Un blackout géant cet hiver en Europe ?

par Enjeux Electriques
vendredi 11 octobre 2013

C’est ce que craignent plusieurs géants de l’énergie, dont GDF-Suez, les allemands E.ON et RWE, et l’italien ENI. Selon eux, le risque de coupures de courant massives est lié au développement des énergies renouvelables.

En matière d’énergie, il faut anticiper plusieurs années à l’avance les investissements nécessaires (le temps de construire et rentabiliser les centrales électriques). Insuffisamment anticipé, le développement de l’éolien et du photovoltaïque a créé une situation « chaotique  » sur le marché de l’énergie. 

La faute au renouvelable ?

Encouragés par les gouvernements grâce à des tarifs d’achat préférentiels, les énergies renouvelables devraient représenter 20% du mix énergétique européen d’ici 2020. Cependant, quand le vent ne souffle pas ou que le soleil ne brille pas, il faut prévoir une solution de rechange, le plus souvent des centrales thermiques fonctionnant au gaz ou au charbon. Les compagnies comme GDF, E.ON ou RWE estiment toutefois que le maintien de cette solution de secours leur coûte plus cher qu’elle ne leur rapporte, fonctionnant trop peu de temps dans l’année.

Les centrales à gaz mettent la clef sous la porte

Dans ces conditions, de très nombreuses centrales à gaz sont mises « sous cocon », c’est-à-dire mises à l’arrêt temporairement ou, même, sont définitivement fermée. En octobre, l’agence allemande des réseaux, en charge d’assurer l’équilibre entre offre et demande d’électricité, a ainsi reçu 28 demandes de fermeture de centrales. En l’absence de ces centrales, il devient effectivement possible que la demande d’énergie excède à certains moment l’offre, conduisant inexorablement au blackout.

Le gaz de schiste, l’autre coupable

Mais la responsabilité d’une telle situation n’en revient pas uniquement aux énergies renouvelables. Le « miracle » du gaz de schiste américain est aussi un désastre pour les Européens. Très bon marché outre-Atlantique, le gaz de schiste a remplacé le charbon dans les centrales électriques. Faute de débouché, le charbon est désormais massivement importé vers l’Europe. Concurrencées à la fois par le charbon américain et les éoliennes, les centrales à gaz construites ces dernières années sur le vieux continent sont des gouffres financiers.

Faute d’avoir anticipé ces évolutions, des entreprises comme GDF sont aujourd’hui obligées de mettre la pression sur les gouvernements pour trouver une solution (marché de capacité, pénalisation du charbon, fin du soutien aux énergies renouvelables…). Pour cet hiver, le risque de blackout est peu probable, les pouvoirs publics se mobilisent pour empêcher les fermetures, mais pour combien de temps encore ? Dès 2016, la sécurité d’approvisionnement en électricité n’est plus garantie. Il y a donc urgence à trouver une solution si les Européens ne veulent pas passer, d’ici peu, un hiver sans lumière, ni chauffage.


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