9 mythes russophobes IIe GM. Partie II

par Jacobin
vendredi 24 juin 2016

Neuf mythes russophobes sur la IIe Guerre Mondiale. (Partie II )

En cet anniversaire de l’Opération Barbarossa, suite des mythes russophobes.

Mythe n°3 : C’est grâce aux convois alliés de l’Arctique que les Russes ont arrêté les Allemands

Mythe n°4 : Les Russes pouvaient reculer indéfiniment

Mythe n°5 : Les généraux Russes étaient nuls et ne savaient qu’offrir la poitrine de leurs soldats

 

III c’est grâce aux convois anglo-saxons de l’Arctique que les Russes ont arrêté et vaincu les Allemands

Celui-ci est intéressant car il est relativement récent. En effet, jusqu’aux années 80, nul n’aurait osé proférer une si profonde stupidité. Mais comme, depuis une dizaine d’année, on voit un retour en force de la propagande anglo-saxonne aux relents de guerre froide la plus impertinente matinée, depuis peu par le révisionnisme pathologique le plus crétin des hystériques des confins orientaux de l’UE ainsi que celui des allumés messianiques néocons de partout, il convient de considérer et de répondre brièvement à l’inanité de ce mythe-là.

Tout d’abord, on l’a vu dans le deuxième opus de cette série, les Allemands avaient déjà perdu en Octobre 1941, n’ayant atteint aucun de leurs objectifs initiaux, ayant perdu, à la fin de l’hiver 41-42 plus d’un million et demi d’hommes(morts, blessés, prisonniers, disparus) et étant forcés à une guerre d’usure dont ils ne voulaient à aucun prix. Blessure mortelle, le reste ne fut qu’agonie et sursaut. Or, l’effort incontestable des alliés pour fournir matériels et matériaux à l’URSS par l’océan Arctique n’a commencé à être réellement significatifs qu’à mi-42. Les Russes ont été totalement seuls aux pires moments de 41 et les quelques petits convois de cette année-là, en plus d’être tardifs, furent plus symboliques que réellement effectifs dans l’effort de guerre, sans parler même d’être décisifs. Une petite vingtaine de cargos de 5000 tonnes chaque ne pouvaient avoir qu’un effet infime dans l’affrontement colossal en cours. A mi-42, les Allemands, définitivement bloqués devant Moscou et Léningrad, n’ont réussi qu’une ultime percée sans lendemain au sud vers les champs de pétrole du Caucase et n’ont avancé que de trois cent kilomètres à l’est avant d’être bloqués à Stalingrad et de perdre toute leur sixième armée et 600 000 hommes des troupes non germaniques de l’Axe, Roumains, Hongrois et surtout Italiens. La fourniture par l’Arctique a vraiment donné à plein à partir de 43 et si les Russes ne pouvaient pas se permettre de dédaigner ce qui représentait tout de même presque 10% de leur équipement, essentiellement sous forme de camions et voitures, à aucun moment, l’effort allié n’a été en mesure de se comparer aux plus de cent milles canons, cent mille chars, dizaines de milliers d’avions, d’armes individuels, les millions de tonnes de munitions les centaines de millions de tonne de matière premières produites par l’URSS elle-même. Prétendre que ce sont les livraisons alliés qui ont brisé la machine de guerre nazi est si surréaliste qu’on se demande même comment on peut en arriver à être obligé d’argumenter là-dessus.

 

IV Les Russes pouvaient reculer indéfiniment.

Là encore, un mythe qui perdure, et qui perdure par simple méconnaissance géographique. Les Allemands auraient eu des distances énormes à franchir, et il suffisait que les Russes reculent en attendant l’hiver. Ils pouvaient reculer indéfiniment. Regardez quoi, 1600 km de Berlin à Moscou.

Sauf que.

Sauf que ce n’est pas la distance de capitale à capitale qui compte. C’est le départ de la ligne de front, aux confins de l’actuelle Lithuanien au Nord, presque à la frontière Biélorusse pour l’attaque sur Moscou, et sur la frontière orientale de la Roumanie pour le front sud. Or, au nord, sur le front de Léningrad, la distance d’arrêt définitif des Allemands fut de 700km. Sur le Front de Moscou de 900 km et à peu près autant sur le front d’Ukraine au sud. Les Russes n’ont pas reculé de 2000 km.

Et au-delà, il faut considérer le timing de Barbarossa. Loin d’être une poussée continue, inexorable de juin 41 à fin octobre, il y eu trois phases. La première, vraie guerre éclair, magistrale, dura, encore moins qu’en Pologne et en France, à peine trois semaines. Dans ces laps de temps, du 22 juin au 9 juillet, la Wehrmacht détruisit des millions d’homme, des armées entières et avança comme dans du beurre de 400 km au nord et au centre, tout en se limitant à 100km au sud. Et là, comme en France, ils crurent la partie gagnée. Dans l’histoire de l’humanité, nulle nation n’avait jamais pu poursuivre le combat après de telles pertes encore jamais vues de mémoire d’homme. Mais là, à partir du neuf juillet jusqu’au 1er septembre, en deux mois, les Allemands n’avancent plus que de 150 km au nord même s’ils s’enfoncent comme dans du beurre dans ce qui est la partie ouest de l’Ukraine. Deux mois à découvrir l’opiniâtreté du soldat Russe qui meure plutôt que de se rendre. Deux mois à comprendre enfin ce que disait Murat en 1812, que ce fantassin Russe, on était obligé de le tuer deux fois. Deux mois à commencer à gouter la technologie Russe et à apprendre à subir des pertes énormes à son tour.

Au premier septembre, la horde nazi n’est plus qu’à 300 km de Moscou. Et ni septembre, ni octobre, ni novembre ne lui permettront d’atteindre ses objectifs.

Si on compare les distances, c’est un peu comme si les alliés, en mai 40 avaient bloqué les Allemands quelque part entre Paris et la Loire vers le 1er juin, puis, leur avaient fait payer horriblement cher une poussée de deux mois jusqu’à la Garonne où les troupes n’auraient plus reculé, alimentées en homme et en arme par les ressources immenses des deux empires Français et Britanniques, adossés à la puissance industrielle américaine. Voilà le niveau de la performance Russe.

Comme lors du rétablissement miraculeux et insensé des Français sur la Marne en 1914, ce ne fut pas une histoire de génie d’état-major ou de suprématie logistique, ce ne fut ni une histoire de généraux ni de politiciens. Ce ne fut pas une question de distance ou de rigueur saisonnière. Ce fut la victoire de millions de citoyens-soldats qui luttèrent, pied à pied, au prix de souffrances inouïes, pour leur survie contre un ennemi monstrueux, parmi les plus répugnants de l’Histoire humaine. 

Est-ce cet héroïsme que nous n’avons pas eu que nous ne pouvons leur pardonner, nous forçant à chercher tous les prétextes pour le dévaloriser avec la mauvaise foi typique du vaincu ?

 

V Les généraux Russes étaient nuls et ne savaient qu’offrir la poitrine de leurs soldats.

Dans les premiers mois de la guerre, c’était vrai. C’était d’autant plus vrai qu’une fantastique opération de « magie-noire » des services secrets Allemands avait réussi le prodige d’intoxiquer Staline et de lui faire exécuter pour « trahison » , 95% des officiers généraux et 80% des officiers supérieurs de l’Armée Rouge en 1938. . Et manipuler des brigades, des divisions, des corps ou des armées de milliers, de dizaines, de centaines de milliers d’hommes, sur des distances importantes en combinant des armes aussi complexes et avides de logistique que l’artillerie, les blindés et l’aviation, ne s’improvise pas facilement. Ce corps d’officiers était donc globalement, notoirement incompétent au moment du premier choc. Ces chefs incompétents, totalement débordés par leur tâche et menacés du peloton au moindre soupçon de trahison, n’avaient qu’une seule ressource, profondément stupide, profondément meurtrière, qu’on savait totalement absurde dés 1914, celle de faire charger leurs hommes bêtement face à la puissance de feu moderne. Les dégâts furent cataclysmiques.

Cependant, très rapidement, d’excellents généraux, et Joukov en particulier, s’élevèrent contre cette stupidité criminelle et l’état major en vint même, dés 42, à menacer du poteau les officiers lançant leurs troupes à l’assaut sans préparation d’artillerie, support aérien et blindé. Au fur et à mesure que se révélaient des officiers de valeur, ce genre d’anachronisme mortifère diminua sensiblement puis finit par disparaître. D’ailleurs, le rapport des pertes au combat Allemand-Russe s’équilibre en 43 et devient favorable aux Russes en 44. Comme souvent, c’est la première année de guerre qui fut la plus meurtrière. Ce fut le cas pour les Français en 14 quand la première année de combat, celle de Joffre, totalisa autant de perte que les 3 autres années de guerre. Là aussi, beaucoup de généraux et officiers supérieurs, pourtant dûment brevetés, se montrèrent totalement dépassés. Ce fut aussi le cas des troupes Américaines inexpérimentées en Normandie qui, en deux mois de combat, comptèrent la moitié de leurs pertes totales sur le front européen avec pourtant, une suprématie aérienne totale et contre des combattants Allemands démoralisés et loin d’être les meilleurs de la Wehrmacht.

Durant, cette guerre, on a eu aussi l’exemple de charges profondément stupides et suicidaires chez les Japonais. Là aussi, la profonde incompétence d’officiers eu une part prépondérante. Mais curieusement, l’inconscient collectif occidental ne montre nul mépris, nulle arrogance face à cette stupidité barbare mais au contraire, la magnifie d’une mystique quasi romantique.

Les Russes eurent, eux aussi, leurs grands généraux, Timochenko,Tchouïkov, Meretskov Petrov,Rokossovsky, Joukov étant le plus illustre d’entre eux. Mais il est vrai qu’on a peut-être du mal à reconnaître le génie militaire d’un ancien ajusteur, cavalier rustique, autodidacte, monté « par le poignet » et qui dés 1939 infligea un déroute décisives aux Japonais sur la frontière Mongole.


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