La France a besoin d’un président de la République européen

par Neos
mercredi 25 octobre 2006

Depuis 2005 et l’échec du référendum, l’Union européenne est écartée des thèmes d’actualité de l’information quotidienne de masse. Le « non » pèse de tout son poids sur le frein à main médiatique. Il s’est invité à la table des sujets sensibles marqués de rouge des agendas politiciens. Quels sont concrètement les enjeux qui se dressent devant les Européens ? Dans quelle mesure un président français européen est-il nécessaire à notre pays ?

Pour beaucoup, le projet de traité établissant une Constitution pour l’Europe est mort. Mort dans sa substance, l’idée de se projeter dans un avenir commun en compagnie de vingt-six autres peuples n’étant pas assez mûre dans l’esprit de la majorité des Français. Mort dans son contenu, puisque la partie III du texte - un recueil des traités actuellement en vigueur - semblait poser problème et justifiait chez les partisans nonistes le retrait pur et simple du projet.

Depuis mai 2005, l’Union européenne n’est pourtant pas restée inactive. A l’initiative de la présidence autrichienne du Conseil de l’Union européenne et de la Commission européenne, le Conseil a suggéré, dans ses conclusions de la présidence du mois de juin 2005, d’accorder une année de réflexion aux Etats membres. Une année pendant laquelle la Commission a privilégié la mise en œuvre de projets et autres réalisations concrètes dans le respect et les limites de ses attributions et compétences définies par les traités.

Dans quelques mois, l’Allemagne recevra de la Finlande le témoin de la présidence du Conseil de l’Union européenne. En accord avec le président de la Commission et le Conseil, nos voisins tenteront de saisir cette opportunité pour sortir les Etats membres et les peuples européens de cette situation d’enlisement qui fait obstacle à toute perspective d’approfondissement, à toute dynamique et ambition collective sur la scène politique européenne.

Quels sont concrètement les enjeux qui se dressent devant les Européens ?

Laissons de côté la langue de bois. Face à l’émergence de défis surpassant largement les compétences et les capacités d’un Etat seul, devant la taille des difficultés qui s’annoncent et qui survolent nos frontières nationales, un pays comme la France ne peut pas régler seul ces problèmes d’envergure internationale.

Ces défis sont multiples et concernent l’ensemble des Etats et peuples d’Europe : le changement climatique ; le bouleversement démographique avec le vieillissement de la population européenne ; l’immigration de masse ; le terrorisme international ; les ressources énergétiques ; la croissance économique chinoise et indienne... Pour trouver des réponses à ces problèmes, notre pays a besoin d’affirmer une position sans ambiguïté en faveur d’une politique dépassant le clivage traditionnel national. La France a besoin d’un président de la République omniprésent sur la scène européenne, actif au sein des institutions européennes et europhile dans son attitude et dans ses convictions idéologiques.

Dans quelle mesure un président français européen est-il nécessaire à notre pays ?

Dans l’Union européenne, la prise de décision s’exerce au Conseil de l’Union. Le système est ainsi fait. Ce n’est pas la Commission européenne qui décide et signe les actes de droit européen. Ce sont nos chefs d’Etat et nos ministres qui s’appliquent à le faire, chaque semaine, dans les salles de réunion au 3e étage du Consilium de Bruxelles.

Une fois cette vérité assumée et répandue, il est aisé de comprendre l’étendue du pouvoir exercé par nos dirigeants lorsqu’ils se rendent à Bruxelles pour discuter des dossiers économiques, politiques et sociaux avec leurs homologues européens.

Certes, cette discussion est collective. Et le poids d’un seul pèse peu dans le concert des négociations, de surcroît lorsqu’on travaille à vingt-sept.

Mais l’intérêt d’avoir un président français européen est là : la plupart des décisions qui organisent notre vie quotidienne se prenant au Conseil et requérant encore l’unanimité des voix de ses membres, la qualité des négociations et la préparation des dossiers est primordiale. Et l’expérience française en la matière est immense. Ainsi, si la plus haute autorité de l’Etat insiste pour que les services de notre représentation permanente redoublent d’excellence à préparer et à faire aboutir les discussions, l’image et la reconnaissance du travail accompli par la France en sortiront renforcées, la confiance accordée par nos partenaires décuplée, et la dynamique de coopération permanente reprendra son cours presque naturellement.

Un président français européen peut peser de tout son poids en faveur de la relance de cette dynamique européenne et réussir à convaincre ses partenaires sur cette mission d’intérêt général qui consiste à parvenir à l’achèvement du processus de construction européenne avec l’établissement en Europe de l’Union politique. Un président français, dans cette optique, garantirait l’implication dévouée de notre pays à la réalisation de ce projet. Il diffuserait en outre la vision républicaine d’une ambition politique continentale retrouvée : celle d’apporter des réponses claires et effectives, à travers une initiative européenne communautaire à vingt-sept et le lancement de politiques communes nouvelles, à cette myriade de défis de classe mondiale qui se dressent aujourd’hui devant nous.


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