Les dangers de la charte des langues régionales

par Laurent Herblay
lundi 3 février 2014

La semaine dernière, l’Assemblée Nationale a adopté le texte visant à ratifier la charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Par-delà un exposé des motifs qui fait honte à notre représentation nationale, ce texte représente une véritable menace pour notre République.

Une véritable menace
 
Les promoteurs de cette charte essaient de nous faire croire qu’il s’agit seulement d’une défense de notre patrimoine régional, de nos traditions. C’est une idée à laquelle le bayonnais vivant à Paris que je suis, fortement conscient du fait que la richesse de la France vient aussi de la richesse de ses cultures régionales, pourrait être sensible. D’ailleurs, c’est un peu la manière dont le débat d’Europe 1 a (malheureusement) tourné. Après tout, je ne suis pas contre l’apprentissage des langues régionales et la préservation de ces identités régionales. En revanche, préserver l’unicité de la République et de ce ciment qu’est le français m’apparaît essentiel, d’autant plus qu’il est attaqué de tous côtés.
 
Car comme le note David Desgouilles dans un papier que je vous recommande vivement, c’est justement ce dont il s’agit ici. Dans le préambule, il est dit « que le droit de pratiquer une langue régionale ou minoritaire dans sa privée et publique constitue un droit imprescriptible  ». Du coup, malgré certaines précautions, David souligne que « la Cour Européenne des Droits de l’Homme pourra très bien reconnaître à un justiciable de voir se dérouler son procès en occitant, ou à un couple armoricain de voir célébrer son mariage en breton  ». Rien n’est sûr, mais cela reste une possibilité. Et cette manière de faire, assez sournoise et typique de cette construction européenne, a plutôt tendance à confirmer cette crainte.
 
Honte sur l’Assemblée !

Je vous invite à lire la proposition de loi constitutionnelle sur le site de l’Assemblée, dont l’exposé des motifs est proprement hallucinant. Il commence par y voir « la promesse d’une ère nouvelle (sic), où la pluralité linguistique et culturelle obtiendrait enfin droit de cité dans notre pays, après des siècles de relégation dans les catacombes de la marginalité et du mépris (re-sic) (…) Nous allons enfin cesser d’être les ressortissants impuissants et navrés d’un pays qui laisse mourir ses langues, quand tous ses voisins, sans exception, s’emploient à les sauvegarder et à en développer l’usage  ».

Passons sur l’absolutisme sans nuance de ce texte, ou le fait que finalement assez peu de Français soient concernés. La critique du Conseil d’Etat est aussi assez stupéfiante. Ce faisant, le texte est extrêmement malhonnête car il fait comme s’il s’agissait de mettre fin à une répression étatique contre les langues régionales alors qu’il s’agit de mettre potentiellement les langues régionales et minoritaires sur un pied d’égalité avec le français, ce qui n’a absolument rien à voir. En déplaçant le débat sur un jacobinisme castrateur pour les régions, ils jouent sur du velours. Mais dans la réalité, ce n’est pas le fond de cette charte. Il faut espérer que que le Conseil Constitutionnel s’interpose.
 
C’est bien pour cela qu’il faut continuer à se battre et alerter l’opinion de ce qui se trame réellement ici : la prise en tenaille du français entre l’anglais et les langues régionales, par l’intermédiaire de l’Europe, avec la complicité des élus de la République. Merci David pour l’avoir brillamment rappelé.
 

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