La Révolution orange en campagne pour les législatives

par Phileas
jeudi 31 mai 2007

Chantal Brault se présente dans la 13e circonscription des Hauts-de-Seine sous la bannière du Mouvement démocrate, contre Patrick Devedjian. Elle fait partie de ces nouveaux élus qui ont rejoint François Bayrou afin de construire une troisième force dans le paysage politique du pays. Pour AgoraVox, elle a accepté de répondre à quelques questions directes.

AgoraVox : Patrick Devedjian, secrétaire général délégué de l’UMP, a souhaité jeudi que la majorité présidentielle "gagne fortement les élections législatives" et obtienne "la majorité absolue" à l’Assemblée nationale. Qu’en pensez-vous ?

Chantal Brault

 : Appeler à cette majorité absolue est bien le signe d’une volonté de verrouiller absolument toute la diversité d’expression, la représentation des courants qui ont légitimité à faire entendre leur voix pour que vive la démocratie. Cet appel est très inquiétant et laisse entrevoir une bien préoccupante dérive du rôle de l’Assemblée nationale qui devrait être garante du fonctionnement équilibré de nos institutions.
L’UMP possède déjà tous les leviers de commandes politiques et économiques : l’Assemblée nationale, le Sénat, de grands groupes industriels et la proximité affichée à de très grands groupes de médias. Ceci pose une question sérieuse aux républicains que nous sommes. Qui va défendre les Français occupés dans leur travail ou dans leur recherche de travail dans ce ballet de communication ? Chacun a pu ressentir chez François Bayou la détermination à prendre tous les risques politiques pour défendre ses idées et ses valeurs sans un aréopage de consultants et de conseillers dont le rôle est de vendre de l’image inlassablement.

Il a privilégié la pensée plutôt que la propagande.

AV : Etes-vous de gauche ou de droite ?

Chantal Brault

 : Il y a maintenant, non plus deux familles politiques principales en France, mais trois. En effet, il faut bien prendre en considération cette force du centre, démocratie du centre, qui fédère et rassemble, mouvement central de la vie politique française qui se trouve ainsi changée.

Pour résoudre les problèmes principaux du pays, il faut être capable de faire travailler ensemble des gens différents. Ce n’est pas une habitude française. Mais peut-on résoudre le problème des banlieues camp contre camp ? Dans des endroits où la jeunesse se désespère, où le chômage touche 40% de la population, où les gens se sentent abandonnés, le Mouvement démocrate veut apporter une offre politique différente.

Ce vote d’adhésion massif qui vient vers nous de façon si spontanée est mué par le besoin que ressentent ces citoyens d’un nouveau mouvement prêt à parler pour eux, d’une même voix, sans monter une France contre une autre, sans établir un rapport de force permanent, sans utiliser un discours anxiogène construit autour de la réussite individuelle, de la victimisation et du retour à l’ordre, quitte à brader le lien social pour parvenir à ses fins.

La France a besoin d’une autre famille politique pour régler les problèmes qui déchirent la société française, une famille qu’incarne le Mouvement démocrate.

AV

 : Mais l’ouverture au centre et à la gauche réalisée par ce nouveau gouvernement vous coupe l’herbe sous le pied tout de même ?

Chantal Brault

 :

Le ralliement n’a jamais été le rassemblement. C’est même le contraire. Ceux qui réussissent à changer le monde ne sont jamais ceux qui cèdent aux pressions et à la crainte. Le rassemblement s’annonce avant un premier tour d’élection, lorsque le projet se construit. Et c’est aux Français de choisir, d’avaliser ou non tel projet le jour d’une élection.

Le rassemblement c’est se mettre autour d’une table pour trouver des solutions aux problèmes de notre pays en y apportant des réponses concrètes, pas de servir de « faire valoir » à une force politique en signant une feuille de route qui vous laisse pieds et poings liés et vous empêche d’affirmer votre différence.

Il n’est pas question d’imposer aux Français d’être au service du pouvoir, c’est bien le pouvoir qui doit être au service des Français.

AV

 : On a quand même le sentiment que vous tapez plus souvent sur la droite que sur la gauche. Est-ce pour flatter les nouveaux adhérents qui vous ont rejoints, issus plutôt de la gauche ?

Chantal Brault

 :

Le Mouvement démocrate s’est construit spontanément autour d’hommes et de femmes que personne n’est allé chercher pour de quelconques petits arrangements. 75 000 adhésions en l’espace de quelques semaines. Sans publicité, sans dépenser un seul euro.

Notre liberté politique c’est d’être capable d’approuver ce que nous estimons juste, et c’est aussi être capable de s’élever et de dire non lorsque les choses ne vont pas dans le sens du projet que nous voulons pour notre société. La caractéristique du centre, c’est d’être au centre. Ce n’est pas se situer à droite de la gauche ou à gauche de la droite. Pour en revenir à la gauche, qu’observons-nous dès le début de la campagne présidentielle ? L’appareil du Parti socialiste est à bout de souffle, exténué par des luttes internes, incapable pendant la campagne de sauver les apparences. Des courants portant des projets de société incompatibles entre eux. Un parti déchiré en fin de cycle qui n’est plus capable en l’espèce de proposer au pays une alternance claire, constructive et sereine.

Pour les présidentielles, près de la moitié, 46% exactement, des électeurs ont voté contre quelqu’un au deuxième tour. Les Français ont voté par rejet de l’autre candidat. Il faut maintenant qu’ils puissent voter pour. Il faut donc renouveler le paysage politique français. C’est pourquoi il y a dans chaque circonscription un candidat ou une candidate qui porte le projet de renouvellement de François Bayrou. C’est la raison de ma candidature.

AV

 : Imaginons une triangulaire au soir du premier tour des élections législatives. Que faites-vous ?

Chantal Brault

 : Je me présente pour gagner même si nous savons que le scrutin majoritaire constitue un obstacle de taille au pluralisme et à la diversité. C’est la raison pour laquelle nous devons nous battre pour obtenir un groupe parlementaire dans la prochaine Assemblée qui soit une force de proposition, qui soit capable de déposer son veto ou de présenter des propositions de lois. C’est essentiel pour la bonne santé d’une démocratie. Par principe, notre mouvement se veut libre. Nous avons toujours refusé de faire allégeance à un parti ou à un autre. Si toutefois une telle éventualité se présente, je prendrai mes responsabilités, en accord avec François Bayrou, dans l’intérêt de la circonscription, dans le respect des électeurs qui me font confiance.

Pour en savoir plus :

http://www.chantalbrault.fr


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