La dernière comédie belge : nous avons un nouveau gouvernement !
par asterix
jeudi 8 décembre 2011
Il a fallu 540 jours pour enfanter du monstre. 450 consacrés à céder devant le diktat flamingant qui désirait à tout prix une reconnaissance de ses frontières en y incluant un maximum de territoire et subséquement 250.000 francophones bruxellois qui, bien qu'ils y soient très largement majoritaires seront dorénavant réduits au statut de sous-citoyens privés de toute expression culturelle.
Une erreur se pardonne, l'humiliation jamais.
Conséquence première de ce reniement inacceptable de la classe politique francophone, la capitale de l'Europe va sous huitaine être totalement entourée de Flandre et le jour inéluctable où celle-ci votera unilatéralement son indépendance, le cap prochain et elle ne s'en cache même pas, notre terre de liberté sera définitivement enclavée dans le seul pays européen où l'extrême-droite est déjà majoritaire.
Dans ces conditions, inutile de dire que son statut de capitale de la seconde puissance du monde lui sera immédiatement renié et adieu veaux, vaches, cochons et couvées.
540 jours moins 450 = 90. Dès que la classe politique francophone dans son entièreté, sauf le Front des Francophones, a abjuré ses grands principes de mixité culturelle, c'est sous l'empressement des agences de notations et de la clique au vilain Barroso que la Belgique a été forcée de se doter d'un gouvernement de plein exercice apte à prendre les mesures conservatoires qu'il fallait pour combler le trou d'une dette grandissante causée par l'âpreté de la finance internationale et le tonneau des Danaïdes que sont les dépenses somptuaires de ceux pour qui être représentant élu du peuple permet de s'assurer sur le compte du citoyen la seule chose qui les intéresse : le pouvoir à tout prix et de préférence ad vitam.
Un pouvoir qui, en Belgique, se transmet de génération en génération.
Comment cela de génération en génération ?
Oui ! Curieux hazard très constructif, il se fait que quatre des six présidents des partis qu'il a été nécessaire de regrouper pour trouver une majorité sont des fils dont le père a occupé les mêmes fonctions dans un passé récent.
Et ...mmh, trois sur quatre ont été élus sans opposant.
Comme dans un Califat. Comme chez les Bongo et autres Kabila. Comme dans tout pays où le droit du sang l'emporte sur la démocratie. Comme dans toute dictature héréditaire qui ose dire son nom...
L'illustre culte du moi propre à l'homo politicus erectus.
Ceci dit, tout ne démarre pas sous les meilleures auspices, loin s'en faut. S'il y en a parmi nos frères qui se réjouissent un peu vite de voir un fils d'immigré accéder aux plus hautes fonctions de l'Etat, d'autres regrettent amèrement que ce même bonhomme, le sieur Di Rupo, soit depuis dix ans à la tête d'un parti dont trop, bien trop de têtes pensantes ont connu la joie de la correctionelle, des condamnations en bonne et due forme, des inculpations par dizaines sans qu'il n'ait jamais cru bon élever la voix contre cette mafia tentaculaire qui a transformé notre nation francophone en Walbanie du meilleur aloi. Un Président de parti pas même rouge de honte d'avoir menti comme un arracheur de dents en promettant 7 milliards d'euros aux plus faibles pour emporter leur vote tout en sachant bien qu'il n'en possédait pas le moindre liard.
7 milliards de dépenses somptuaires qui, de fil en aiguille, de palabres en palabres, de constatations amères en constatations amères, sont devenues entre-temps 11,3 milliards de dette à combler d'urgence pour ne pas connaître les affres de la faillite.
Admirez l'honnêteté intellectuelle du personnage...
Et la mouise dans laquelle son orgueil nous met.
Comme la gauche avait besoin de la droite et réciproquement, méfait du système proportionnel qui est pourtant le plus démocratique qui soit, ces 11 milliards ont été “ théoriquement “ trouvés dans la poche de qui n'est pas directement protégé par un groupe de pression qu'il soit du grand patronat ou des syndicats. Onze milliards à confisquer sous forme de taxes qui toucheront directement le portefeuille du consommateur : augmentation des accises sur le tabac et l'alcool, de tous les services publics payants, diminution notable des remboursements médicaux, haro sur les voitures de société, dégressivité prononcée des allocations de chômage, augmentation du prix de l'énergie, TVA sur les actes notariés, recul de l'âge de la pension avec un calcul non plus basé sur la dernière rémunération mais de toute la carrière et un tas d'autres mesures que la population ignore encore pour la bonne et simple raison que, si leur résultat a déjà été quantifié, leur applicabilité n'a même pas encore été abordée.
Aucune ligne directrice, rien pour les jeunes sinon l'assistanat à coût réduit.
Rassurez-vous bonnes gens, ils ont sauvé les meubles, c'est ce qu'on appelle le budget.
Autant dire que nous sommes à l'aube des mauvaises surprises en série. Comptons sur l'imagination fertile de nos bons édiles qui, et là c'est carrément se foutre de notre gueule, ont décidé main sur le coeur de contribuer à l'effort général en diminuant leurs rémunérations – ministérielles seulement ! de 5 %, soit une économie globale de 510.000 euros pour tout sacrifice.
Les pauvres... , comment feront-ils pour boucler leurs fins de mois avec les misérables 20.000 euros nets qu'ils s'attribuent douze, que dis-je treize fois par an ? Un sacrifice incommensurable qui prend toute sa valeur lorsqu'on sait que le fonctionnement public de la Belgique est déjà et de loin le plus élevé parmi les pays de l'OCDE.
Odieux personnages, votre générosité de participer si noblement à l'effort collectif nous comble. Ceci dit, ma pension s'élève à 1.136 euros par mois, si bien que je suis foutu le camp à l'étranger pour survivre au monde de violence tous azimuts que vous m'avez offert. Merci de tout coeur, tenez je me prosterne devant vous de ne pas avoir osé toucher à sa liaison avec l'indice des prix.
Momentanément...
Pincé et pas seulement au niveau du costume noeud-pap', notre cher et nouveau félon Premier Ministre prétend avoir mis sur pied un des gouvernements les plus restreints de notre histoire. Par comparaison avec le dernier où un socialiste francophone était à sa tête, c'est vrai puisque nous sommes passés de 36 ministres à 13. Ce l'est beaucoup moins si on y ajoute le nombre record de Secrétaires d'Etat, des sous-membres du gouvernement qui font pleinement partie de l'exécutif mais sans droit de participer au Conseil des Ministres. ...Tout en étant payés moins : 201.000 euros par an sans compter les à-côtés liés à la fonction, c'est si peu...
La classe politique est ravie d'avoir sauvé les meubles, la presse subsidiée qui a participé au lavage de cerveaux tout autant mais bordel, c'est le citoyen qui va passer à la caisse et on l'y attend avec un rouleau compresseur !
Là, ils s'avèrent l'un et l'autre évidemment beaucoup moins diserts, c'est de bonne guerre.
Comme souvent, une petite anecdote de derrière les fagots en dit plus qu'un long discours. Lors de la prestation de serment du nouveau cartel gouvernemental, un ministricule libéral dénommé Chastel s'est mélangé les pinceaux dans les deux “ je jure que...”qu'il avait à prononcer.
L'inconscient étant logé fin fond le langage, le commentaire de notre Primus inter pares dopé par son égo dissolu fut à la hauteur de ses préoccupations premières. Interrogé par la presse sur ce couac qui pour un rien eut éveillé le courroux de Sa Majesté le Roi, sa réponse toute en considération positive fut à la hauteur de la tonicité liée à l'évènement :
“ Relativisons, demain je lui achèterai une boîte de testostérone “
Sic ! M'est avis que c'eût été DSK, il aurait certainement parlé de Viagra.
Un premier Sinistre qui ne parle même pas néérlandais, l'autre langue nationale, voilà qui promet...
Mais bon me direz-vous. l'introuvable pacification linguistique était à ce prix.
Pacification vraiment ?
La réponse est venue sans plus tarder de la bouche même de Kris Peeters, l'ultra-nationaliste Ministre-Président du gouvernement flamand, un barbare qui, pas plus tard qu'hier lors de la cérémonie célébrant les 40 ans d'existence de “ son “ parlement, a précisé dans un discours à peine moins fielleux que d'habitude, je cite :
“ L'autonomie croissante de la Flandre est un processus irréversible “
Autant dire que le nouveau gouvernement peut s'attendre à voir très bientôt une nouvelle peau de banane lui glisser sous le pied. Non seulement les transferts financiers Flandre-Wallonie, un rendu qui ne viendra jamais, seront définitivement clôturés dans dix ans. Ajoutons-y que le texte du présent accord de majorité consacre le fait que le centre de gravité décisionnel de la plupart des matières personnalisables sera déplacé de l'état national aux régions.
Point n'est besoin d'être politologue Madame Soleil, on peut facilement en conclure que la Flandre a bel et bien déclaré la lutte finale aux compétences résiduelles de ce bout de chiffon dénommé Belgique.
Autre signe inquiétant de cette dangereuse évolution de la toute puissance attachée à l'idéologie de ceux qui se conduisent de plus en plus ouvertement comme nos maïtres, la commune de Grimbergen au Nord de Bruxelles a tout récemment ouvert un bureau de délation chargé de collationner le nom des commerçants qui, dans l'exercice de leur métier où l'accueil joue un rôle prépondérant, s'obstinent à répondre en français ou en anglais à leur clientèle, soit grosso modo 35 % de la population locale.
Bientôt l'étoile jaune et noire. Telle est la vraie pacification communautaire version flamande, elle est enracinée en leur âme...
Notre très plat pays n'existe plus que par ses pralines, ses bières, la valeur factice attachée au label made in Belgium, ses héros de bandes dessinées et son Roi.
Gageons que celui-ci va très bientôt abdiquer pour son fils.
Mission accomplie, il a de toute justesse sauvé sa couronne.
Asterix c/o l'allocaterre sur les forums belges