La porte de l’Europe au bord de l’implosion

par PROVOLA
vendredi 1er avril 2011

Aussi démoniaque que Fukushima. On est au bord de l'Europe, à Lampedusa. Ici on est au bord de l'implosion, sur un morceau de terre qui rapetisse au fur et à mesure que l'on s'y entasse, et que l'Europe s'y ridiculise. Depuis que la coalition surveille le ciel de Lybie, une flotille d'embarcations de fortune s'en remet à la Suerte pour accoster sans dommages. 6200 réfugiés ont débarqué en quelques jours sur ce minuscule caillou au milieu de la mer Méditerranée, hier il n'y avait rien a manger pour 2000 d'entre eux. Tout le monde s'en fout, Guéant a déjà prévenu, il n'en veut pas, il souhaite que l'Italie s'en charge, on est en Italie, donc c'est à l'Italie de s'en charger. L'Italie ne veut pas voir, les malheureux s'entassent l'Allemagne regarde ailleurs, le Royaume-Uni n'est pas concerné, les pays du club Médierranée sont confrontés à leur dette insupportable.

Sur l'île on manque de tout, et de pain, de soins, de solution. On fait la queue pour une gamelle, on attend que là-haut on feigne enfin de s'intéresser au drame qui se joue ici.

L'Europe stigmatise l'Italie qui chercherait à renvoyer les arrivants, elle préfère ne pas pointer le doigt sur ses propres carences. Les habitants protestent, ils occupent la mairie pour se faire entendre, des navires sont prévus pour les prochains jours qui permettront de désengorger le centre d'accueil.

Un bateau avec 827 réfugiés à bord est en route pour Tarente où une forêt de tentes à été installée, d'autres villes vont acceillir les nouveaux arrivants, situées dans le sud du pays. Car au nord, dans les régions riches, on ne veut pas entendre parler de ces immigrants clandestins. Les pauvres eux peuvent bien s'en occuper, ils comprennent mieux la situation. La Ligue du nord, le parti raciste qui participe au gouvernement Berlusconi et qui gère les intérêts des contribuables du nord interdit l'arrivée massive des clandestins. 

Ces milliers d'hommes de 20 à 30 ans s'entassent sur la colline de la honte , la situation sanitaire est plus que précaire, diverses pathologies dont le diabète et Parkinson ne sont pas rares chez ces jeunes sans soins depuis des lustres. Pour le moment, aucune épidémie n'est à déplorer mais diverses maladies guettent et la chance ne va pas durer indéfiniment. On essaye avec les moyens du bord d'apporter deux repas par jours à tout le monde mais c'est de plus en plus difficile et il arrive toujours plus de monde la nuit qu'on arrive à en faire repartir de jour vers les camps situés sur le continent. 

Le Président italien lui, au lieu de se rendre à Lampedusa est allé à Ellis Island, pour visiter le musée de l'immigration dans la baie de New York où arrivèrent les millions de Ritals (R de Refugee, ITAL pour Italien, ce qui donna R-ITAL) à cheval des 19 ème et 20 ème siècles.

Cent ans plus tard, ce sont les mêmes clandestins, les mêmes candidats à une vie meilleure que les Somaliens, les Lybiens, les Tunisiens, les Erytréens, qui débarquent avec une lueur d'espoir dans la tête en vue des cotes européennes. Malheureusement, l'acceuil que nous leur réservons est encore pire que celui qu'accordaient les Américains il y a plus d' un siècle aux réfugiés Italiens, Irlandais, Polonais, Russes. Le Président italien a d'ailleurs lancé un appel aux responsables européens pour que cette honte cesse, pour des moyens décents soient enfin mis à dispodsition pour résoudre cette crise de l'indifférence, pour que l'Europe devienne autre chose qu'une vaste zone industrielle, un immense terrain vague destiné aux échanges de marchandises, cette vaste plaisanterie politique. 


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