Pêche électrique : l’UE, c’est le pire de la jungle oligo-libérale

par Laurent Herblay
samedi 2 décembre 2017

Dans les éléments de langage des euro-béats, la régulation de la globalisation est un point de passage obligé. Sans l’UE, nous ne pourrions pas résister ou avoir la moindre influence sur le monde. Habile, mais complètement faux. Dans la réalité, l’UE est un accélérateur de la globalisation, un moyen pour les lobbys de pousser plus encore leurs intérêts. Nouvel exemple avec la pêche électrique.

 

Ces « tasers qui transforment l’océan en désert »
 
Bien sûr, je ne suis pas un expert de ces questions. Mais, il me semble bien que depuis quelques années, l’humanité s’inquiète de la raréfaction des ressources maritimes du fait d’une pêche trop importante et de l’emploi de techniques excessives, qui ne permettent pas un renouvellement des stocks de poissons. En cause : les filets trop grands, aux mailles inappropriées, le chalutage profond (évoqué en 2013), le non respect des périodes de reproduction des espèces ou des zones protégées… Encore une fois, le laisser-faire produit des excès, d’autant plus inquiétants qu’ils se traduisent par une réduction des ressources naturelles, et que les conséquences pourraient être dramatiques.
 
Même sans beaucoup de connaissance sur le sujet, la pêche électrique semble bien être une pratique dangereuse. L’UE l’avait interdite en 1998 et même les Etats-Unis ou la Chine, pourtant peu regardants sur les conséquences environnementales à long terme des activités économiques, l’ont également interdite. Si Washington et Pékin ne l’autorisent pas, il y a fort à parier que cette pratique est extrêmement nocive et dangereuse. Sauf que l’Union Européenne semble vouloir devenir moins prudente que les deux autres grandes puissances mondiales, sans doute sous l’influence des lobbys de la pêche néerlandaise, dont plus d’un quart des bateaux sont déjà équipés de filets électriques  !
 
La commission de la pêche du parlement européen veut donc autoriser un seuil global de 5% de pêche électrique, sans la moindre limitation dans la mer du Nord, et la possibilité de lever toute restriction dans quatre ans. Des associations se sont manifestées contre ce projet, le directeur scientifique de Bloom affirmant que « la technique est très efficace, mais elle transforme l’océant en désert  », et évoquant des « brûlures, des ecchymoses et des déformations du squelette consécutives à l’électrocution  ». Le Monde avait publié mi-novembre une tribune cosignée par des scientifiques et des dirigeants politiques, dont Ségolène Royal, pour interdire définitivement cette pratique.
 
Les défenseurs de ce projet évoquent une réduction de la consommation de fuel. Même si cela n’est pas inintéressant, dans le contexte actuel, on aimerait une étude de l’impact sur la population de poissons… Et puis, globalement, l’UE semble beaucoup trop perméable aux intérêts du monde des affaires, qui semblent toujours passer avant tous les autres, et notamment le principe de précautions, comme lorsque Bruxelles avait autorisé l’utilisation de farines de porc pour nourrir les poissons. Cette même UE qui tarde tellement à légiférer sur les perturbateurs endocriniens, au sujet desquels Arte a fait un très bon reportage « Demain tous crétins », pointant leurs effets délétères sur l’homme.
 

 

Encore une fois, cette UE ne permet pas de maîtriser la globalisation, mais en est un accélérateur d’autant plus révoltant que les peuples européens voudraient au contraire plus de circonspection. Après les OGM, le retour des farines animales, le glyphosate ou le chalutage profond, l’UE veut ouvrir la voie à la pêche électrique. Pas pour l’intérêt général, mais quelques intérêts particuliers à courte vue.

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