Quand Barroso veut vendre du "bas rosé"

par Serge Weidmann
mardi 24 mars 2009

  Si la bêtise était une maladie mortelle, il ne resterait plus grand monde à la Commission de Bruxelles. De toutes les décisions qu’elle prend dans les domaines les plus divers –car nul, où qu’il vive et quoi qu’il fasse en Europe, ne saurait lui échapper- celle consistant à autoriser la réalisation de vin rosé par mélange de vin blanc avec du vin rouge est une des plus « croquignolesques » et des plus traîtres pour la viticulture française de qualité. Voilà comment les hommes de M. Barroso ont inventé le « bas rosé ».

  Les vins rosés de chez nous n’ont pas toujours eu bonne presse. Ils furent longtemps méprisés des gastronomes. Ces derniers laissaient aux béotiens le soin de les boire, d’autant que ceux-ci semblaient persuadés que ce type de vin « allait avec tout ». C’était ignorer certains fleurons, la noblesse des vins rosés nationaux comme celui du pays des Riceys dans l’Aube qui figurait en bonne place sur la table de Louis XIV ou ceux d’Anjou. C’était ne pas voir, en outre, le progrès technique en œnologie. Depuis quelques années, les viticulteurs de Provence, des Côtes du Rhône, du Bordelais ont mis sur le marché des rosés de grande, voire de très grande valeur. Bref, c’est au moment où ces vins sortent du ghetto et deviennent dignes des palais les plus difficiles que les technocrates de Bruxelles veulent les dénaturer, comme ils l’ont fait, il y a quelques années, avec le chocolat.

  Il paraît que de tels tripatouillages œnologiques permettraient d’abreuver les habitants des pays émergents, comme les Chinois, et développer nos exportations. Il est vrai que vendre de telles bibines à des gens qui envahissent nos marchés de produits contrefaits, de jouets empoisonnés et de fauteuils qui brûlent les cuisses pourrait constituer une forme de justice immanente. Il est vrai également que certaines grandes maisons de chez nous, notamment en Champagne, ont montré le mauvais exemple. En fabriquant du champagne rosé par ajout de vin rouge des Coteaux champenois au champagne « blanc », elles ont ouvert une sorte de boîte de Pandore.

  Il n’empêche que si l’Europe, dont certains thuriféraires nous vantent journellement les soi-disant mérites, en arrive à autoriser de telles inepties, nous pouvons légitimement nous interroger sur la pertinence de sa construction et la poursuite de son action. La Commission de Bruxelles a fait là un pas de clerc supplémentaire qui risque de gonfler les voiles des listes eurosceptiques pour l’élection au Parlement, en juin prochain. J’entends d’ici les ricanements d’aise de Declan Ganley et Philippe de Villiers. Et les soupirs des « cabris ».

S Weidmann

La photo est extraite du site : http://www.laprovence.com


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