Trois scenarii pour la sortie d’Athènes de la zone euro

par Laurent Herblay
samedi 20 juin 2015

Nous devrions savoir dans deux semaines si la Grèce reste encore dans la zone euro. Jamais le pays n’a semblé aussi proche de la sortie tant les négociations sont bloquées entre demandes irréconciliables. Mais toute la question qui se pose est de savoir quand et comment cela pourrait avoir lieu.

 
Le scénario d’une sortie rapide
 
Dès la fin 2009, je pointais que, pour la Grèce, « la seule solution serait une dévaluation, qui permettrait de rendre le pays plus compétitif et de dynamiser les exportations, mais le corset qu’est la monnaie unique ne rend pas possible cette solution. La seule voie possible serait de pratiquer une déflation compétitive (…) mais une politique serait extrêmement brutale et aurait sans doute des conséquences sociales violentes  ». Aujourd’hui, entre des créanciers qui insistent pour couper plus encore des retraites pourtant déjà essorées et veulent un excédent budgétaire primaire à l’effet dépressif sur un pays qui a déjà perdu 25% de son PIB, alors même qu’encore un quart de la population est au chômage, et un gouvernement récemment élu pour mettre fin à ces politiques, un accord pourrait ne pas être trouvé.
 
Dans ce cas, la Grèce pourrait choisir de suivre le chemin de l’Argentine, faire défaut sur sa dette et quitter la monnaie unique européenne. Outre le fait de pouvoir reprendre le contrôle de sa banque centrale pour financer la transition, Athènes pourrait également s’appuyer sur Moscou, qui serait trop heureux de prendre position dans l’Europe occidentale. Bien sûr, les créditeurs subiraient une forte perte, mais, ce ne serait pas la première fois et le montant de pertes serait gérable pour la zone euro. En outre, les banques européennes se sont largement protégées et ne sont quasiment plus exposées à la dette publique grecque. Il faudrait quand même sauver le système bancaire grec.
 
Deux scénarii pour une sortie retardée
 
Mais malgré la tension des dernières semaines, on ne peut pas exclure que la sortie de la Grèce de la zone euro ne soit pas pour tout de suite. Déjà, en février 2010, je prévoyais que « la Grèce (allait) suivre l’agenda du FMI, de la Commission et de la BCE. L’histoire du pays fait qu’il acceptera l’épreuve dans un premier temps, ce qui sauvera l’euro pour quelques temps  », maintenant cette position alors que bien des alternatifs affirmaient que la vie de la monnaie unique était quasiment terminée. Malheureusement, on peut craindre que la conclusion ne vienne pas et que les Grecs, trop effrayés de quitter l’euro, finissent par céder, ou que les eurocrates cèdent pour sauver leur précieux veau d’or, cédant aux menances de Tsipras pour qui « la sortie de la Grèce signerait le début de la fin de la zone euro ».
 
Mais dans ces deux scénarii, les parties prenantes ne feraient qu’acheter un peu de temps. Si Syriza venait à céder plus que de raison et renier son mandat, le pays poursuivrait son chemin de croix et nul doute que sa majorité exploserait en vol, son aile gauche dénonçant alors la capitulation du gouvernement. De même que Nouvelle Démocratie et le PASOK ont été sanctionnés pour leur soumission à la troïka, Alexis Tsipras le serait aussi. Et si l’UE cédait, nul doute que les autres pays de la zone euro sous tutelle réclameraient une révision de leur plan, déclenchant une vague de renégociation d’autant plus insurmontable qu’il faut aussi obtenir l’accord des pays créanciers. Mais on peut aussi arriver à un intermédiaire entre ces deux scénarii, créant donc les germes du démontage de l’euro des deux sens.
 

L’interminable crise Grecque, commencée fin 2009, est insoluble dans le cadre de la zone euro, qui créé les crises et empêche leur résolution. Mais les résistances grecques comme européennes pourraient prolonger la crise. Cependant, l’issue sera, tôt ou tard, le démontage de cette aventure irresponsable.


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