Ukraine : des raisons de rester sereins

par scylax
samedi 1er mars 2014

Poutine, pris de court, joue son va-tout. Lavrov explique que l'Ukraine fait partie du continent européen. Contradiction ? Voilà des éléments de réponse.

Ukraine : des raisons de rester sereins

A s'en tenir aux apparences, la situation en Ukraine devient de jour en jour plus dangereuse. Alors que le nouveau pouvoir révolutionnaire s'organise et assoit son autorité dans les parties ukrainophones, la Crimée (russe à 60%, ukrainienne à 25% et tatar à 12%) est à ce jour prise en main par des milices pro-russes armées et épaulées par les troupes russes. Celles-ci utilisent le port de Sébastopol aux termes d'un traité prolongé en 2010 par Ianoukovitch pour 32 ans.

Si l'on rajoute à cela les manoeuvres de l'armée russe qui mobilisent 150000 hommes aux frontières orientales de l'Ukraine et la présence de l'ancien président ukrainien à Rostov en Russie, on est tenté d'imaginer le pire, à savoir une bonne vieille intervention sur le modèle géorgien de 2008.

Examinons les données du problème. Quelles raisons pourrait avoir Poutine d'annexer de facto la Crimée ? Et quelles raisons aurait-il d'entretenir le gouvernement en exil de son petit voisin ? 

La base navale de Sébastopol permet à la Russie d'avoir un port en eaux profondes en Mer noire. Cependant, elle est en train de construire un port de remplacement à Novorossiisk, non loin de Sotchi. Dans une quinzaine d'années, elle n'aura plus besoin du port criméen. D'autre part, annexer la Crimée rendrait définitivement hostile tout gouvernement ukrainien qui se respecte. 

Quant à abriter le président déchu, c'est le moins que puisse faire Poutine pour ne pas perdre définitivement la face dans cette affaire. Mais il ne sera pas question d'autoriser la formation d'un gouvernement en exil, ce qui remettrait en cause tous les traités et accords entre les deux pays.

En fait, Poutine n'a pas vu venir les évènements. Contrairement à l'affaire géorgienne, où c'était lui qui avait conduit à la quasi annexion de deux provinces autonomes du pays caucasien en tendant un piège a Saakachvili.

Les initiatives qu'il prend depuis quelques jours - les manoeuvres, le survol du sud de la péninsule par des hélicoptères, les chars russes sur les routes qui mènent à Sébastopol, le soutien concret aux milices anti-Maïdan – dont certaines sont une violation caractérisée du droit international, ces initiatives visent à montrer sa force pour arriver à une transaction acceptable par toutes les parties, Ukraine, Russie et Union européenne. 

Les items de cette négociation pourraient être les suivants :

– retour à la loi désignant la langue russe comme deuxième langue du pays.

– respect de l'autonomie de la république de Crimée, avec rattachement de la ville de Sébastopol.

– réaffirmation de la validité du traité concernant la base navale de Sébastopol.

– accord tripartite avec l'Union européenne dans le domaine économique. 

 

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