6 milliards d’Euros de subventions de préadhésion versées à la Turquie et silence des médias !

par Hieronymus
lundi 1er mars 2010

La Cour des comptes européenne au Luxembourg a validé le 22 octobre 2009 un rapport indiquant comment la Commission devra verser plus de 6 milliards d’Euros à la Turquie dans le cadre de sa « pré-adhésion » ! Ce rapport de la Cour des comptes européenne intitulé « La gestion, par la communauté européenne, de l’aide de préadhésion en faveur de la Turquie » a été rendu public le 15 janvier 2010 … Il est pour le moins étrange qu’aucun média « officiel » n’en ait parlé, sans doute parce que la communication de ce rapport au grand public risquait d’être embarrassante à plusieurs niveaux et pas que pour les instances européennes !
 
1) L’énormité des sommes versées (voir partie 2) ne laisse plus guère planer de doute sur la volonté des instances européennes d’intégrer « à terme » la Turquie comme membre à part entière de l’Union Européenne même si on s’emploie à faire croire aux populations que rien ne serait encore décidé :
La Turquie est actuellement, avec la Croatie et la république de Macédoine, l’un des trois pays candidats à l’adhésion à l’Union européenne. Pour chaque pays candidat, l’UE met en place un « partenariat pour l’adhésion ». Celui relatif à la Turquie a été adopté en 2001 et actualisé en 2003, 2006 et… 2008 ! C‘est à dire plus d‘un an après donc l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République française… Lui qui s‘est déclaré tellement opposé à l’entrée de la Turquie dans l’UE n’aurait donc pas autant de pouvoir à Bruxelles qu’il le prétend ? Ou n‘aurait-il pas tout simplement au nom d‘une bienséance politique décidé de renier ses idéaux de campagne (s‘il en a jamais eu) afin de se conformer à l‘idéal proatlantiste d‘une Europe élargie qui ne serait plus qu‘une vaste zone de libre échange ? Cet enregistrement vidéo (exploité ensuite par de Villiers auquel je ne m‘associe nullement) où l‘on voit la représentante du groupe UMP au Parlement européen voter sans hésitation en 2006 les crédits de pré-adhésion de la Turquie pour la période 2008-2010 qui passent donc comme une lettre à la poste (voir vidéo, excusez à la fin le groupe Libertas) indiquent bien les dispositions de longue date de la majorité présidentielle ; plus précis et beaucoup plus documenté ce document* qui par delà les discours officiels rassurants montre l‘ensemble des reniements du chef de l‘état vis à vis de ses promesses électorales, l‘évènement le plus marquant étant sans doute le 21 juillet 2008 (II 2) lorsque les députés et sénateurs UMP ont voté pour la suppression du référendum obligatoire (art. 88-5) de soumettre au référendum toute nouvelle adhésion d’un Etat à l’Union européenne faisant ainsi sauter le verrou d‘un niet potentiel du peuple français à l‘entrée de la Turquie dans le club européen, après un coup comme celui-là la messe est dite !
En résumé pour la majorité présidentielle comme pour en gros le PS, l‘adhésion de la Turquie à l‘UE, ce n‘est jamais dit clairement mais de fait c‘est déjà décidé, circulez y a rien à voir...
* ce document est à prendre avec des pincettes concernant les commentaires car émanant du même groupe politique présidé par de Villiers, néanmoins il indique une bonne chronologie des évènements et les faits sont les faits quoiqu‘on veuille.
 
 
2) Pays de près de 80 millions d’habitants, la Turquie est un gros morceau à « intégrer » et cela est déjà très perceptible au niveau du montant des subventions de pré-adhésion, celles-ci sont détaillées chronologiquement sur le tableau résumé ci-dessous, étalées sur une période allant de 2002 à 2013 elles vont crescendo avec le temps avec une moyenne de quelque 510 millions d’euros par an, elles se terminent en 2013 sur un montant de 936 millions tel que l’indique le tableau résumé ci-dessous :
 
Année
Millions €
Document source indiquant le montant de la subvention
2002
126
Rapport spécial n°16/2009 Tableau 1, page 10
2003
145
Rapport spécial n°16/2009 Tableau 1, page 10
2004
237
Rapport spécial n°16/2009 Tableau 1, page 10
2005
278
Rapport spécial n°16/2009 Tableau 1, page 10
2006
463
Rapport spécial n°16/2009 Tableau 1, page 10
2007
497
European commission enlargement Turkey Financial assistance
2008
539
European commission enlargement Turkey Financial assistance
2009
566
European commission enlargement Turkey Financial assistance
2010
654
European commission enlargement Turkey Financial assistance
2011
782
European commission enlargement Turkey Financial assistance
2012
899
European commission enlargement Turkey Financial assistance
2013
936
Rapport spécial p.11 §4 : 4873 M. € - 3937 M. € (2007-2012)
Total
6122
total APT 1249 Millions € + total IAP 4873 Millions €
 
Qu’on songe un peu, 6,122 milliards d’euros, c’est 3 fois ce qu’aura coûté à la France la gabegie de la vaccination contre la fausse épidémie de grippe, ces 6 milliards sont il est vrai répartis sur l’ensemble de l’Union européenne, pas que sur la France, il n’empêche, un peu cher tout de même, laisse craindre le pire pour l’avenir comme va le montrer encore mieux la partie 3) qui suit ;
 
 
3) Ce fameux rapport publié le 15 janvier dernier indique pour qui sait déchiffrer le langage technocratique que l’usage peu conforme à ses objectifs de départ qui a été effectué de ces subventions (absence de traçabilité pour employer le jargon homologué) inaugure mal de la fiabilité de ce futur nouvel adhérent, il n’y a qu’à lire les 54 pages du dit-rapport  ;
Pour qui n‘a pas envie de lire ce long rapport ennuyeux de la Cour des comptes rédigé en langage très lissé et parfois assez abscons, le parcours de la Table des matières en page 5 est un vrai petit régal suffisant pour se forger une opinion sur le fond, il suffit de voir les têtes de chapitre résumées :
 
§13-19 : les documents stratégiques du conseil et de la commission n’ont pas permis d’orienter pleinement les aides de l’UE en fonction d’un ensemble d’objectifs réalisables
Déjà tout est dit pour qui sait décrypter le langage des technocrates, cela veut dire quele fric a été claqué n’importe comment et ce sans retour possible !
§22-29 : manque de rigueur dans la sélection des projets APT (aide de préadhésion à la Turquie)
Ça veut dire qu’ils ont soutenu le plus souvent n’importe quel projet…
§38-47 : le DIS (système de mise en œuvre décentralisée) n’a pas permis de mettre en œuvre en temps opportun les projets contrôlés, mais des mesures correctrices ont été prises depuis
Nous voilà heureusement rassurés !
§54-59 : les problèmes liés à la mise en œuvre n’ont pas toujours été signalés
Y a une logique dans la corruption, qui est de retarder le plus possible sa découverte…
 
La Cour pense « rattraper le coup » en passant de l’APT (système en place de 2002 à 2006) à l’IAP (Instrument d’aide de préadhésion de 2007 à 2013), cela ne change pas grand-chose car l’argent confié à cette nouvelle usine à gaz est toujours en grande partie gérée par les autorités turques, pas besoin d’être grand clerc pour se douter que les fonds versés vont à nouveau se perdre comme l’eau dans les sables du désert, tous ces machins à subventions (aux frais du contribuable européen) partent toujours des meilleures intentions du monde, en pratique ils débouchent sur des systèmes de pompe à fric qui va filer dans la poche de quelques initiés, d’ailleurs comment pourrait-il en être autrement dans un pays qui n’a que des notions approximatives de comptabilité nationale quand on voit déjà dans nos pays occidentaux l’absurdité de nombre de programmes subventionnés en dépit de la rigueur proclamée des instruments de contrôle, bref rideau !
Il faut aussi être conscient qu’une fois ces « aides » versées, l’argent ne revient jamais, plus jamais !
 
 
Que penser en conclusion ?
De Gaulle parlant de l’ONU disait « ce machin », la tragédie est qu’on est tenté d’utiliser le même terme concernant l’Union Européenne qui ressemble de plus en plus à un organisme extrêmement budgétivore, sorte de monstre géant mais dont l’organisation du pouvoir et les procédures de prises de décision demeurent opaques, on a progressivement abouti au fil du temps à une organisation oligarchique qui ne dit pas son nom et dont les compétences supranationales s’imposent de toutes façons aux Etats qui en sont membres, l’exemple de l’intégration forcée de la Turquie le démontre, on agit en fonction d’objectifs politiques et idéologiques qui ne tiennent nullement compte de l’intérêt des citoyens de l’Union car tout indique que cette intégration se révèlera 1) extrêmement coûteuse et problématique à tous les niveaux 2) elle provoquera chez les membres de l’UE une dénaturation du sentiment de conscience européenne qui pouvait encore subsister … et bien de toutes ces objections pertinentes, les instances européennes n’en ont cure et décident de passer en force, vaille que coûte ! Cela montre que l’esprit européen est déjà mort de facto…
 
Hiéronymus, mars 2010
 

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