Ukraine : avis de tempête sur la corruption !

par Ralph1
vendredi 31 janvier 2014

Europe, démocratie, libertés, toutes ces revendications reviennent sans cesse dans la bouche des manifestants et de journalistes occidentaux trop heureux de nous prouver que c’est pire ailleurs. Si tous ces maux font de l’Ukraine un pays où il ne fait pas forcément bon vivre, le problème numéro 1 que tout le monde dénonce sur place n’est autre que la corruption. 

Vous avez un emploi dans une administration publique et vous voulez le garder ? Vous voulez éviter l’expropriation de votre appartement acheté en toute légalité ? C’est possible ! Comme tout et son contraire en Ukraine ! Il faut juste savoir se montrer conciliant et donner des bakchichs à ceux qui détiennent le pouvoir. Du petit fonctionnaire sous-payé à l’oligarque devenu homme politique influent, les agents de ce géant système de corruption sont nombreux et maltraitent quotidiennement une majorité qui dit « non » dans la rue depuis déjà deux mois.

L’expérience le montre, la corruption généralisée est un mal qui détruit des nations entières et qui ne peut durer tant il ronge la société. L’Ukraine est un exemple flagrant de la décomposition morale et économique qui ne peut prendre fin que par la révolte des masses excédées. Le mouvement pacifique qui prend des tournures violentes à cause des réactions disproportionnées du pouvoir ne pourra être stoppé. La machine est lancée et les Ukrainiens ont conscience que leur avenir est entre leurs mains.

Quitte ou double

Mais en parlant de « réactions disproportionnées », l’analyse n’est pas entièrement validée, car, en fait, le pouvoir a beaucoup à perdre. Au-delà des cas du président Ianoukovitch et de son désormais ex-Premier ministre Mykola Azarov, c’est une bonne partie de la classe politique qui doit faire les frais du mouvement populaire. Le Parti des Régions qui détient la majorité parlementaire et qui a fait voter les lois iniques anti-manifestations (qui viennent d’être abrogées sous la pression des manifestants) est un repaire d’hommes tous plus louches les uns que les autres et qui ferait de l’ombre aux pratiques de la Mafia dans la trilogie du Parrain.

Dans « la famille antidémocrate et oligarque patenté » le nom de Dmitriy Svyatash revient souvent. Ce dernier se paye même le luxe d’être connu dans les milieux bancaires français après avoir enrhumé la filiale ukrainienne de la BNP Paribas. Avec son associé, Vasyl Polyakov, Svyatash a contracté un prêt de 110 millions de dollars auprès du groupe UkrSibbank, une somme jamais remboursée malgré le contrat signé et les premières décisions de justice allant dans le sens de la banque. Sauf que les deux oligarques sont aussi députés du Parti des Régions et influencent cette entité politique composée de tous ceux pour qui enrichissement personnel et illégalité riment avec vie publique.

Ils sont d’ailleurs prêts à tout pour conserver leur pouvoir et leur mainmise sur l’économie ukrainienne comme l’atteste les déclarations belliqueuses de Dmitriy Svyatash qui a déclaré vouloir envoyer l’armée contre le peuple descendu dans la rue. En attendant cette éventuelle et antidémocratique décision, il prépare et arme des milices privées destinées à semer la terreur et le désordre. Un bel exemple de démocratie de la part d’un député du peuple…

Le Parti des Régions ne recrute que ce type d’individus et il n’est pas étonnant de voir l’Ukraine obtenir des classements honteux dans les études internationales sur la corruption et le climat des affaires. Le dernier classement de Transparency International est peu élogieux et vient confirmer les dires d’une population ukrainienne qui a fait le choix de mettre un terme à la gangrène de la corruption. Les Ukrainiens veulent se rapprocher de l’Europe, mais ils souhaitent surtout en finir avec la corruption généralisée. L’insécurité juridique et le système des pots-de-vin qui règnent à Kiev et partout ailleurs dans le pays sont au cœur de la tempête déclenchée par les manifestants. Réussiront-ils leur pari ? On ne peut que le souhaiter ! 


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