Robinson cambré cherche Vendredi

par L’enfoiré
mercredi 23 septembre 2009

Le 27 aout, le "Journal des vacances" de la RTBF l’annonçait aux actualités : le Chalet Robinson est reconstruit. L’envie pour jouer à Robinson sans quitter Bruxelles, tous les Bruxellois le connaissaient au cœur du Bois de la Cambre sur l’île du même nom. Souvenirs d’enfance et histoire déjà longue de ce bois de la Cambre créé sur une petite partie de l’espace de la Forêt de Soignes.

Fait divers local, par excellence ? Pas vraiment.

Pour le Bruxellois, le Bois de la Cambre représente beaucoup de moments de relaxations dominicaux, de souvenirs et de rêveries en toutes saisons et à toutes les époques.

Le Bois de la Cambre a toute une histoire. L’île Robinson, avec son chalet au centre, aussi.

En 1870, sous Léopold II, l’avenue Louise percée et débouche sur le Bois de la Cambre inauguré, lui-même, artificiel, et le lac creusé pour en faire rebondir l’île Robinson. Problème ardu, l’eau s’évaporait ou passait dans la nappe phréatique. Il a fallu quelques temps pour le résoudre.

L’été, c’était le canotage, l’hiver, le patinage sur la glace. Fréquenté les après-midi des weekend, ce fut un succès complet jusqu’à l’automne 91, avec son enseigne "Café-Tea Room".

"Au XIXe siècle, le bois était un lieu incontournable de la capitale. Guinguettes et kiosques y assuraient une ambiance bon enfant et l’endroit était très fréquenté", explique l’échevin en charge des Propriétés communales, Mohamed Ouriaghli.

Le Bois de la Cambre est aménagé comme un havre de paix et aussi pour la beauté des yeux. Beaucoup de points de vue très connus des Bruxellois qui aiment se promener les après-midi d’été dans ses chemins boisés pour se retrouver au centre face à son lac creusé et son île Robinson artificielle.

Il a inspiré également beaucoup de peintres.

Commencé en 1863, peut-être, un vendredi, la première version de ce chalet a connu les beaux jours de ses visiteurs venus déguster glaces et crêpes sucrées. Véritable but de promenades, les beaux jours des weekends.

En 1896, première catastrophe, il était parti en fumée, mais c’est lors l’incendie de 1991, qu’il ne resta rien.

Perdu corps et âme ce beau chalet faute d’interventions immédiates. D’accès difficile, les pompiers devaient traverser le lac en pédalos pour éteindre le feu. Réduit en cendres, il faisait pauvre figure. Plus rien pendant près de vingt ans. On commençait à désespérer qu’il renaisse un jour. Le bac qui le traversait, resta inoccupé et ne traversa plus le lac pour atteindre l’île artificielle en face. Perché sur l’île du lac, son absence faisait tache sur l’horizon dans la désolation.

Dix-huit ans d’attente, jusqu’à fin de mai dernier, voici, le renouveau, le chantier de reconstruction ouvrait ses portes.

Des accords avec les autorités de la ville allaient, enfin, changer cette désolation à la vue de tous. Reproduction à l’identique de la version de 1877 et de style très tendance, le chalet doit garder son côté convivial et chaleureux de l’époque, est-il dit. Les visites doivent reprendre comme par le passé.

La reconstruction a eu ses détracteurs. Havre de paix pour les oiseaux ou partagé avec les hommes ? 

En béton dans la version précédente, cette fois, c’est vraiment en bois. Bois ignifugé, on l’espère. Deux incendies sans son histoire, cela commence à faire beaucoup. Il faut dire qu’il n’est pas le seul à avoir subi le même sort. Véritable hécatombe. Trois autres pavillons, en parties classés, renaissent de leurs cendres dans le Bois de la Cambre. Le Chalet du Gymnase, connu par sa Patinoire à roulettes l’été, à glace l’hiver, le Chalet Rossignol qui loge les "Jeux d’Hiver" après un incendie criminel en 2005 et le Pavillon des Chasses. Tout pour redonner le lustre d’antan au Bois de la Cambre.

En plus de ces rénovations, une ASBL intégrant la Ville, les amis du Bois et les différents concessionnaires va ainsi être mise sur pied. "L’objectif est de faire connaître les différentes activités qui ont lieu au bois de la Cambre, explique Serge Van der Heyden, membre de l’ASBL. Différentes cartes thématiques, concernant la flore, la faune, mais aussi l’écologie, le patrimoine et l’histoire seront distribuées aux promeneurs".

Autour du lac, ce sera tout se qui roule, ce qui court ou ce qui marche.

En son centre, dernier de la série, le Chalet Robinson, a, donc, réouvert.

Préparez les pédalos pour cet automne ensoleillé, tirez le bac qui le relie à la berge et huilez ses treuils électriques.

Car, après les gaufres et les glaces, on se prépare au Chalet à plus grand encore. Il faudra être encore plus rentable après cet investissement. Réceptions, dîner de galas, mariages, tout y sera prévu. On pourrait même y chercher son Vendredi, bien cambré.

Une île entre le ciel et l’eau ?, chantait Jacques Brel en parlant des Marquises du Pacifique. En plein cœur de Bruxelles, bien loin des eaux bleues du Pacifique, on aime aussi jouer au Robinson.

2009, l’année où la Cambre sortira définitivement du bois et les gens y rentreront ?

Après les images d’hier, cliquer pour voir les images d’aujourd’hui

 

L’enfoiré,

 

Citations :

 

  • « Chaque étincelle est à elle seule tout l’incendie ; elle le porte, l’augmente, le diffuse », Jean Marcel

  •  « Si vous voulez aller sur la mer, sans aucun risque de chavirer, alors, n’achetez pas un bateau : achetez une île ! », Marcel Pagnol


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