9 milliards de dollars : le prix du racket étasunien pour BNP Paribas

par Laurent Herblay
mardi 1er juillet 2014

Après des semaines à avoir animé notre actualité, du moment où les négociations ont transpiré dans les médias, BNP Paribas a fini par se mettre d’accord avec la justice étasunienne pour payer une amende de 9 milliards de dollars, plus d’un an de bénéfices, pour des transactions en dollars passées dans des pays dont les Etats-Unis organisaient le boycott. Un racket, comme on le dit même dans les Echos.

Washington partial, injuste et excessif
 
Soyons clair : que la filiale étasunienne de BNP Paribas soit sanctionnée pour ne pas avoir respectée les lois du pays où elle opère me semble tout à fait normal. Une entreprise qui fait des affaires dans un pays a le devoir de respecter la loi de ce pays, et c’est bien normal. Cependant, ici, ce n’est pas de ce dont il s’agit. Déjà, il faut rappeler que BNP Paribas n’a réalisé en 2013 qu’un chiffre d’affaire (le PNB) de 2,2 milliards d’euros dans la banque de détail chez l’oncle Sam et on peut en déduire que son bénéfice se compte en quelques centaines de millions… Du coup, le montant de l’amende est totalement excessif par rapport à l’activité générée aux USA par la banque française. Et soit dit en passant, payer 9 milliards d’amendes pour 30 milliards de transactions semble aussi bien excessif.
 
Quelle que soit la manière de voir les choses, le montant de l’amende apparaît totalement excessif. Et cela est d’autant plus vrai qu’à aucun moment il n’a été évoqué quelle part de ces transactions a été réalisée sur le sol étasunien. Car si cette part là ne respecte pas la loi (et peut donc être sanctionnée), en revanche toutes les transactions qui n’ont pas été faites par la filiale étasunienne de BNP Paribas ou aux Etats-Unis ne doivent pas être sanctionnée, la loi étasunienne ne s’appliquant que sur leur territoire. Or il y a fort à parier que l’essentiel (si ce n’est la totalité) des transactions incriminées n’ont pas été faites sur le sol de l’Oncle Sam. Dès lors, d’un point de vue du droit, les sanctions sont totalement illégitimes. Les lois d’un pays ne pouvant simplement pas s’appliquer sur les entreprises d’un autre pays.
 
Refuser l’impérialisme étasunien

Mais il faut dire que le respect du droit n’est pas le fort des Etats-Unis, qui croient beaucoup plus à la raison du plus fort. On en voit encore les conséquences dramatiques en Irak… C’est ainsi que la simple alliance de PSA avec General Motors (avec une prise de participation de 7% seulement), avait imposé au constructeur français de renoncer à vendre plus de 457 000 voitures par an en Iran (13% de ses ventes), ce qui ne lui a pas fait de bien... Pire, jamais soucieux de contradictions, l’Oncle Sam laisse ses constructeurs préparer leur retour dans le pays honni, ce qui démontre une fois de plus le caractère abitraire et impéraliste de l’injonction faite à PSA, que Washington espérait peut-être faire tomber dans l’escarcelle de GM, un peu comme cela s’est passé pour Alstom avec GE, malgré les annonces du gouvernement.

Bref, il est assez effarant à quel point les Etats-Unis semblent faire ce qu’ils souhaitent sur notre territoire, se contentant de céder sur quelques points pour emporter la mise, comme a pu le voir pour Alstom. La logique impéraliste est toujours à l’œuvre et il est proprement incroyable que les dirigeants politiques des grands partis ne la dénoncent pas vivement. Tous ces épisodes devraient amener notre pays (qui n’aurait jamais du réintégrer le commandement militaire de l’OTAN) à signifier clairement aux Etats-Unis que nous n’acceptons plus de tels comportements, en les frappant là où cela les touche, à savoir l’argent. La France devrait réagir à cette amende délirante par des mesures de rétorsion au moins équivalentes.
 
Merci aux Echos d’avoir publié un point de vue qui dénonce le « racket  » des Etats-Unis dans l’affaire BNP Paribas. Car c’est bien ce dont il s’agit et il est effarant de constater à quel point nos dirigeants sont couchés ici, comme dans l’affaire Alstom, où ils ont fanfaronné pour ce qui est en réalité un marché de dupes.

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