Pour garder la Grèce... préparer activement sa sortie de l’euro !

par Laurent Simon
mercredi 8 juillet 2015

Un nouveau sommet européen avec la Grèce ce mardi pour rien !

Que veut vraiment Alexis Tsipras ?

Et comment négocier avec lui, puisqu'il évite consciencieusement toute négociation sérieuse ?

"Si vis pacem, para bellum" (Si tu veux la paix, prépare la guerre)... Pourquoi espérer obtenir de Tsipras quoi que ce soit, alors que depuis 5 mois la situation se tend toujours un peu plus, avec des conséquences de plus en plus graves pour la population grecque ?

Alors que Angela Merkel et François Hollande avaient pris la peine de se réunir lundi soir pour définir une position commune (solidarité et responsabilité, attente de propositions crédibles de la part du gouvernement grec), le nouveau ministre grec Euclide Tsakalotos est arrivé ce midi les mains vides auprès de ses interlocuteurs.

Il faut dire que certains gouvernants, dont Manuel Valls ce matin qui veut "tout faire" pour que le peuple grec se maintienne dans la zone euro" ("la France fait tout et fera tout pour que la Grèce reste dans la zone euro") ont l'attitude exactment opposée à celle qui peut fonctionner.

Car ce type de discours, bien compréhensible, est extrêmement contre-productif par rapport à un Premier Ministre Grec qui ne lâchera rien tant qu'il aura l'impression qu'au moins un de ses interlocuteurs essaiera de garder la Grèce dans la zone euro !

Garder la Grèce dans la zone euro...

Que les choses soient claires : nous sommes parmi les plus européens qui soient, nous voulons que la construction européenne continue, malgré les péripéties (nombreuses) et les défis croissants, et nous ne faisons pas partie de ces gens qui en appellent à "une autre Europe" qui tournerait le dos à ce qui a déjà été fait, avec ses brillants succès jusqu'à présent, et aussi ses insuffisances.

Cette poursuite de la construction européenne devrait (donc) passer par le maintien de la Grèce dans la zone euro, pour de nombreuses raisons, dont les 3 principales suivantes :

Donc ce serait perdant / perdant, et un interlocuteur grec "raisonnable" devrait donc rechercher activement une sortie de crise.

Et nous sommes conscient de ce qu'il faut bien que le peuple grec ait une perspective, et que le montant actuel de la dette est insouenable. Mais la situation est compliquée par le fait que de nombreux pays (Espagne, Portugal notamment) ont entrepris des efforts très sérieux, qui commencent à donner d'excellents résultats, alors qu'ils n'ont pas bénéficié de réduction du niveau de la dette. Il faudra donc trouver une solution qui convienne à différents pays, vivant des situations très différentes, et cela demande à tous les acteurs une sacrée dose de bonne volonté.

... mais pas à n'importe quel prix !

Mais A. Tsiprasne est-il un interlocuteur "raisonnable", malgré son large sourire habituel ?

Et donner l'impression de vouloir à tout prix un accord mène généralement à des décisions très éloignées de l'intérêt bien compris des différentes parties, sur la durée. [1]

A. Tsiprasne est 'tellement convaincu de ces impacts négatifs pour l'Union Européenne et surtout pour la zone euro, qu'il est prêt à continuer sa danse au-dessus du volcan : il croit tellement que les inconvénients seront encore plus forts pour les autres pays qu'il ne lève pas le petit doigt pour aller dans le sens de ce que demandent ses interlocuteurs.

Et l'entretien de B. Obama par téléphone avec la chancelière allemande Angela Merkel renforce A. Tsipras dans sa conviction : "Nous continuons à encourager l'ensemble des parties à participer de manière constructive aux discussions", déclare Josh Earnest, porte-parole de l'exécutif américain, appelant une nouvelle fois à un compromis. 

... Surtout face à un 'négociateur' qui ne donne aucun signe de vraiment négocier !

Dans ces conditions, la seule manière de faire vraiment revenir A.Tsipras à la raison consiste à montrer à la fois de la détermination à chercher une solution, pour les populations européennes notamment, et une tout aussi claire volonté de préparer la sortie de la Grèce de la zone euro, aux yeux de tous également.

La façon la plus simple consisterait alors à travailler en deux groupes de pays, selon leur penchant actuel, certains pays comme la France et l'Allemagne devant être présents dans les deux groupes, ainsi bien sûr que les représentants de la Banque Centrale Européenne.

A cette condition, une éventuelle Grexit sera mieux préparée, et, paradoxe, mieux évitée !

Cette attitude a aussi l'avantage de limiter les conséquences d'une Grexit improvisée si elle devait quand même se produire, car il ne peut malheureusement pas être exclu que A. Tsipras recherche la sortie de l'euro de son pays, malgré ses dénégations récentes répétées.

Dans tous les cas, il semble bien chercher à faire porter le chapeau aux dirigeants européens, et à garder le beau rôle, alors que les conséquences pratiques pour la population grecque sont de jour en jour plus critiques.

 

Sortir dans tous les cas des blocages actuels !

Un conflit qui illustre bien la théorie de l'engagement : chaque partie est tellement engagée dans sa voie qu'elle ne peut agir autrement sans avoir l'impression de céder. Surtout que tout ceci se passe sous les yeux des médias, alors que les négociations réussies supposent généralement un secret minimal. Comme ce secret ne semble pas possible, il faut pouvoir mener les négociations d'une manière inhabituelle (et paradoxale).

Trouver une façon qui encourage les réformes structurelles, et leur efficacité réelle !

Il faut aussi pouvoir montrer de la bonne volonté, de la part des dirigeants européens, et cela pourrait passer par un engagement progressif de réduction de la dette, proportionnel aux résultats des réformes, obtenus sur la durée : plus ces réformes sont productives, et plus les aménagements accordés sur la dette sont significatifs

 

Et malheureusement, il ne faut pas se fier à certains signes apparents de 'bonne volonté' grecque :

Bref, de la part des interlocuteurs européens, afficher une vraie volonté de trouver une solution est très important, mais cela n'empêche pas de déterminer efficacement toutes les difficultés liées à une possible sortie de la Grèce de la zone euro, et d'essayer d'en minimiser les impacts négatifs.


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