Trois questions à une députée en campagne ...

par Manuel Atreide
jeudi 31 mai 2007

Après le cyclone des élections présidentielles, alors même que la déception est une fois de plus au rendez-vous, je me suis penché avec attention sur les élections législatives, qu’on présente comme d’ores et déjà perdues pour la gauche. Mais ces élections, que tout le monde néglige, ou minimise, dans les médias et, semble-t-il, dans les états-majors des partis, ont une originalité, une unicité qui en fait sans doute le scrutin le plus exotique, le plus atypique, le plus passionnant de notre vie politique française.

Qu’est-ce qu’un député  ? C’est une femme ou une homme que nous élisons pour nous représenter, pour agir en notre nom dans ce que le pouvoir du peuple souverain a de plus fort : le pouvoir législatif. Par le biais de nos députés, nous disons la loi. Nous la faisons, nous disons ce qui est interdit.

Pour cette tâche si importante, nous élisons une personne, dans le cadre d’une circonscription. Le député a une attache locale. Pour autant, le député n’est pas la voix des électeurs de sa circonscription, mais l’expression du peuple dans son entier. Elu localement, son rôle est national. C’est peut-être cette schyzophrénie, cette dychotomie entre son mode d’élection et son mandat qui font du député un personnage si fantasmé dans l’inconscient politique des Français.

Lors d’une réunion politique, j’ai rencontré une femme députée qui se représente dans sa circonscription, celle où j’habite, celle où je vote. Elle se nomme Martine Billard. Elle appartient au parti des Verts. Elle a accepté de répondre à une interview. Je lui ai posé trois questions, à travers lesquelles je voulais avoir un regard plus limpide sur une députée " de base ". Voici ses réponses.

Quel est votre bilan de députée ?

Je suis toujours frappée par la difficulté pour une bonne partie de nos concitoyens d’identifier leur député, en tous les cas à Paris. D’ailleurs, une étude de l’IFOP indique que 55% de nos concitoyens ne connaissent pas le nom de leur député. Cela ne m’étonne pas, car combien de fois ai-je entendu : « vous êtes députée, vous êtes à l’Hôtel de Ville ». Et quand, je réponds « non, je siège à l’Assemblée nationale », il m’arrive souvent de voir passer comme un sentiment d’incompréhension dans les yeux de mes interlocuteurs. Mais à quoi sert un député  ? A voter les lois et défendre les intérêts de sa circonscription à l’Assemblée, ou à rester dans la circonscription ? Les attentes des électeurs sont plutôt ambivalentes. Ils râlent contre les bancs vides à l’Assemblée mais veulent en même temps que leur député se consacre en priorité à la circonscription. Pour ma part, j’ai la chance d’être députée de Paris. Je peux donc à la fois avoir une forte présence lors des débats de lois et assurer une présence maximum dans tous les évènements se déroulant dans la circonscription. Pour ce qui est de l’Assemblée, le classement du magazine L’Express parle pour moi : 13e sur 577.

Pourquoi briguer un nouveau mandat ?

Dans l’Assemblée sortante, nous n’étions que trois députés Verts. Les enjeux climatiques et environnementaux sont immenses. La présence de députés portant des convictions écologistes est donc indispensable. C’est une première raison pour me représenter.

Farouche partisane du mandat unique, surtout pour les parlementaires, j’ai pu me consacrer pendant cinq ans à mes fonctions de députée. Je fait partie de la faible proportion de femmes députées (12,3%), des 54 sur 577 députés, ne cumulant pas avec un autre mandat, et de la faible proportion des députés venant du secteur privé comme simple salariée. De plus, j’ai une expérience de déléguée du personnel en PME et de passage par la case ANPE. Ce profil très particulier dans une Assemblée massivement masculine,et très peu issue du monde salarié des petites entreprises du secteur privé me semble une seconde raison pour justifier ma candidature.

Pendant les cinq ans, un gros travail a été accompli avec tous les réseaux associatifs et professionnels présents dans la circonscription : parents d’élèves, anciens combattants, anciens déportés, victimes de discriminations notamment au travail, luttes contre les exclusions, locataires en butte à la spéculation, aux expulsions et aux ventes à la découpe, salariés du commerce, associations de quartiers. Pendant ma campagne de 2002, j’avais pris l’engagement d’organiser des débats préparatoires sur des textes de lois : je l’ai fait à propos de la réforme de l’assurance maladie, de la loi « fin de vie » de la loi Borloo de cohésion sociale, de la loi sur les droits d’auteurs (DADVSI), de la loi sur l’avenir de l’école, du CPE, des ventes à la découpe. Cela m’a permis de porter dans les débats à l’Assemblée nationale les remarques fort judicieuses portées par les réseaux de circonscription. C’est une troisième raison pour continuer.

Si vous êtes élue, quels sont vos objectifs et priorités ?

Conjuguer le local et le global, en articulant les propositions nécessaires dans la circonscription avec les interventions sur les lois. Mes priorités porteront donc sur :


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