Créer 5, 6, 7 millions d’emplois ?

par gem
lundi 5 février 2007

Connaissez-vous Bernard Zimmern ? Moi oui. Beaucoup moins médiatique que Nicolas Hulot, il est en train de tenter le même genre d’opération : un lobbying intense pour obliger les candidats à se positionner clairement sur un sujet. Dans son cas : la création d’entreprises, la création d’emplois. De sept millions d’emplois.

Bernard Zimmern a aujourd’hui largement passé l’âge de la retraite. Ça ne l’empêche pas de développer une activité intense. Polytechnicien, énarque, haut fonctionnaire, il a tourné casaque et a créé sa propre entreprise. De ce point de vue, il est satisfait : il est passé à autre chose : le lobbying politique. Son souci : l’emploi, les entreprises, et l’efficacité publique. Son modèle : les "think tank" américains, efficaces machines à proposer des politiques "clefs en main" qui seront reprises par les politiciens. Car Bernard Zimmern croit certes à l’action politique, mais, d’une part, il ne se voit pas dans un habit d’élu, et, surtout, il estime que les élus sont des gens qui suivent plutôt que des gens qui impulsent. Des musiciens-interprètes (voire, pour certains, de simples "amplis"), mais rarement des auteurs-compositeurs des politiques qui seront jouées. Bernard Zimmern souhaite entendre une certaine chanson, pour ça il est prêt à l’écrire.

En 1985, il crée l’IFRAP ( http://www.ifrap.org/ ). l’IFRAP travaille sérieusement, en fouillant et en analysant, en calculant et comparant. Son agenda n’est pas celui des dossiers de presse officiels, et ça n’est pas non plus celui d’un quelconque parti politique : ses éditoriaux ne changent pas avec la couleur du gouvernement. Sa cible, sa tête de turc, ça n’est ni le gouvernement, ni même l’Etat : c’est l’administration publique telle qu’il la voit, telle qu’il la connaît bien, lui, l’ancien haut fonctionnaire : techniques obsolètes, "machins" et "fromages", mépris du public et syndicats tout-puissants. Sa méthode : dénoncer, avec des sources officielles et des analyses incontestables et proposer, avec des exemples (souvent étrangers). Difficile navigation pour trouver une place entre la marginalité de l’extrémiste, pur mais ignoré, et l’influence du pragmatique efficace, qui doit mettre de l’eau dans son vin.

Vingt ans plus tard, vous ne trouverez pas l’IFRAP dans les rouages des "illuminati", mais le poids que revendique cet organisme, bien que modeste, n’est pas de la forfanterie de sa part (http://management.journaldunet.com/dossiers/040435thinktanks/annuaire/index.shtml). Il organise des colloques dans les locaux de l’Assemblée, fait intervenir des élus poids lourds (présidents de commission, anciens ministres, surtout de droite, mais un peu de gauche aussi) . Son mensuel Société civile est lu et rencontre un écho à l’Assemblée (dans les rangs de la droite, mais aussi de la gauche), dans les cabinets ministériels, dans les couloirs de Bercy.

Nos politiques pensent souvent petit. C’est peut-être dû à leurs liens avec l’administration, où une évolution de plus ou moins 1 %, c’est une réforme, et où la révolution commence à + ou -5%. Mais, quand on attaque sérieusement les gros sujets, il faut bien changer d’échelle. Viser les + 20 % ou les - 50 %. Bernard Zimmern ne demande pas qu’on gagne une fraction de pourcentage sur le taux de chômage, lui, ce qu’il veut, c’est la création de cinq à sept millions d’emplois marchands supplémentaires, à raison chaque année de 300 000 emplois (des vrais, productifs, pas des emplois de domestiques rebaptisés "aide à la personne") ! Impossible, délirant ? Mais il a un exemple : le Royaume-Uni, pays comparable au nôtre à tous points de vue (population, nombre d’assistés, poids du secteur public, etc.), compte 24 millions d’emplois privés contre 17 millions en France. Bernard Zimmern a donc lancé dans ce but une opération distincte de l’IFRAP : http://www.lenjeu2007.fr/ . Et il a obtenu du soutien.

Il a convaincu d’autres organisations de participer à l’organisation d’un colloque. Certaines ne vous sont peut-être pas inconnues puisqu’elles ont une petite place dans les médias : je citerai le Centre des jeunes dirigeants d’entreprises ( http://www.cjd.net/ ), Croissance plus (http://www.croissanceplus.com/index.php, ), Entreprise et progrès (http://www.entreprise-progres.net/ ). François Bayrou, Ségolène Royal, et Nicolas Sarkosy (par ordre alphabétique et entre autres) ne viendront pas eux-même, mais ils se sont quand même fait représenter par des députés de premier plan. La Revue parlementaire, le Parisien-Economie, BFM et La Chaîne parlementaire en sont des partenaires et assureront la couverture médiatique.

Il est bien clair que ça n’est pas un événement de premier plan. Les candidats ne seront pas là en personne, ni la télé et ses animateurs vedettes. Mais on a déjà dépassé le niveau du petit meeting local. Le thème de l’emploi est important, la façon de l’aborder est nouvelle. Une bonne mayonnaise peut prendre : ce qui est au second plan peut passer au premier. Rendez-vous le lendemain du 12 février, après le colloque, pour voir si l’événement et les réponses à la question posée (ou l’absence de réponse, à travers de creux discours xylophoniques), trouvent quand même une place dans les médias, à côté de la dernière petite phrase.

Le sujet le mérite, non ?


Lire l'article complet, et les commentaires