l’eau à son moulin à travers un article au titre évocateur sur Slate.fr : “la crise grecque a donné le pouvoir à l’Allemagne “.
Coïncidence de calendrier, la tragédie grecque coïncide avec la célébration du 60ème anniversaire de la naissance de l’UE avec la déclaration Schuman et, à une poignée de jours du 29 mai, qui en 2005 avait constitué la victoire du Non lors du référendum au Traité établissant une constitution pour l’Europe (TCE). Une date hautement symbolique qui rappelle qu’à côté de la crise financière qui l’étreint, l’UE n’a pas résolu le déficit démocratique qui la mine.
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