Le trésor des Osimes

par Voris : compte fermé
vendredi 21 décembre 2007

Découvert au printemps 2007, un trésor de 545 monnaies enfouies dans l’enclos d’une ferme gauloise, à Laniscat (Côtes-d’Armor) vient seulement d’être porté à la connaissance du public. Il s’agit du plus important dépôt monétaire mis au jour en Armorique.

La découverte du trésor remonte au printemps dernier, mais le secret a été jalousement...- enfoui !- par l’équipe des archéologues. Il fallait, en effet, le tenir à l’abri des pilleurs le temps de le mettre au jour totalement. Au marché noir, certaines de ces pièces se négocieraient en effet plusieurs milliers d’euros.

Qui sont les Osimes et les Vénètes ?

Au IIe siècle avant J.-C., la péninsule armoricaine est divisé en cinq cités ou états. A l’Ouest, les Osimes occupent l’actuel Finistère et la moitié des Côtes-d’Armor. Vers 320 avant J.-C., le navigateur Pytheas longe le territoire des Osimes. Le peuple des Vénètes est considéré comme le plus puissant des peuples d’Armorique tant sur le plan du commerce que sur celui de la navigation. Il occupait l’actuel Morbihan et il a donné son nom à la ville de Vannes.

Pour Jules César, dans sa "Guerre des Gaules", il n’y a aucun doute : les Vénètes (dont la puissance l’impressionne) ont exercé leur suprématie sur tous les peuples de l’Armorique. Les livres d ’histoire ont repris cette thèse. Or, aujourd’hui, le trésor fabuleux de Laniscat éclaire d’un jour nouveau la puissance de la cité des Osismes que l’on croyait jusqu’alors, à tort sans doute, sous la dépendance des Vénètes.

De quoi se compose le trésor de Laniscat ?

Il est composé de 545 monnaies dont 58 statères et 487 quarts de statères. Il faut savoir qu’à partir de la fin du IIe siècle avant J.-C., chaque cité armoricaine battait sa propre monnaie, imitée de statères (monnaie utilisée dans la Grèce antique) frappées par Philippe II de Macédoine. Toutes ces monnaies comportaient des effigies stylisées. Sur les pièces découvertes à Laniscat, finement ciselées, on distingue nettement une tête de cheval, un sanglier, un homme tenant une lance, des motifs floraux, etc.

Le mystère du trésor :

Pourquoi a-t-il été caché ? La composition de l’alliage permet de situer l’enfouissement entre 75 et 50 avant J.-C. : peut-être le le trésor a-t-il été caché lors de la conquête de la Gaule par les Romains, puis le site abandonné vers 50 de notre ère ?

A quoi pouvait bien servir un tel magot ? Philippe et Alexandre rémunéraient avec des statères leurs mercenaires gaulois, intrépides et surtout armés des meilleures épées et boucliers de l’époque grâce aux forgerons gaulois rompus dans l’usage du fer. Ce trésor était-il destiné à payer une armée ? Ce qui est sûr en tout cas, c’est que ce trésor considérable n’a rien d’une bourse pour les achats courants. D’ailleurs les Osimes pratiquaient le troc y compris dans le commerce international avec les Grecs et les Romains.

Après la lyre, la tirelire ! En 1988, une remarquable statuette de 48 cm, "le barde à la lyre", avait été découverte non loin de là, à Paule. Le vice-président du Conseil général des Côtes-d’Armor envisage désormais de saisir l’opportunité de cette manne monétaire, pour casser la tirelire et créer un musée dans son département.

Illustration : Le Barde à la lyre (photo Eugène le Droff)


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