États-Unis : le parti démocrate courtise l’Amérique religieuse

par Europeus
mardi 6 décembre 2005

Après l’échec de novembre 2004 et à l’approche des élections de mi-mandat, le parti démocrate révise sa stratégie de campagne. Lors des dernières élections présidentielles, le parti républicain l’a emporté haut la main sur les valeurs morales et recueilli les voix pratiquantes jusque dans les bastions démocrates, grâce notamment aux référendums dans de nombreux États sur des sujets de société tels que le mariage homosexuel. C’est donc la frange religieuse de l’Amérique - pré carré républicain - que les démocrates tentent de reconquérir. Tandis que la cote de popularité du président Bush est en berne, et que le parti républicain est submergé par les affaires, il demeure que les démocrates ne bénéficient pas pour autant d’une meilleure image au sein de l’opinion publique. Pour inverser la tendance, le Comité national démocrate (DNC) et son leader, Howard Dean, ont lancé une réflexion sur les valeurs éthiques et religieuses, et mis en place des « ateliers sur la foi » à la Chambre des représentants et au Sénat.

Les démocrates ont fort à faire pour se rapprocher des fidèles. Craignant jusqu’alors d’indisposer une base multiconfessionnelle et laïque, le parti démocrate a toujours évité de s’engager sur le terrain religieux, mais ce retrait lui a coûté cher face à une opposition qui surfe sur la vague depuis plusieurs décennies. La défaite de John Kerry au sein de l’électorat catholique aura servi d’électrochoc. Le jeu en vaut la chandelle, comme l’a prouvé la victoire du gouverneur Tim Kaine dans le fief républicain de Virginie. Catholique pratiquant, le démocrate n’a pas hésité à fonder sa campagne sur le thème de la foi et à courtiser l’Amérique évangéliste sur les radios chrétiennes. Une stratégie qui fait des émules, et pourrait devenir le nouveau vade-mecum du camp démocrate. Reste cependant aux démocrates à manier avec habileté des questions morales et sociétales, véritable pomme de discorde au sein de la nation américaine, et à éviter les tentations purement démagogiques qui ne pourraient que renforcer un brouillard politico-religieux déjà exacerbé.

Catherine Croisier est chercheur associée à l’Iris

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