Un accord confidentiel Commission Européenne/Turquie ouvre aux turcs la bureaucratie européenne

par Catherine Segurane
mercredi 5 octobre 2011

La commission européenne, qui n'a en théorie aucun pouvoir de décision, vient de passer un accord discret avec la Turquie pour permettre à des experts de ce pays d'être détachés dans les services de l'Union européenne (source). 

A l'origine simple secrétariat technique, la Commission européenne n'a cessé de voir augmenter ses pouvoirs au fil des traités successifs. Elle dispose maintenant d'un monopole de l'initiative législative ainsi que d'un pouvoir de "gardienne des traités" qui en fait le censeur des Etats-membres et lui permet de les traîner devant la Cour de justice. C'est dans les discrets rouages de ce pouvoir non élu mais souvent irrésistible que la Turquie est en train de s'insinuer.

En 2005, Jacques Chirac avait introduit dans la constitution française un "verrou référendaire" : promis, juré, craché, la France aurait besoin d'un référendum pour pouvoir accepter l'adhésion de tout nouveau pays à l'Union européenne. Le verrou a sauté en 2008 sous Sarkosy.

La Turquie tente depuis des années de forcer l'entrée dans l'Union européenne, avec l'aide de tout ce que la région compte de pouvoirs non élus, non mandatés pour cela, ou étrangers, dont le président Obama, qui s'ingérait là grossièrement dans les affaires intérieures des pays de l'Union.

La Turquie a longtemps été un ferme soutien d'Israël dans la région, avant que les relations entre ces deux pays ne deviennent détestables, la Turquie ayant par deux fois apporté son soutien à des frégates tentant le forcer le blocus de Gaza, et Israël ayant arraisonné lesdites frégates.

Les grands médias ont oublié d'en informer le public. La nouvelle est sortie discrètement, par un communiqué du ministère turc des Affaires européennes adressé aux membres du Parlement de Strasbourg. Parmi ceux-ci, Geert Wilders a décidé de protester et d'ébruiter l'affaire.

Citons le communiqué du ministère turc :

" This recent development is a ‘milestone’ for Turkey-EU relations since through this secondment, Turkish bureaucrats will work together with the Euroaucrats in policy making and implementation of the EU politics. In other words, Turks will have a role in shaping EU's future politics and legislation. "

In French :

"Ce récent développement constitue un jalon entre les relations Turquie-Union européenne ; au travers de ces détachements, des bureaucrates turcs vont travailler avec des eurocrates à l'élaboration et à la mise en oeuvre de la politique de l'Union européenne. En d'autres termes, des turcs vont avoir un rôle pour façonner la future politique et la future législation de l'Europe".

Geert Wilders, Président du Parti pour la démocratie et la liberté (PVV), un Parti dit "populiste" fortement représenté au parlement néerlandais a été le premier à dénoncer l’accord en ces termes :

« De cet accord, il apparaît que la Commission Européenne a perdu la tête en laissant entrer le cheval de Troyes islamique, et laisse maintenant aux turcs le droit de participer à l’élaboration des lois européennes (qui seront -aussi- valables pour les Pays-Bas) ... il est grand temps une fois pour toutes de mettre fin à cette mascarade, et de dire aux turcs qu’ils ne sont pas les bienvenus au sein de l’Union Européenne. Ni maintenant, ni demain, ni jamais ! » 

Geert Wilders et Barry Madlener (un autre député du PVV) rappellent la politique guerrière de la Turquie dans la région.
 
On se souvient qu'en 1974, par l'opération Attila, la Turquie a envahi Chypre, dont elle occupe toujours la partie nord. Elle y a fait venir une population d'Anatolie, et tente de perenniser sa conquête, en particulier par la création d'une République de Chypre du Nord qu'elle tente (en vain jusqu'ici) de faire reconnaître internationalement.
 
Le conflit a rebondi récemment à l'occasion du conflit gazier : comme Chypre (la vraie Chypre, celle du sud, membre de l'Union européenne) entendait exploiter un gisement gazier dans ses eaux territoriales, la Turquie s'y est opposée et a envoyé sa marine de guerre.
 
Longtemps laïque, la Turquie s'est maintenant donné un premier ministre (Recep Erdogan) considéré comme un islamiste modéré, bien qu'il ait eu l'occasion d'écrire : 
 
"Les mosquées sont nos casernes, les minarets nos baïonnettes, les dômes nos casques et les croyants nos soldats"

En visite en France, Erdogan a encouragé ses compatriotes immigrés à prendre la double nationalité sans toutefois s'assimiler, pour peser dans les affaires françaises en faveur de la Turquie :
 
"Pour l’intégration, il n’y a pas de problème mais je suis contre l’assimilation", a-t-il déclaré devant 6.000 de ses compatriotes. "Personne ne peut vous demander d’être assimilé. Pour moi, le fait de demander l’assimilation est un crime contre l’humanité (…)La France vous a donné le droit à la double nationalité : pourquoi vous ne la demandez pas ? Ne soyez pas réticents, ne soyez pas timides, utilisez le droit que la France vous donne. Prendre un passeport français ne vous fait pas perdre votre identité turque (nationalité)"
 
Dans le même ordre d'idées, il déplora l'absence de double nationalité en Allemagne et y réclama la création d'écoles turques.
 
La Turquie exige plus d'immigration en Europe.
 
Lors des violences anti-chrétiennes de fin 2010 en orient, le ministre des Affaires étrangères turc ne les condamna pas spécifiquement, mais les noya dans une supposée problématique d'extrémismes qui se renforcent mutuellement, et on profita pour dénoncer "l'islamophobie".
 
Dernièrement, les Frères musulmans d'Egypte ont demandé l'association de l'Egypte et de la Turquie pour un nouveau califat.

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