Les « européistes » font patte de velours

par jlhuss
jeudi 8 décembre 2011

La communication prend souvent des aspects très différents, parfois contradictoires. Les fuites organisées sont bien souvent des moyens plus efficaces que les discours officiels.

Ainsi le discours de Toulon, immédiatement critiqué reste finalement moins audible que les indiscrétions de couloir organisées à partir d’une réunion à l’Elysée avec les élus de l’UMP

Nicolas Sarkozy confie aux élus de sa majorité , "L'Europe n'est pas sortie de la crise. Le risque d'explosion est prégnant tant que les décisions prises avec Angela Merkel ne sont pas effectives"

Il affiche son ambition de "refonder l'Europe et de la repenser" : "On ne peut pas continuer à être le marché le plus ouvert au monde et accepter les produits des pays qui ne respectent aucune règle. Pour cela il faut refonder les traités." "L'Europe a besoin de refinancer sa dette et les prêteurs n'ont plus confiance". "Pour la retrouver, il n'y a qu'une seule stratégie : l'alliance entre la France et l'Allemagne. Il n'y a pas d'autre alternative." "N'agitons pas le nationalisme français."

Cette ambition de « refonder » l’Europe, pourrait être bienséante en effet, mais sur quelles bases ?

C’est bien la question fondamentale sur laquelle chacun des candidats à la présidentielles devra se prononcer. Pas seulement avec de grands gestes ou des mouvements de menton, mais avec des arguments précis, des principes clairement exposés. Pour l’instant nous en sommes très loin, même si l’on commence à distinguer ceux qui veulent s’engager dans une voie plus fédéraliste. Pour ce qui concerne François Hollande, son flou est artistique mais ne suffira pas à convaincre. Il va falloir qu’il abatte clairement ses cartes et l’on peut craindre qu’en dépit d’un habillage social-démocrate il ne soit pas très loin d’une vision sensiblement identique à celle du locataire actuel de l’Elysée.

Le projet d'accord avec Angela Merkel peut se résumer en quelques points :

- Depuis la création de l'euro et du pacte de stabilité, les pays membres piétinent allégrement la règle qui fixe à 3% de leur PIB le plafond des déficits publics. La France et l'Allemagne proposent désormais que les sanctions soient automatiquement déclenchées dès lors que le seuil de 3% sera dépassé.

- Une règle d'or pour tous. Elle devrait prévoir une vision du retour à l'équilibre et il faudrait que cela se fasse « de préférence au niveau constitutionnel ou équivalent » ...

- La participation du secteur privé en cas de défaut d'un État se fera selon les règles du FMI, c'est-à-dire au cas par cas et en intégrant également les pertes du secteur public. Le privé , seul prêteur possible, se trouve ainsi plus protégé que pour l'affaire grecque par exemple ...

- Mieux cordonner les politiques économiques, dans le but de renforcer la compétitivité et la croissance. Ainsi la « convergence et harmonisation de l'assiette pour l'impôt sur les sociétés et l'instauration d'une taxe sur les transactions financières » ou des « politiques de soutien à la croissance » rentrent dans l'ordre du jour des réunions des chefs d'État et de gouvernement qui se retrouveront tous les mois tant que durera la crise.

- Pour le fonds de secours, il est envisagé de l'abaisser à une majorité « superqualifiée », de 85% des droits de vote.

Vous pouvez être certains que ces propositions franco-allemande faites aux autres membres de la zone euro, à défaut des 27, ne rencontrera pas l'adhésion unanime lors du prochain sommet : demain. Les "US" veillent et sont à la manoeuvre pour que la zone euro ne s'en sorte pas. L'accusation de "complotiste" me sera une fois de plus accordée et je l'assume.

Le Blog


Lire l'article complet, et les commentaires