Deux filles de la Loire d’un peu plus bas

par C’est Nabum
lundi 7 janvier 2013

Bonimenterie vraie ...

Le Rio n'est plus infranchissable.

Il était deux filles de la Loire d'un peu plus bas, venues rendre visite de courtoisie aux mariniers de la Loire du milieu. Tout est prétexte à sortir un bateau pour partager le bonheur de la rivière. C'est ainsi que pour l'occasion, nous nous lançâmes dans une nouvelle folle aventure. Briller devant des visiteuses, c'est le pêché mignon du marin fripon. N'échappant pas à cette douce perversion, mon Capitaine et ses matelots jouèrent la partition de la sortie d'anthologie. 

La Loire était haute, le moment opportun pour tenter ce que personne n'avait jamais fait en dehors des frêles embarcations que l'on nomme canoë ou bien kayak. Notre grosse toue allait s'essayer à remonter le Rio, ce petit bras qui autrefois était la grande Loire en des temps d'avant la construction du Dhuys. C'est ainsi que l'Île Charlemagne était alors au milieu du fleuve.

Le Rio est devenu un petit bras étroit envahi par la végétation, barré d'arbres couchés et creusé dans un passage encaissé. Large de jamais plus de 5 ou 6 mètres, il ne laisse que bien peu de marge de manœuvre à notre gros bateau. C'est ce qui fait le plaisir de ce défi et le désir de réussir ce qu'aucun marinier sérieux n'a jamais tenté.

Les deux filles d'un peu plus bas trouvèrent le pari à leur goût. C'est qu'elles ont l'habitude de naviguer et que manier la bourde ou bien le torchon ne leur fait pas peur. Elles eurent souvent à pousser du bâton quand la voile resta sur le pont car il fallut abattre lle mât pour passer sous les arbres et les ponts.

Il n'est guère possible de traduire en mots cette navigation absurde, ce slalom sous les branches, ce passage taillé à coups de branches cassées et de débris végétaux. Nous avions sur le moment l'âme d'explorateurs remontant un Bayou ou bien l'Amazone. On se fait des films quand on est restés enfant , nous ne nous en privons pas !

Il fallut aussi trouver des astuces pour franchir le dernier obstacle qui nous barrait le retour en Loire. Un pont si bas que nous dûmes abaisser la « piautre » et nous plaquer sur le plancher. Nous avions que 5 petits centimètres de marge, les dieux des fous étaient ce jour-là avec nous. Il n'est pas plus beau plaisir alors que de retrouver la rivière, majestueuse et brumeuse. Nous étions encore des aventuriers de l'inutile.

Pour célébrer ce succès qui ne fera jamais la une des journaux, nous n'avions plus envie de nous quitter. Seigneurs sur l'eau et gueux à terre, il nous fallait faire ripaille et lever le verre. C'est ainsi que tout finit dans notre pays, autour d'une table hérissée de belles bouteilles de nos vins de France.

Nous avions un marinier rubicond à la bouche en cul de poule, il ne fallut pas longtemps pour qu'il nous ponde un conte tout neuf. Pour une demoiselle gironde, un Bordeaux libéra sa bonde. L'autre était coquine, elle ouvrit un vin d'épines. Afin que personne ne se lasse, on but encore un crémant d'Alsace.

Pour que personne ne grogne on n'oublia pas le Bourgogne. Et comme on est en bord de Loire, on se mit tous à bien boire. La soirée fut des plus belles, elle ne fut ni modérée ni raisonnable. On peut bien se permettre de petits débordements quand deux filles de la Loire d'un peu plus bas viennent sur nos terres.

La prochaine fois, à n'en point douter, quand nous irons leur rendre leur visite, nous aurons droit, à notre tour, à ce partage de délices. La Loire est rivière tumultueuse, nous en avons compris sa richesse. Elle nous a transmis un étrange et merveilleux virus. Vous nous pensez mariniers et marinières, nous ne sommes en fait que des grands enfants sans manières !

Passionnément sien

Photographies et cascades : 

Le Capitaine de la Sterne

et tout son équipage

et notre Loire en vedette permanente

à suivre ....

 


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