La Grèce au bord de la rupture avec la zone euro

par Laurent Herblay
samedi 13 juin 2015

Cette semaine, les marchés ont tremblé. En effet, les négociations entre la Grèce et ses créanciers semblent entrées dans une impasse quasiment insoluble, alors qu’il ne reste que quelques jours avant une échéance qui devrait imposer une conclusion à la partie de poker enclenchée depuis l’élection de Syriza.

 
Les négociations dans l’impasse
 
En arrivant au pouvoir, Alexis Tsipras a beaucoup cédé, au point d’inquiéter. Mais, depuis quelques jours, comme l’a noté Romaric Godin, de la Tribune, le gouvernement semble aborder les négociations dans un état d’esprit beaucoup plus combatif. La troïka demandait de nouvelles coupes sombres dans les retraites, d’1,8 milliard d’euros, soit près d’1% du PIB. Non seulement Tsipras refuse cette demande, mais il avait promis de revaloriser les petites retraites. Et en plus, le Conseil d’Etat a invalidé mercredi une partie des baisses de retraite décidées fin 2012. Cela devrait provoquer une revalorisation de 5 à 15% des retraites de plus de 1000 euros par mois, soit 1 à 1,5 milliards d’euros.
 
Comme le note le journaliste, « la décision du Consil d’Etat grec rappelle aussi une vérité trop souvent oubliée : le caractère ‘sauvage’ qu’a pris l’austérité dans les années 2010-2013. Les créanciers ont exigé des mesures souvent inconstitutionnelles ou illégales sans s’en soucier  ». Du coup, « la Commission a fait savoir mercredi qu’elle n’était pas satisfaite des nouvelles propositions présentées la veille par les autorités grecques  ». Du coup, jeudi, le FMI a annoncé que ses équipes avaient quitté Bruxelles, dans un signe de mauvaise humeur peu habituelle. Avec l’échéance de 1,6 milliard d’euros du 30 juin, la perspective d’une sortie de la zone euro et d’un défaut semble se rapprocher.
 
Refuser une saignée inhumaine
 
La Grèce pose un problème insoluble. En effet, plusieurs pays créditeurs veulent protéger leurs créances à tout prix, sans se rendre compte que l’austérité ne fait qu’empirer la situation. Pire, céder à Athènes pourrait déclencher une réaction en chaine et pousser d’autres capitales à demander une renégociation des plans tyranniques exigés par l’Union Européenne. Mais l’alternative, c’est une sortie de la Grèce de la zone euro et un défaut. Le premier était censé être impossible, même si l’histoire dit le contraire. Pire, une réussite de la sortie serait une incitation formidable au démantèlement de cette monstruosité monétaire. Et les créanciers devraient gérer un défaut qui poserait bien des problèmes.
 
Les demandes inhumaines de la nouvelle troïka imposent à Tsipras de refuser de nouvelles coupes dans les retraites, pour dégager un excédent primaire qui plongerait le pays dans une dépression permanente, une forme de saignée sans fin. Aujourd’hui, le gouvernement semble résolu à refuser cette tutelle tortionnaire. Et si les dirigeants européens préfèrent prendre le risque d’une première sortie de la zone euro, alors l’issue est d’ors et déjà certaine. Si et seulement si, pour un des deux parties, la rupture n’est pas concevable, alors un compromis pourra alors être trouvé puisque celui qui ne voudra pas rompre sera prêt à revoir ses exigences. Le texte du compromis permettra de dire de qui il s’agit…
 
Il semble que d’ici quinze jours, la crise grecque qui dure depuis plus de cinq ans devrait prendre fin. Cette fin ne serait que temporaire si jamais Tsipras venait à céder à la nouvelle troïka et rester dans la zone euro. Mais la possibilité d’une fin définitive et d’une sortie de la zone euro semble grandir.

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