La Grande-Bretagne sortira-t-elle de l’UE ?

par Laurent Herblay
samedi 18 juin 2016

C’est la question que l’on peut se poser, en se demandant si l’odieux assassinat d’une députée travailliste favorable au maintien jouera dans le vote du 23 juin. Il faut dire que, juste avant sa mort, l’issue semblait presque entendue, tellement la vague du Brexit emportait tout sur son passage.

 
Une issue devenue inévitable ?
 
Même si j’y suis favorable (tout comme à celle de la France), je n’y croyais pas trop, ne pensant pas qu’à la première occasion, les citoyens en profiteraient pour tirer leur révérence à cette construction monstrueuse. Mais, comme le note Elie Arié dans Marianne, la campagne des opposants au Brexit semblait encore plus mal partie que celle des soutiens au TCE en 2005. Non seulement la plupart des ténors des grands partis soutiennent le maintien, mais ils le font avec la même suffisance et utilisation de la peur pour convaincre, sauf qu’il assez ridicule de pointer un risque pour la croissance étant donné le niveau de la croissance de l’UE depuis de longues années. On retrouve la même opposition entre les élites et le peuple, et le même renversement des sondages pendant la campagne.
 
Mieux, Elie Arié souligne que la situation britannique est peut-être encore plus favorable au Brexit, avec le soutien d’une partie de la presse, quand les médias Français étaient plus unanimes en 2005. En outre, on peut penser que le psychodrame des migrants en 2015 joue puissamment pour la sortie en démontrant la passoire qu’est l’UE et soulignant à nouveau les règles ubuesques et uniformisatrices qu’elles semblent vouloir toujours imposer. Bien sûr, la sortie de l’UE prête plus à conséquence que le refus d’un traité dont l’application n’était pas immédiate, mais Londres n’est ni dans l’espace Shengen, ni dans la zone euro, et on se doute bien que le pays n’arrêtera pas de commercer avec ce qui reste de l’UE si jamais il venait à quitter la tour de Babel européenne en premier, malgré tout.
 
Et avec la mauvaise image de la plupart des dirigeants politiques (il leur suffit désormais d’être le moins mal-aimé pour l’emporter) et assez largement des élites, le relatif unanimisme de la Grande-Bretagne du haut était sans doute devenu un facteur clé de succès pour le Brexit. Après tout, les pays qui ne sont pas dans l’UE ne s’en portent pas plus mal en Europe et cela permettrait à Londres d’échapper aux règles ubuesques, à une contribution budgétaire significative, tout en regagnant une plus grande liberté encore pour décider de son destin à l’abri de toutes les camisoles juridiques mises en place dans les traités, même si le pays s’en est déjà protégé d’une bonne partie. Tout semblait réuni pour que le début de la fin de l’Union Européenne commence dès le 23 juin, un prélude à sa disparition.
 

D’ailleurs, avant l’assassinat de Jo Cox, un vent de panique soufflait sur les eurobéats. Les bourses de la planète s’émouvaient de la perspective d’une victoire du Brexit. Jeudi prochain, espérons malgré tout que les britanniques choisiront de ne pas voter comme les marchés financiers, et choisiront la voie de la liberté et de cette pleine démocratie, chères à tous ceux pour qui le 18 juin est important…

 

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