Les Irlandais sous pression avant le référendum sur le Traité

par Daniel Roux
lundi 21 septembre 2009

Nous l’avions oublié, le Traité gravant dans le marbre et contre les peuples, la primauté du Marché, de la libre concurrence et du libre échange, n’est toujours pas en vigueur.

Renonçant à l’illusion démocratique, les parlementaires Hollandais et Français ont annulé unilatéralement les résultats des référendums populaires de 2005 et ratifié le Traité rejeté en 2008. Un seul peuple est encore en mesure de s’opposer à sa mise en place, celui d’Irlande.

Les Irlandais et eux seuls, sont clairement invités à revoter mieux le 2 octobre 2009 qu’ils ne l’avaient fait le 12 juin 2008.

Le problème pour nos oligarques européens est que ce vote intervient au pire moment. Les Irlandais subissent de plein fouet à la fois les rigueurs de l’idéologie libérale imposée par la Commission Européenne et la crise économico-financière causée par cette même idéologie. Une douche froide illustrée par le constructeur informatique Dell (1er exportateur irlandais) qui ferme son usine de Limerick pour s’installer en Pologne. « Une décision bonne pour l’entreprise » comme l’annonce l’un de ses dirigeants, mais difficile à digérer pour l’Irlande.

Les douteux mais incontournables instituts de sondages annoncent la victoire du OUI à 53%. Cela ne rassure pas les tenants du OUI, une semaine avant le référendum de 2008, les derniers sondages donnaient 42 % des intentions de vote pour le OUI contre 39 pour le NON mais finalement, le peuple irlandais avait rejeté le Traité à 53,4%, confirmant les votes des peuples Français et Hollandais de 2005.

Barroso sentant le danger, est venu personnellement porter la bonne parole. Fort de sa récente confirmation à la tête de la Commission, tel un missionnaire du 16ème siècle et dans la bonne vieille tradition colonisatrice européenne, le message délicat qu’il délivre serait du genre : « Tu te convertis ou tu crèves ». Message heureusement accompagné de verroteries destinées à amadouer le sauvage gaélique.


Il s’est donc rendu samedi dernier à Limerick où le fabricant américain avait annoncé en début d’année la fermeture de son usine. Il a annoncé le déblocage d’une aide de 14,8 millions d’euros pour aider les 2.400 ex-employés irlandais de Dell en provenance d’un fond destiné à compenser les effets de la mondialisation. La Pologne étant dans l’Union et non pas en Asie, on peut supposer que quelques acrobaties comptables seront nécessaires.

Lors de leur réunion au sommet de juin 2009, les dirigeants de l’Union Européenne avaient déjà assuré aux Irlandais, dans un document juridique dit « contraignant » que le traité n’affectera en rien leur neutralité militaire ou leur interdiction de l’avortement. Les 27 ont cependant renoncé à ratifier ces « garanties », pour ne pas risquer un nouveau débat sur la dérive antidémocratique de l’Union.

Pour ceux qui resteraient insensibles à la générosité européenne, Barroso a délivré quelques paroles lourdes de sens dans un entretien au Irish Times à destination des indécis :

« La seule façon pour l’Irlande d’assurer qu’elle aura toujours un commissaire est de voter OUI. Dans le cas contraire, bien entendu, nous devons réduire le nombre de commissaires. Cela figure dans les traités actuels et nous sommes légalement obligés de le faire ».

« Pour parler franchement, il y a des doutes actuellement sur la situation de l’Irlande à l’avenir. Des personnes m’ont demandé : Est-ce que l’Irlande va quitter l’Union européenne ? Pour la confiance des investisseurs, il est important que l’avenir de l’Irlande dans l’UE soit certain ».

Nous le voyons ici comme ailleurs, les méthodes utilisées par le pouvoir européen pour manipuler le vote des électeurs . Elles montrent à qui veut le voir le degré de corruption des élites confisquant illégalement les pouvoirs et les moyens financiers qui les renforcent. Laisser entendre que l’Irlande pourrait quitter l’Union Européenne et menacer à mi-mots de représailles économiques en cas de victoire du NON est particulièrement odieux mais risque d’être efficace dans un pays très attaché à l’idée européenne.

La menace d’exclusion, le chantage à l’emploi et la désinformation du type « Votez NON, c’est voter contre l’Europe », régissent désormais les rapports entre l’oligarchie européenne et les peuples. Une fois les Irlandais soumis, s’ils le sont, plus personne ne pourra arrêter la mise sous coupe réglée de l’Europe et de ses peuples par les multinationales et leurs riches actionnaires.

En cas de victoire surprise du NON, soyons sûrs qu’elle ne sera considérée nos « élites » comme la victoire des peuples européens. Il s’agira bien évidemment d’un vote « nationaliste provoqué par le rejet du gouvernement irlandais actuel sans aucun rapport avec le sujet proposé ».
 

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