Une campagne européenne gravement faussée

par yann
mercredi 6 mai 2009

Les principaux partis politiques et députés n’abordent pas les sujets de fond liés à l’Union Européennes, sont silencieux parlent à demi-mot sur ses orientations, son bilan 2004-2009, ses projets 2009-2014, au risque d’être incohérents ou infidèles à leurs valeurs et à leurs électeurs. Veulent-ils une inconscience citoyennne permettant le vote réflexe, affectif qui dénature la démocratie ?

Le 5 mai 2009, Sarkozy est allé encore une fois dans une ville UMP (Nîmes) pour y faire un numéro d’autosatisfaction sur l’Europe devant des militants UMP. Etait-ce le Président de la République et de tous les français ou le président de l’UMP en meeting et de la moitié des français qui parlait ? Dans son discours il ne parle pas du Parlement Européen que l’élection renouvelle : les députés européens élus démocratiquement ont-ils un rôle ? La démocratie a-t-elle encore une place dans l’Union Européenne ? Ensuite, Sarkozy parle d’une Europe volontariste (« l’Europe veut, l’Europe peut »), mais pour faire quoi, dans quelle direction ? Pourquoi ne parle-t-il pas de la prochaine Union Transatlantique de 2015 que préparent le Traité de Rome et de Lisbonne, l’intégration dans l’OTAN, le Conseil Economique Transatlantique et le prochain Conseil Politique Transatlantique votés par le députés européens sans que les citoyens le sachent ? Sarkozy dénonce une Europe qui n’a pas le courage d’assumer une politique économique.
 
L’autre Europe dont Sarkozy rêve pour les français, « l’Europe d’après » merveilleuse, ce serait donc une Europe encore plus libérale, plus concurrentielle ? Si c’est ce que les français attendaient, pourquoi reporter le changement, rendu obligatoire par l’Europe, de statut de la Poste en Société Anonyme pour après les élections Européennes (annonce d’Hubert Falco, Secrétaire d’Etat à l’aménagement du territoire, le 5 mai 2009) ? Pourquoi ne pas parler du vote par le parlement européen le 22 avril 2009 du découplage obligatoire d’ici 18 mois entre producteurs et transporteurs d’énergie pour privatiser et libéraliser l’énergie sous le faux prétexte d’un avantage pour les consommateurs (on ne parle plus de citoyens) ? Libre concurrence obligatoire. La loi de la jungle économique et sociale interne et externe à l’Europe est-elle le point culminant des pays qui se disent civilisés et font la leçon à l’Afrique (discours de Dakar de Sarkozy) ? La concurrence étendue sous le nom de « modernisation » peut-elle être la base d’un vivre-ensemble, d’une famille de nations ?
 
De son côté, le PS parle d’un vote-sanction contre Sarkozy. Hors-sujet : Sarkozy n’est pas le président de l’Europe ! Il ne parle pas non plus des projets libéraux Transatlantiques qu’ils ont aidé à voter au Parlement européen depuis 2007. Pourquoi étaient-ils pour le Oui à la Constitution, sans imaginer un plan B non-libéral et non-atlantiste, mais Européen (ce qui n’empêche pas des coopérations libres avec l’Amérique) ? Le PS français est sans projet alternatif réellement socialiste et n’a pas la majorité au Parlement Européen. Le Manifeste du PSE parle dans son introduction d’une Europe "plus démocratique, plus transparente, plus efficace". Beaux discours...
 
Le Modem dénonce la menace d’un modèle français par Sarkozy mais se garde bien de souligner la même menace au niveau européen en votant, par exemple, en faveur du Traité de Lisbonne. Bayrou est-il sincère, cohérent ? Il devrait préciser sa pensée aux citoyens, ces « laissés-pour-compte » du libéralisme et de l’Europe
 
Quels bilans dressent les députés européens français sortants de leur mandats 2004-2009 ? Que seront-ils amenés à voter, à décider pour 2009-2014 ? Quel bilan pour l’Union Européenne pour 2004-2009. Quels projets pour 2009-2014 ? Silences.
 
Le devoir des citoyens est de s’informer, de voter mais aussi d’interpeler leurs élus.
 
Yann

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