Référendum Grec : nouveau moment totalitaire de Sarkozy et Juncker

par Laurent Herblay
mardi 30 juin 2015

L’annonce gaullienne d’Alexis Tsipras d’un référendum sur la proposition indécente de ses créanciers a été accueillie par une volée de bois vert de la part des eurobéats, au premier rang desquels Nicolas Sarkozy et Jean-Claude Juncker. Une attitude révélatrice du fond totalitaire des euro-élites.

 
Apprentis autocrates critiquent méchants Grecs
 
La ligne de défense des eurobéats est risible. Ils peignent les Grecs comme les méchants de l’affaire alors que la dernière proposition des créanciers était aussi indigne sur le fond que sur la forme. Puis, ils parlent d’une catastrophe pour les Grecs s’ils votent non (Jean-Claude Juncker gagnant le prix du plus ridicule avec « il ne faut pas se suicider parce qu’on a peur de la mort  »), alors que l’histoire économique démontre l’exact contraire. Mais surtout, beaucoup d’entre eux dénient aux Grecs le droit de s’exprimer sur les négociations en cours. Le président de la Commission a dénoncé « les égoïsmes, les jeux tacticiens, voir populistes  », avant de se dire « trahi  »… par le recours à la démocratie.
 
Mais le comble de l’indécence a sans doute été atteint par Nicolas Sarkozy qui a rappelé que « lors du G20 de Cannes, en 2011, M. Papandreou nous a aussi menacés d’un référendum et nous l’avons dissuadé avec Angela ». Faire du refus de faire voter démocratiquement les citoyens un fait d’arme, tout en se prétendant l’héritier du gaullisme ! Sarkozy ose tout. Il faut dire que toute sa carrière démontre une capacité à défendre tout et son contraire. Pour être républicain, il faut aussi être démocrate, et quelqu’un qui n’a pas respecté le vote de son peuple en 2005, puis qui se vante d’avoir imposé à un premier ministre de ne pas consulter son peuple est tout sauf un républicain, ou un gaulliste.
 
L’UE est bien un projet autoritaire
 
Hervé Nathan, de Marianne, a souligné que « quand l’oligarchie européenne n’aimait pas le résultat d’une consultation électorale, elle faisait revoter le peuple. Ou bien, pour le contourner, se tourner vers les élus plus dociles et conciliants. Désormais, quand est prononcé le mot ‘référendum’, c’est tout un pays qui est exclu  ». La seule chose qu’ils réussiront à faire, c’est faire détester l’Europe et accélérer le renvoi de ces dirigeants qui soutiennent ces politiques. Régis Soubrouillard, toujours dans Marianne, a dénoncé « les éditorialistes de la presse parisienne sont tous d’accord pour dire que la Grèce n’a qu’une voie pour s’en sortir : celle de la soumission, bien évidemment  ».
 
Ce faisant, les dirigeants européens font preuve d’un despotisme mal avisé puisque ce qu’ils réclament est une poursuite des politiques qui ont totalement échoué depuis cinq ans, envoyant une grande partie de la population Grecque dans la misère. Cette Union Européenne est profondément intolérante à l’égard de la volonté populaire et devient de plus en plus despotique dans son mode de fonctionnement, comme on peut le voir avec tous ces traités qui ligotent les dirigeants de l’UE (certes, souvent de leur plein grès). Tout ce qu’Emmanuel Todd avait dénoncé dans « Après la démocratie  » est illustré dans cette crise Grecque, du refus de la démocratie aux actes autoritaires de l’Eurogroupe.
 

Le seul avantage de cette séquence, c’est qu’elle devrait pousser les Grecs à voter contre le plan proposé par la troïka, alors qu’à l’origine, une majorité voulait voter « oui », car, comme le dit Panagiotis Grigoriou, « voter ‘non’ est désormais une question de dignité  ».


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