Les chiffres du chômage en France dévoilés par l’Europe ?

par Statis
vendredi 13 avril 2007

Pour des raisons techniques, l’Insee a refusé de recaler les estimations de chômage sur son enquête sur l’emploi. Il le fera à l’automne au lieu de mars. Pareille affaire n’était pas arrivée depuis vingt ans et provoque des suspicions bien légitimes.

Mais l’Europe impose à l’Insee de lui transmettre les précieuses informations contenues dans son enquête et cachées aux français. C’est ainsi qu’Eurostat a publié fin mars 2007 des informations intéressantes. En tenant compte de ces informations, le chômage français baisse quand même mais l’intensité de la baisse prête encore à discussion. En outre le niveau de chômage reste supérieur à la moyenne européenne. Désormais seuls deux pays font pire que la France.

L’indicateur phare pour suivre le chômage est le taux de chômage au sens du Bureau international du travail. Il est calculé une fois par an en mars à partir de l’enquête emploi de l’Insee, seule source qui permette de le calculer. Entre deux enquêtes, le taux de chômage est estimé chaque mois à partir du nombre de personnes inscrites comme demandeurs d’emploi auprès de l’ANPE. Quand l’enquête emploi nouvelle arrive, les chiffres mensuels estimés sont révisés pour être conformes à cette dernière.

Normalement, la révision des chiffres mensuels se fait en mars. Sauf cette année. L’Insee ne la fera qu’à l’automne pour des raisons techniques affichées sur son site (plusieurs communiqués de presse en mars 2007 sur http://www.insee.fr/fr/ppp/comm_presse/liste_comm_presse.asp) : les chiffres sont fragiles et ne peuvent être divulgués. Mais d’ici là, les élections seront passées et on ne peut pas empêcher les soupçons de germer et éclore en ce début de printemps. Mais ceci n’est pas le sujet de l’article.

Le sujet est de révéler les chiffres cachés par l’Insee grâce à l’analyse des données publiées par Eurostat, l’institut statistique européen, le 30 mars dernier dans un communiqué de presse et les données détaillées qui vont avec. Je vous livre les principaux enseignements : le taux de chômage baisse en France mais il reste haut par rapport aux autres pays européens.

Le taux de chômage baisse en France. D’après Eurostat, il a baissé de -0.9 point entre février 2006 et février 2007. L’Insee quant à lui annonce une baisse de -1.1 point. Ainsi Eurostat confirme apparemment ce qu’affirme l’Insee alors que l’institut européen est le seul à prendre en compte les données fragiles de l’enquête française sur l’emploi. Il y a bien eu une baisse significative du chômage en France, environ d’un point sur un an. Mais alors on se demande pourquoi l’Insee n’a pas voulu réviser pour si peu ! En fait c’est que Eurostat a révisé de +0.5 point le taux de chômage en intégrant les données fragiles de l’Insee mais par un tour de passe-passe cela ne se voit pas sur les évolutions récentes mais celles entre 2005 et 2006. Ainsi entre février 2005 et février 2006, Eurostat dit que le chômage est resté stable en France alors que l’Insee dit qu’il a baissé de 0.5 point. Pour conclure en attendant les conclusions de l’Insee, il y a une baisse du chômage en France dont l’intensité prête encore à discussion.

Quoi qu’il en soit, on peut tirer profit des données européennes pour comparer la situation française à celle des autres pays sur plusieurs années. Malgré la baisse actuelle, le taux de chômage reste haut en France par rapport aux autres pays européens. Seuls deux pays de l’Europe des 27 font vraiment pire que la France : la Slovaquie et la Pologne. Même l’Espagne et l’Italie ont maintenant un chômage inférieur à celui de notre pays. L’Italie depuis 2002, l’Espagne depuis 2005 et ce n’est pas la révision de +/-0.5 point en 2006 qui change les choses. Le graphique que j’ai constitué à partir des données Eurostat montre cela. Il montre aussi qu’entre 1997 et 2002, l’époque où le chômage a fortement baissé en France, le chômage a autant baissé en Europe qui n’a pourtant pas connu le passage aux 35 heures... Plus globalement les profils de la France et de l’Europe sont très proches et la France est le seul pays dans ce cas. Cela pose la question de l’efficacité des politiques françaises en matière de lutte contre le chômage, alors que c’est pourtant une priorité des gouvernements de gauche et de droite depuis des années.

Statis


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