L’irréductible député breton

François Goulard, député-maire de Vannes, fait actuellement l’objet d’une médiatisation forcenée. Rien que cette semaine, il est interviewé par le Journal du dimanche, Canal plus, Marianne2.fr, La Croix, Ouest-France, la radio... L’homme a fait parler de lui en rejoignant François Bayrou lors de la campagne des présidentielles de 2007, mais il est finalement revenu dans les rangs de l’UMP, sans pour autant perdre sa liberté de pensée et de ton. Désormais classé villepiniste, il ne s’en défend pas mais déclare que le "villepinisme" n’est pas un courant politique.

François Goulard a marqué sa différence avec Sarkozy sur les questions des tests ADN, sur le Tchad, sur l’affaire EADS. Il fut le seul député UMP présent au rassemblement contre l’amendement Mariani (tests ADN dans le cadre de la loi sur l’immigration) au Zenith le 14 octobre 2007, ce qui lui a valu d’être vivement rappelé à l’ordre par François Fillon. "Je suis de droite, dit Goulard, c’est l’UMP qui ne l’est plus depuis sa sarkoïsation." Il affirme haut et fort ce que les députés UMP n’osent pas dire : le parti, c’est Sarkozy qui en est le chef et les confrontations de points de vue en sont proscrites. "Les réunions de l’UMP n’ont strictement aucun intérêt." François Goulard tranche avec la majorité des moutons de Panurge de l’UMP ; il a une conception classique du travail du parlementaire, venant le plus souvent qu’il lui est possible à l’Assemblée nationale pour travailler sur les dossiers. C’est un bosseur. "Un parlementaire a le devoir de donner son avis" et il ne s’en prive pas. Patrick Balkany le classe dans la catégorie des "connards", selon le langage usuel d’une certaine UMP représentée par Sarkozy (pour mémoire : "sale connard" à Azouz Begag) et Devedjian ("la salope" à propos d’Anne-Marie Comparini).

Après la récente visite de Sarkozy aux Etats-Unis, François Goulard écrit sur son blog : "Y a-t-il encore des gaullistes dans notre pays ? Ce qui m’étonne, c’est le silence qui a accompagné cet événement majeur. Serais-je le seul à être animé de convictions gaullistes ? Ceux, et ils sont nombreux au sein de l’UMP, qui ont toujours approuvé la politique d’indépendance de la France, les prises de position singulières de notre pays, sa volonté de disposer de ses propres capacités de défense, ont-ils en même temps que le président de la République prononçait son discours, changé brusquement d’opinion ?" Je me pose les mêmes questions...

François Goulard est candidat à sa réélection à la tête de la mairie de Vannes en 2008, et ne cache pas ses ambitions pour la région dirigée par le socialiste Jean-Yves Le Drian, un homme qui avait refusé la proposition de Sarkozy d’entrer dans son gouvernement. Un autre irréductible ?