Le Vlaams Belang, indicateur à suivre des élections françaises à venir ?

par Marsiho
jeudi 9 novembre 2006

Attention à ceux qui ne s’expriment pas dans les médias...

Connaissez-vous le Vlaams Belang ? Non ? Pourtant, ce parti d’extrême droite implanté en Belgique devrait attirer notre attention, à si peu de temps d’échéances électorales chez nous.


Le Vlaams Belang (l’intérêt flamand, ex Vlaams Blok) est un parti qui milite pour une scission de la Belgique, car aux yeux de ses adhérents, la partie francophone n’a rien à voir avec la culture flamande. D’ailleurs tout ce qui n’est pas de culture flamande les énerve : Arabes, noirs, Asiatiques... Vous voyez le programme ? On a le même en France...

Le Vlaams Belang a d’ailleurs fait trembler la Belgique lors des derniers scrutins, faisant un score très dangereux lors des dernières municipales belges. Il n’y que le "cordon sanitaire" réunissant tous les démocrates, au-delà des querelles de parti, qui leur interdise de s’emparer de la mairie d’Anvers (mais ils y ont tout de même 20 sièges sur 55), bastion historique de l’extrême droite belge. Avec un peu plus de 20% dans la région flamande, le Vlaams Belang progresse de façon inquiétante, y compris sur les terres wallonnes.

Mais les plus optimistes (dont le maire d’Anvers) pensent que le Vlaams Belang ne pourra pas faire mieux, et que le score d’Anvers est le maximum qu’ils puisse espérer atteindre (33,5%). Preuve en est que les socialistes ont largement progressé dans quelques consultations. La résistance s’organise et l’exemple du "cordon sanitaire" a montré son efficacité, d’une part, et l’urgence de se mobiliser, d’autre part, à l’image des concerts organisés à huit jours des élections par dEUs, groupe rock bien connu, et quelques autres, comme Axelle Red, Hooverphonic ou Arno.

A l’analyse des chiffres, il semble effectivement que le Vlaams Belang stagne dans les grandes villes, mais progresse très fortement dans les petites villes, comme Shoten, dans la banlieue d’Anvers, où le Vlaams Belang était représenté par une ex miss Flandre et a obtenu 35% des voix, contre 25% il y a six ans. Et la situation risque fort de s’aggraver, car ce poids encore plus fort du parti d’extrême-droite va lui donner l’envie de réclamer plus de droits, permettant d’aller vers une scission entre Flamands et Wallons, comme lors de la période d’après-guerre qui connut le déclin industriel de la Wallonnie. Une future guerre civile est-elle possible en Belgique ? Après tout, des pays africains ont pris feu avec des configurations quasi identiques... D’un bout à l’autre de la planète, les problématiques ne sont pas toujours si éloignées que cela. Mais n’imaginons pas le pire.

Rappel des forces en présence : les néerlandophones représentent 59% de la population ; les francophones 41%, présents notamment dans une enclave dans la région bruxelloise... L’indépendance de la Belgique ne date finalement que de 165 ans, ce n’est pas si vieux, et les différences sont linguistiques, mais également culturelles, et le nationalisme flamand n’a jamais cessé de s’exprimer depuis l’indépendance ; le fédéralisme actuel, avec plusieurs points de déséquilibre dans la représentativité, n’a pas réussi à l’étouffer.

L’extrême droite trouve donc un terreau de revendications très simple, la Flandre indépendante, et tout ce qui ne parle pas néerlandais et n’est pas de race blanche, dehors ! Un terreau qui, comme en France, n’ose pas dire son nom. Un sondage préélectoral aurait annoncé que seulement 16% des votants d’Anvers étaient prêts à donner leur voix au Vlaams Belang, pour un résultat réel de plus du double ! Car l’électeur d’extrême droite, permanent ou occasionnel (surtout ce dernier) ne s’exprime guère dans les médias, il le fait dans les urnes. Nos élections à nous, dans le contexte du 21 avril, de la montée des extrêmes un peu partout dans le monde, des conflits internes de nos politiques républicains et démocrates, et des sondages qui faussent tout, ne risquent-elles pas de nous apporter un vent du Nord qui aura pris de la force dans la platitude de la Belgique ? A surveiller attentivement... Car comme le dit Le Pen, ces "élections me paraissent marquer un renouveau, assez général en Europe, des idées nationales". Il n’a pas tort, le borgne, malheureusement, car de l’Autriche à la Grande-Bretagne, le nationalisme, dans le contexte de peur des attentats et du climat entretenu par Bush, ne cesse de prendre de la force. Et lui-même, sans faire de bruit, semble attendre sereinement le résultat des futurs scrutins...


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