Totalitarisme européen : Comment l’Allemagne voulait mettre la Grèce sous tutelle

par Aldous
mardi 31 janvier 2012

Face à la crise de l’Euro et des dettes souveraines, l’UE montre son véritable visage et sombre peu à peu dans l’autoritarisme.

Il est loin le temps où les élites européennes nous promettaient de lutter contre le déficit démocratique chronique qui entache la construction européenne et délégitime les transfers de souveraineté populaire succesifs.

Quand la carotte des lendemains qui chantent n’a plus eu l'effet ecompté sur les électeurs français, hollandais, irlandais, nous avons eu les manœuvres anti-référendums qui ont aboutit à l’adoption loin des urnes du traité de Lisbonne.

Puis nous avons commencé à ressentir la baïonnette financière dans notre dos avec la crise des subprimes de 2008.

Cela a aboutit pour les pays les plus mal en point à un chantage à l’austérité par la troïka BCE, Commission, en Grèce, mais aussi au Portugal, en Irlande etc.(mais pas l'Islande qui a echappé au piège grâce à un référendum.)

Dans la Grèce saignée à blanc, le jeu de massacre social n’allant pas suffisamment vite aux yeux des ayatollahs de la logique comptable, nous avons assisté médusés au renversement du gouvernements démocratiquement élus par pression de l’UE et leur remplacement sans élection par des hommes du systèmes, ex-banquiers centraux, ex-Goldman-Sachs, avec interdiction de recourir à des référendums.

Scénario qui s'est répété en Italie depuis.

La presse Allemande vient de révéler que c’est une incroyable escalade dans l’autoritarisme que l’UE se préparait à imposer à la Grèce si elle n'avait pas fuité du ministère de Wolfgang Schäuble.

Il ne s’agissait ni plus ni moins que de placer le pays sous la tutelle d'un "commissaire budgétaire" européen. Cette mise sous tutelle aurait été une condition nécessaire nouvelle pour que le gouvernement grec puisse obtenir l'aide prévue dans le second plan négocié l'été dernier (130 milliards d'euros de prêts européens ) et obligeant la Grèce à "accepter un transfert de souveraineté budgétaire au niveau européen pendant une certaine période" selon le texte de la proposition.

La mise sous tutelle prévoyait qu’un "commissaire au budget" aurait été nommé par les ministres des Finances de la zone euro "avec pour tâche d'assurer un contrôle budgétaire" du gouvernement grec, avec droit de veto sur les décisions qui ne respecteraient pas les engagements pris à l'égard des créanciers.

L’objectif était de contraindre la Grèce à "utiliser les revenus de l'Etat d'abord et avant tout pour le service de la dette", c’est à dire à servir d’abord les créancier avant de s’occuper des Grecs et des missions régaliennes de l’état.

Un dispositif qui aurait été officialisé "pleinement" par une loi "de préférence via un amendement à la constitution".

On mesure à combien d’années lumière de la démocratie se trouvent les eurocrates pour pouvoir imaginer faire une proposition aussi scandaleusement indigne, et combien les procédés de contrainte par la dette sont désormais utilisés de façon ouvertement tyranniques.

Cela illustre aussi la bêtise intrinsèque à la logique comptable qui amène à une vision financière du monde absolument dénuée de pragmatisme, complètement déconnecté des réalités humaines, politiques sociales ou culturelles. Une vision financière qui a déjà conduit l'occident à détruire son économie, son tissu industriel et qui s'attaque maintenant à la démocratie.

Comment peut-on s’imaginer un seul instant parvenir à imposer une telle humiliation à un peuple sans le pousser dans une immédiate insurrection et sans réveiller en Europe les affres du bellicisme entre les nations ?

Cette affaire démontre, s’il en était encore besoin, l’arrogance et l’ignorance de l’Histoire qui règne dans les milieux décisionnels de l’UE et, ce qui pardonne encore moins que leur duplicité, leur incroyable maladresse politique qui condamne le projet européen à un échec certain dont nous commençons à percevoir les premiers signes, que la reculade embarrassée de Mme Merkel ne sauraient plus cacher.

En effet, il est peu vraissemblable que sa déclaration d'hier « Je ne cherche pas la polémique, mais plutôt un dialogue productif », calme l'opinion grecque révoltée par l'idée que les allemands puissent imaginer pouvoir leur imposer, comme pendant l'occupation nazie, la tutelle de kommissar de sinistre mémoire.

La déconnexion entre cette élite odieuse et les peuples est désormais consommée et la révolte gronde dans de nombreux pays de l'Union façe à l'autisme des dirigeants européens.

Une révolte qui sera bien plus pénible à gérer pour cette élite que les larmes de crocodiles des créanciers.


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