Légalisation d’un troisième genre en Allemagne

par Juliette
mardi 5 novembre 2013

En 2011 ce sont l’Australie et la Nouvelle-Zélande qui avait franchi le pas de la reconnaissance civile de l’intersexualité. Depuis le 1er Novembre, les parents allemands auront la possibilité de ne pas déclarer de sexe lors de l’enregistrement à l’état civil de leur enfant. 

L’intersexualité, encore méconnue

Beaucoup de personnes confondent l’intersexualité avec la transsexualité, or ce sont deux choses bien distinctes. Les transsexuels naissent avec des attributs clairement définis de l’un des deux sexes, c’est psychologiquement qu’ils se sentent appartenir au sexe opposé. Or dans le cas de l’intersexualité, les individus « possèdent des caractéristiques génétiques, hormonales et physiques ni exclusivement masculines, ni exclusivement féminines, mais typiques des deux sexes », selon un rapport de la Commission européenne de 2011.

Une première en Europe ?

Jusqu’à présent l’Allemagne reconnaissait la transidentité, ce qui constitue le droit de revendiquer un autre genre que son sexe d’origine. Cependant, la reconnaissance de l’intersexualité n’est pas une première en Europe. Depuis 1955 en France, la mention du sexe n’est plus obligatoire « si un enfant ne peut être désigné comme étant de sexe masculin ou de sexe féminin ». Le problème en France à l’heure actuelle est qu’une fois l’individu opéré pour le faire entrer dans une des deux cases, il n’y aura pas possibilité de revenir en arrière pour faire changer le sexe déclaré à l’état civil. Or avec cette loi en Allemagne, un intersexuel pourra rester avec un sexe X ou opter pour l’un des deux sexes. 

Vers une reconnaissance de l’intersexualité

Cette mesure est entrée en vigueur pour sensibiliser la population à l’intersexualité. Mais surtout pour faire diminuer la pression qui pèse sur les épaules des parents qui sont souvent poussés à faire opérer en urgence leur nouveau-né ainsi que de leur administrer des traitements hormonaux pour attribuer un sexe sans savoir dans quelle direction le corps de l’enfant se développerait une fois arrivé à l’adolescence. Ces opérations et traitements ne sont pas sans conséquences sur la santé aussi bien physique que psychique de ces individus.

Logique binaire homme/femme

Ceci représente une avancée considérable pour la reconnaissance de l’intersexualité, cependant les associations s’engageant pour les droits des individus intersexuels réclament l’arrêt de toute opération avant la puberté de l’enfant pour lui laisser le libre choix. De plus, il reste encore beaucoup à faire au niveau juridique. Contrairement à l’Australie où un troisième sexe à part entière a été créé avec la possibilité de choisir sur les documents officiels entre homme, femme ou trans-genre, la logique binaire est toujours de mise en Allemagne et dans la plupart des pays européens. On peut par exemple se demander quelles seront les conséquences en matière de mariage et d’union civile, alors que le mariage entre personnes du même sexe est uniquement reconnu dans ce pays. Il semblerait qu’à ce stade cette loi est faite pour les parents de nouveau-nés mais ne va pas changer la vie des personnes intersexuelles dans un monde où une logique binaire homme/femme est en vigueur. En France on dénombre 100 à 500 naissances de bébés intersexués chaque année. 


Lire l'article complet, et les commentaires